Le pays des grottes sacrées
pouvoir aller et venir après la frayeur qu’ils ont
éprouvée. Je pense qu’ils resteront près de nous à moins que quelque chose ne
leur fasse de nouveau peur, et nous l’entendrions. Je laisserai Loup dehors
pour les protéger, au moins cette nuit.
Elle s’approcha de l’animal et se
pencha.
— Tu restes là pour garder
Whinney, Rapide et Grise, dit-elle. Rester et garder.
Elle n’était pas sûre qu’il ait
saisi mais quand il s’assit sur son train arrière et regarda les chevaux elle
pensa que c’était probablement le cas. Elle prit l’os qu’elle avait emporté
pour lui et le lui donna.
Dans la hutte, le petit feu
s’était éteint depuis longtemps et ils en allumèrent un autre. Ayla remarqua
alors que Jonayla ne s’était pas seulement vidée de son eau. Elle étala un
petit tas de fibres de jonc absorbantes et posa dessus le derrière nu de
l’enfant.
— Jondalar, tu veux bien
m’apporter ce qui reste d’eau pour que je nettoie Jonayla ? Ensuite tu
iras remplir les deux outres, la grosse et la petite.
— Elle empeste, cette
coquine, dit son compagnon avec un sourire plein d’amour.
Il alla chercha le bol en osier
qui servait à contenir des saletés diverses. On avait inséré sous le bord une
cordelette teinte d’ocre rouge afin qu’on ne l’utilise pas par inadvertance
pour boire de l’eau. Il l’apporta à Ayla et y mit l’eau qui restait dans la
grosse outre presque vide, prit ensuite la petite, faite avec l’estomac d’un
bouquetin, celui-là même qui avait fourni la peau pour la couverture à porter
de Jonayla et le rideau de l’entrée. Il saisit une des torches entreposées dans
la hutte, l’alluma au feu et sortit avec les deux outres.
Lorsqu’il revint, le bol rempli
d’eau sale se trouvait à côté du panier de nuit près de la porte et Ayla
donnait de nouveau le sein au bébé dans l’espoir de l’endormir.
— Je suppose que je dois
aussi vider le bol et le panier de nuit, pendant que j’y suis, dit-il en
plantant la torche allumée dans le sol.
— Si tu veux bien mais fais
vite, répondit Ayla en lui adressant un sourire à la fois langoureux et mutin.
Elle est presque endormie.
Jondalar sentit aussitôt une
chaleur dans ses reins et lui rendit son sourire. Il accrocha la grosse outre à
l’endroit habituel, une cheville fichée dans un des poteaux de la hutte, déposa
l’autre près de l’endroit où ils dormaient.
— Tu as soif ?
demanda-t-il en la regardant allaiter le bébé.
— Je veux bien un peu d’eau.
J’avais envie de faire une infusion, mais ça attendra.
Jondalar lui donna à boire puis
retourna à la porte. Il versa le contenu du bol dans le panier de nuit, reprit
la torche et ressortit. Il vida le panier malodorant dans une des fosses
servant de latrines. Se débarrasser des excréments était une corvée que
personne n’aimait. Il alla ensuite à la rivière, descendit un moment la berge
pour s’éloigner de l’endroit choisi comme point d’eau. Il rinça le bol et le
panier puis, avec une omoplate d’animal au bord aminci servant de pelle et
laissée là à cette fin, il remplit à moitié le panier de terre. Avec du sable
propre pris sur la rive il se frotta soigneusement les mains. Enfin, reprenant
la torche, le panier et le bol, il retourna à la hutte.
Il rangea le panier à sa place
habituelle, posa le bol à côté et glissa la torche allumée dans un support
installé près de l’entrée.
— C’est fait, dit-il en
souriant à Ayla, qui tenait encore le bébé dans ses bras.
Il enleva d’un coup de pied les
sandales en herbe tressée qu’il portait généralement l’été, s’assit à côté de
sa compagne et s’appuya sur un coude.
— La prochaine fois, ce sera
le tour de quelqu’un d’autre, promit-elle.
— L’eau était froide.
Elle lui prit les mains et
répondit :
— Tes mains le sont aussi.
Je vais devoir les réchauffer, ajouta-t-elle d’un ton suggestif.
Il la regarda au fond des yeux,
ses pupilles dilatées par l’obscurité de la hutte et le désir.
12
Jondalar aimait regarder Jonayla,
qu’elle tète sa mère, qu’elle joue avec ses pieds ou qu’elle mette des choses
dans sa bouche. Il aimait même la regarder quand elle dormait. Cette fois, elle
tentait de résister au sommeil. Elle commençait à lâcher le mamelon d’Ayla, le
reprenait pour aspirer quelques goulées encore, le gardait un moment et le
lâchait de nouveau. Au bout d’un
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