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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Dénonçant la politique équivoque de Dumouriez, il
prophétise : « Cent contre un que Dumouriez s’enfuira avant la fin de
mars prochain. »
    Il lui reproche d’accuser des volontaires parisiens qui ont,
à Rethel, massacré quatre émigrés français qui avaient déserté les rangs
prussiens.
    Ces volontaires commandés par l’entrepreneur Palloy – le « démolisseur
de la Bastille » – sont désarmés, conduits sous escorte à la forteresse de
Cambrai. Et la Convention approuve ces mesures.
     
    « Il y a un dessous des cartes dont il faut connaître
le fond », dit Marat à Dumouriez.
    Il rencontre le général à Paris, à une soirée donnée chez
Talma, le comédien. Marat, dans les salons de l’hôtel particulier de la rue
Chantereine, croise une « douzaine de nymphes légèrement vêtues »
dont la présence doit distraire le général et les autres invités.
    Marat, le visage crispé par un sourire méprisant, toise
Dumouriez, poursuit :
    « Qui persuadera-t-on que douze cents hommes, des
volontaires patriotes, se livreraient à des excès sans motifs ? On dit que
les prisonniers massacrés étaient des émigrés. »
    « Eh bien, Monsieur, quand ce seraient des émigrés ? »
répond Dumouriez.
    « Les émigrés sont des rebelles à la patrie, et vos
procédés envers les bataillons parisiens sont d’une violence impardonnable. »
    « Oh, vous êtes trop vif, Monsieur Marat, pour que je
parle avec vous », dit Dumouriez en s’éloignant.
    Marat voit les sourires, entend les ricanements des invités.
    L’un d’eux – un acteur – fait le tour de la salle avec une
cassolette de parfums et « purifie » les endroits où Marat est passé.
    Et la fête reprend.
     
    Marat est persuadé qu’une « machination secrète est
tramée par Dumouriez et la clique girondine ».
    Le massacre des quatre déserteurs émigrés par des
volontaires parisiens n’est que l’un des engrenages du « complot »
qui vise à isoler, à déconsidérer les sans-culottes parisiens, qui sont la « pique »
de la Révolution.
    D’un côté, on fait adopter, voter par la Convention, un
décret qui indique que les émigrés capturés les armes à la main sont hors la
loi, et doivent être exécutés dans les vingt-quatre heures.
    Et de l’autre, on désarme le bataillon de volontaires qui a
fait justice de quatre émigrés qui avaient combattu aux côtés des Prussiens !
    Double jeu à nouveau ! s’écrie Marat.
    Il dénonce la volonté de la majorité de créer une garde
fédérale pour la Convention, composée de fédérés qui dans les départements
seront « triés » par les Girondins. Et les premiers arrivés ont déjà
manifesté en criant qu’il fallait mettre les têtes de Marat, de Danton et de
Robespierre au bout d’une pique. Et on a même entendu scander : « Pas
de procès au roi. »
    Voilà le complot qui veut étrangler la République !
     
    Marat tente de se faire entendre.
    Il demande la parole, mais lorsqu’il monte à la tribune de
la Convention, on l’insulte. On dénonce « cet agitateur dont le nom seul
fait frémir d’horreur ».
    Marat est un « porc-épic » qu’on ne peut pas
seulement toucher des doigts.
    « S’il parle à cette tribune, il faut qu’après lui elle
soit purifiée ! »
    Il se défend, il crie : « Voulez-vous m’égorger ?
Égorgez-moi ! »
    Mais il doit quitter la Convention, se terrer chez lui. Les
nouveaux fédérés défilent devant sa demeure, menacent de l’incendier, et d’envoyer
Marat à la guillotine.
     
    Tout le monde l’accable.
    Danton, pourtant attaqué sans cesse par des Girondins, qui
exigent qu’il rende des comptes et l’accusent d’avoir dilapidé à son profit les
centaines de milliers de livres qui lui ont été versées quand il était ministre,
déclare :
    « Je n’aime pas l’individu Marat. Je dis avec franchise
que j’ai fait l’expérience de son tempérament : non seulement il est
volcanique et acariâtre mais insociable. Après un tel aveu qu’il me soit permis
de dire que moi aussi je suis sans parti et sans faction. »
    Il n’y a que Camille Desmoulins qui ose murmurer lorsque
Marat passe près de lui, en descendant de la tribune de la Convention : « Pauvre
Marat, tu es de deux siècles au-delà du tien ! »
    C’est donc aussi le temps des haines en ces mois d’octobre
et de novembre 1792.
    Danton démissionne de son poste de ministre. Il tente de
prêcher la

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