Le pays des grottes sacrées
compagnon et quelques autres bavardaient, attendit une pause dans la
conversation pour demander à Jondalar :
— Tu restes pour écouter le
conte suivant ?
— Qu’est-ce que tu veux
faire, toi ?
— Je commence à être lasse,
et Levela aussi. Nous rentrerons après avoir mangé un peu.
— Ça me va. Nous reviendrons
voir les conteurs une autre fois. Jondecam vient aussi ?
— Je viens ! leur
lança-t-il en se dirigeant vers eux. Où que vous alliez, je vous suis.
Ils quittèrent tous les quatre le
camp des conteurs itinérants et gagnèrent l’endroit où on avait rassemblé les
reliefs du festin. Tout était froid mais les tranches de venaison, bison et
autres, même froides, étaient encore savoureuses. Des racines comestibles
globulaires trempaient dans un bouillon auquel une fine couche de gras figé sur
la surface ajoutait du goût. Le gras était relativement rare chez les animaux
courant en liberté, et recherché : il était nécessaire pour survivre. Ils
découvrirent, caché derrière des plats en os vides, un bol en fibre tressée
contenant encore des baies rondes de couleur bleue, airelles et myrtilles,
mêlées de busseroles et de groseilles, qu’ils se partagèrent avec plaisir. Ayla
dénicha même deux os pour Loup.
Elle lui en donna un qu’il porta
dans sa gueule jusqu’à ce qu’il trouve un endroit confortable où s’installer
pour le ronger, près de sa meute. Ayla enveloppa l’autre – sur lequel
il restait plus de viande – dans de larges feuilles dont on avait
bordé un plat pour mieux présenter les mets. Puis elle le fourra dans la besace
qu’elle utilisait pour porter notamment des affaires de Jonayla : un
morceau de cuir brut que le bébé aimait mâchonner, des fibres douces et
absorbantes comme de la laine de mouton qu’elle fourrait dans le vêtement de
l’enfant, un bonnet et une couverture supplémentaires. Elle y mettait également
son sac à feu – amadou et silex –, ses plats personnels et son
couteau à manger. Ils s’installèrent sur des troncs d’arbres recouverts de
coussins, manifestement traînés là pour qui voudrait s’asseoir.
— Je me demande s’il reste
du vin de ma mère, dit Jondalar.
— Regardons, suggéra
Jondecam.
Les convives n’en avaient pas
laissé une goutte, mais Laramar s’empressa autour d’eux avec une outre de
barma. Il remplit les coupes personnelles des deux hommes, les deux femmes
déclarant qu’elles se contenteraient d’une gorgée prise à leur compagnon. Ayla
ne tenait pas à bavarder longtemps avec le personnage. Au bout de quelques
minutes, ils retournèrent aux troncs d’arbres disposés autour des reliefs du
repas. Quand ils eurent terminé, ils gagnèrent d’un pas lent l’abri de Proleva,
au camp de la Troisième Caverne.
— Vous rentrez tôt,
remarqua-t-elle après avoir pressé sa joue contre la leur. Avez-vous vu
Joharran ?
— Non, répondit Levela. Nous
n’avons écouté qu’un seul conte. C’était plus ou moins l’histoire d’Ayla.
— De Loup, plutôt, corrigea
Jondalar. Un garçon changé en loup qui aimait une femme.
— Jonayla dort, vous voulez
boire une tisane ? proposa Proleva.
— Non, nous allons rentrer,
répondit Ayla.
— Toi aussi ? dit
Velima à Levela. Nous n’avons pas eu le temps de causer. Je veux que tu me
dises comment se passe ta grossesse, comment tu te sens.
— Dormez donc ici cette
nuit, dit Proleva, il y a de la place pour vous quatre. Et Jaradal serait ravi
de voir Loup en se réveillant.
Levela et Jondecam acceptèrent.
Le camp de la Deuxième Caverne était proche. L’idée de passer un moment avec sa
mère et sa sœur plaisait à Levela et Jondecam n’y voyait pas d’inconvénient.
Ayla et Jondalar se regardèrent.
— Il faut vraiment que
j’aille voir les chevaux, dit-elle. Nous sommes partis tôt et je ne sais pas si
quelqu’un est resté au camp. Je veux simplement vérifier que tout va bien,
surtout pour Grise. Elle pourrait tenter un chasseur à quatre pattes, même si
Whinney et Rapide sont là pour la protéger. Je préfère rentrer.
— Je comprends. Elle est un
peu comme ton bébé.
Ayla hocha la tête et sourit.
— Justement, il est où, mon
bébé ?
— Jonayla dort avec Sethona.
C’est bête de la réveiller, vous êtes sûrs que vous ne voulez pas rester ?
— Ce serait avec plaisir,
répondit Jondalar, mais le problème, quand on a des chevaux pour amis, c’est
qu’on se sent
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