Le pays des grottes sacrées
aux
yeux rieurs lui plaisait beaucoup. Les Mamutoï avaient appris à aimer Ayla et
Jondalar pendant l’hiver qu’ils avaient passé au Camp du Lion et ils avaient
tous conscience du problème sentimental des trois jeunes gens.
Nezzie en particulier avait noué
des liens très forts avec Ayla en raison de la tendresse et de la compréhension
que celle-ci montrait à l’enfant différent que Nezzie avait adopté, un être
faible physiquement, incapable de parler. Ayla avait soigné son cœur malade et
lui avait rendu la vie moins difficile. Elle avait aussi appris à Rydag la
langue des signes du Clan, et la facilité et la vitesse avec lesquelles il
l’avait acquise avaient fait comprendre à Ayla qu’il gardait dans son esprit des
souvenirs du Clan. Elle avait enseigné à tout le Camp du Lion une forme plus
simple de cette langue sans mots afin que Rydag puisse communiquer avec eux, ce
qui avait comblé Nezzie de joie. Ayla s’était rapidement mise à aimer Rydag,
non seulement parce qu’il lui rappelait son propre fils, qu’elle avait dû
abandonner, mais plus encore pour ce qu’il était, même si, finalement, elle
n’avait pas réussi à le sauver.
Lorsque Ayla avait décidé de
suivre Jondalar au lieu de rester pour s’unir à Ranec, Nezzie, bien que sachant
le chagrin que ce départ causerait au neveu qu’elle avait élevé, avait offert à
la jeune femme les magnifiques habits qui avaient été faits pour elle et lui
avait dit de les porter quand elle s’unirait à Jondalar. Ayla ne s’était pas
vraiment rendu compte de la richesse et du statut que cette tenue matrimoniale
impliquait mais Nezzie en connaissait la valeur, ainsi que le Mamut, le
perspicace vieux chef spirituel. À son port et à ses manières, ils avaient
deviné que Jondalar jouissait d’un statut élevé parmi les siens et qu’Ayla
aurait besoin de quelque chose qui ferait aussi impression quand elle vivrait
là-bas.
Si Ayla ne saisissait pas tout à
fait le statut que cette tenue représentait, elle comprenait la qualité du
travail qu’elle avait exigée. La tunique et les jambières étaient en peau de
cerf et d’antilope saïga et avaient une couleur jaune doré presque assortie à
celle de ses cheveux. On l’avait obtenue en partie avec le type de bois utilisé
pour fumer les peaux, en partie avec le mélange d’ocres jaune et rouge qu’on
leur avait appliqué. Il avait fallu longuement les gratter pour les rendre
souples mais, au lieu de leur donner le fini velouté de la peau de daim, on
avait poli le cuir, on l’avait frotté avec de l’ocre mêlée de graisse en
utilisant un outil en ivoire qui compactait la peau, lui donnait un lustre
éclatant et la rendait quasiment imperméable.
La longue tunique, assemblée par
de fines coutures, tombait en formant derrière un triangle pointant vers le
bas. Elle s’ouvrait devant et sous les hanches, les pans s’évasaient, de sorte
qu’en les rapprochant on obtenait un autre triangle pointe en bas. Les hautes
jambières étaient ajustées, sauf aux chevilles, où on pouvait les retrousser
légèrement ou les passer sous le talon selon les chausses qu’on avait choisi de
porter. Mais l’excellence du matériau servait uniquement de base à ce vêtement
exceptionnel. La décoration qu’on y avait ajoutée en faisait une création d’une
beauté et d’une valeur rares.
La tunique et la partie
inférieure des jambières étaient couvertes de motifs géométriques faits
essentiellement de perles d’ivoire, certains vides, d’autres pleins, rehaussés
par des broderies de couleur. Cela commençait par des triangles pointe en bas
qui horizontalement devenaient des zigzags et verticalement prenaient la forme
de losanges et de chevrons puis se transformaient en figures complexes telles
que des spirales aux angles droits et des rhomboïdes concentriques. Les perles
d’ivoire étaient mises en valeur par des perles d’ambre, parfois plus claires,
parfois plus sombres que le cuir mais de la même couleur. Plus de cinq mille
perles d’ivoire taillées dans une défense de mammouth, puis polies et percées à
la main, étaient cousues sur le vêtement.
Une ceinture tressée aux dessins
géométriques semblables fermait la tunique à la taille. Comme les broderies,
elle était faite de fibres dont la couleur naturelle se passait de
teinture : poils de mammouth laineux d’un roux profond, laine de mouflon
ivoire, duvet brun de bœuf musqué et longs poils de
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