Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
Vom Netzwerk:
Carrousel, le peuple brûle les cadavres avec les débris
des devantures des boutiques brisées ou incendiées par les décharges de
mousqueterie.
     
    Qu’est devenu le roi ? Qu’a décidé l’Assemblée à son
sujet ? Suspension ou déchéance ? Robespierre veut se rendre salle du
Manège, mais il s’adresse d’abord à l’assemblée de la section des Piques :
    « Il faudra que le peuple s’arme encore une fois de sa
vengeance, dit-il. Songez que le courage et l’énergie du peuple peuvent seuls
conserver la liberté. Il est enchaîné dès qu’il s’endort, il est méprisé dès qu’il
ne se fait plus craindre, il est vaincu dès qu’il pardonne à ses ennemis avant
de les voir entièrement domptés. »
    On le désigne par acclamation comme représentant de la
section à la Commune insurrectionnelle.
    C’est là qu’est le pouvoir.
     
    Il voit, à l’Assemblée, le roi et sa famille, qui sont
encore dans la loge du logographe et qui passent leur nuit dans quelques pièces
du couvent des Feuillants.
    Les députés, à peine deux cent quatre-vingt-cinq sur les
sept cent quarante-cinq que compte l’Assemblée, ont décidé la suspension du roi,
et son internement.
    Les sans-culottes, les représentants de la Commune
insurrectionnelle ont protesté. Ils demandent la déchéance de Monsieur Veto. Ils
exigent que le roi et sa famille ne soient pas internés au palais du Luxembourg,
ou à l’hôtel du ministre de la Justice, comme l’avait décidé l’Assemblée, mais
dans le donjon du Temple, où la surveillance doit être sévère à chaque instant.
Il faut que Louis Capet, l’Autrichienne et petit Capet, ne disposent que de l’indispensable.
Point de luxe. Point de sortie. Point de visite. Il n’y a plus de roi.
     
    Et l’Assemblée s’incline devant la Commune insurrectionnelle.
Les députés votent aussi pour que soit constitué un Conseil exécutif provisoire,
et c’est Danton qui y exercera la plus forte influence, parce qu’il a recueilli
deux cent vingt-deux voix sur deux cent quatre-vingt-cinq, plus qu’aucun des
autres candidats. On sait que Danton a été l’homme de l’insurrection du 1 er août.
    « Je suis entré au Conseil exécutif par la brèche
ouverte aux Tuileries », dit-il de sa voix de stentor.
    Celui que ses ennemis appellent « le Mirabeau de la
canaille », ce franc-maçon, qui choisit comme secrétaires Fabre d’Églantine
et Camille Desmoulins, est une force physique : visage léonin, crinière
embroussaillée, mâchoire large, mains épaisses, torse et épaules musclés.
    Il aime la vie, le pouvoir, l’argent. On l’a dit agent du
duc d’Orléans, soudoyé par la Cour. Il s’est jeté dans le brasier
révolutionnaire avec toute son énergie et son talent d’avocat.
    Robespierre l’observe. Comment un homme débauché, corrompu, tonitruant,
pourrait-il être un homme vertueux ?
    Mais c’est Danton qui est au Conseil exécutif, ministre de
la Justice, lui qui joue le premier rôle, et domine Roland, ministre de l’intérieur,
que son épouse Manon inspire.
    C’est elle qui en fait dirige le bureau de l’esprit
public, qui sous l’autorité de Roland doit influencer, orienter les
journaux. Ils sont tous patriotes, puisque la censure a été établie et que les
journaux monarchistes ont été supprimés. Le journaliste Suleau a été massacré, son
confrère Du Rosoi, arrêté, a été condamné à être guillotiné. L’Assemblée a créé
un Tribunal criminel extraordinaire, sous la pression de la Commune
insurrectionnelle. Les juges qui le composent ont été élus par les sections.
    Robespierre, qui a recueilli le plus de voix, devrait en
prendre la présidence. Il hésite, puis refuse :
    « Je ne peux être le juge de ceux dont j’ai été l’adversaire,
dit-il. J’ai dû me souvenir que s’ils étaient les ennemis de la patrie, ils s’étaient
aussi déclarés les miens. »
    Les Girondins l’accusent d’hypocrisie, de vouloir en fait
rester à la Commune afin d’occuper ce lieu de pouvoir. Des affiches sont
placardées, à côté de celles qui depuis le 11 août annoncent : « Le
roi est suspendu, sa famille et lui restent otages. »
    « Robespierre, y lit-on, est un homme ardemment jaloux.
Il veut dépopulariser le maire Pétion, se mettre à sa place et parvenir au
milieu des ruines à ce tribunal, objet continuel de ses vœux insensés. »
     
    Robespierre, sans qu’un trait de son visage tressaille, lit
et relit,

Weitere Kostenlose Bücher