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Le petit homme de l'Opéra

Le petit homme de l'Opéra

Titel: Le petit homme de l'Opéra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Claude Izner
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résonna violemment. Victor remercia le ciel que la librairie fût vide.
    — Y a le feu ? bêla Mélie à l'étage.
    Quelques minutes plus tard apparaissait Joseph, les yeux écarquillés.
    — Est-ce bien Kenji qui longeait l'École des ponts et chaussées en soliloquant ?
    — Il nous soupçonne, de nous être embarqués dans une nouvelle affaire. À ce propos, avant que des clients ne nous dérangent, je dois vous conter ma mésaventure.
    Il résuma l'équipée à la source de Passy et l'agression subie par Lambert Pagès et lui-même.
    — Il y a là une série d'actes illogiques, et ça me chiffonne. Quelqu'un s'efforce de tuer Pagès à l'aide d'un cochon empoisonné. Puis nous tombons dans un guet-apens, le cochon se volatilise – peut-être était-ce un gâteau inoffensif, de même que celui que Tasha s'apprêtait à manger ? Toujours est-il que Pagès a été balafré au cou, sans doute avec ceci.
    Il sortit de sa poche le petit paquet et défit le papier. — Selon vous, qu'est-ce que c'est ?
    — Ça ressemble à la réclame que m'a montrée le neveu d'Anicet Broussard, le quincaillier. On dirait une de ces lames dont est pourvu le rasoir de King Camp Gillette, une innovation qui vient d'Amérique.
    — Le mieux, c'est de s'en assurer dès aujourd'hui. Foncez rue de la Voûte, je garde la librairie.
    — Et si ce pithécanthrope essaie de me taillader ? — Vous ? Impossible, vous êtes le roi de l'esquive, Émile Gaboriau et Conan Doyle sont vos maîtres !
    — Jamais leurs héros n'ont été menacés de rasoirs ni de cochons mortels.
    — Votre créativité aura une longueur d'avance sur la leur. Dès que je serai dépêtré de la comtesse de Salignac, je ferme et je rentre me coucher, j'ai la tête en feu. Surtout ne téléphonez pas chez moi, on se voit demain.
     
    Melchior allait se faufiler sous la loge du concierge lorsqu'une main se posa sur son épaule. Il tressauta comme si on l'avait mordu. Cette grande poupée russe, que diable l'effrayait-elle ainsi ! Dommage qu'elle n'eût pas succombé le soir de la représentation de Coppélia ...
    — Mon petit Melchior, j'ai un service à vous demander, venez par ici.
    Elle l'attira à l'extérieur et s'accroupit pour être à sa hauteur. La sucrée ! Elle était plus rouée qu'un matou.
    — C'est au sujet d'Amédée Rozel. Il est d'un tempérament jaloux. Il est aussi la proie d'hallucinations. Il en est arrivé à se convaincre que j'ai eu des faiblesses envers plusieurs hommes, Tony Arcouet, Joachim Blandin, tous deux hélas disparus, et maintenant Anicet Broussard.
    —En quoi cela me concerne-t-il ?
    — Ce serait tellement gentil de votre part si vous lui certifiiez que je ne vis que pour mon art, que je rêve de danser encore, ce qui est la pure vérité, et que jamais je ne me suis fourvoyée dans des sentiers de traverse, enfin, vous me suivez ...
    — Pas du tout.
    Exaspérée, elle se releva.
    —Ne vous faites pas plus stupide que vous n'êtes. Je vous ai percé à jour depuis longtemps, vous êtes le véritable gardien de l'Opéra, et non cet imbécile de Marceau. Alors si vous, qui êtes au courant des moindres amourettes des ballerines, affirmez à Rozel que je suis plus sage qu'une image, il aura confiance et il appuiera mes requêtes auprès de la direction. Sinon...
    — Un ultimatum ? À moi ? Vous osez ?
    — Je serais désolée d'être contrainte d'ébruiter certains de vos actes. Votre conduite est loin d'être irréprochable. Nous aurions intérêt, vous et moi, à nous entendre.
    Il lui décocha un regard venimeux, mais, après réflexion, opina sans émettre un son. Elle réprima un sourire de triomphe, ébaucha un geste de remerciement qu'il évita d'une volte-face.
    Il grimpa jusqu'à son refuge avec la célérité d'un lièvre traqué par une meute. Il s'assura qu'aucun espion ne le surveillait avant de pousser sa porte.
    — Cher Adonis, surtout garde le secret, je m'en vais ajouter une pièce de choix à ma collection.
    Melchior Chalumeau ouvrit le coffre « Salammbô » et y plaça un cochon de pain d'épice portant mention d'un nom en lettres roses. Satisfait, il referma le couvercle. Il examina le rafistolage grâce auquel le mannequin d'osier considérait la chambre de toute sa hauteur.
    « Satané libraire, il voulait ta mort. Une fouine ! Pénétrer ici contre mon gré ! Je te prie de l'éloigner de moi, mon Omnipotent, et de me protéger des malfaisants qui tenteraient de me chasser de ce havre de paix. »
    Il se

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