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Le Peuple et le Roi

Le Peuple et le Roi

Titel: Le Peuple et le Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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pourquoi tant de femmes à la suite de
Robespierre ? C’est un prêtre qui a des dévotes, mais il est évident que
toute sa puissance est en quenouille ! »
    Et tous les journaux girondins reprennent, martèlent cette
idée : « Robespierre est un prêtre et ne sera jamais que cela. »
     
    Maximilien monte à la tribune les 28 octobre et 5 novembre
1792. Il répond d’une voix énergique qui parfois se brise, comme si les forces
lui manquaient, puis s’aiguise, tranchante.
    On l’accuse de marcher à la dictature ?
    « Nous n’avons ni armée, ni trésor, ni place, ni parti !
Nous sommes intraitables comme la vérité, inflexibles, uniformes, j’ai presque
dit insupportables comme les principes ! »
    On l’accuse d’avoir provoqué, soutenu des actes illégaux.
    « Que nous reprochez-vous ? D’avoir désarmé les
citoyens suspects ? Toutes ces choses étaient illégales, aussi illégales
que la Révolution, que la chute du trône et de la Bastille, aussi illégales que
la liberté elle-même ! Citoyens, vouliez-vous une révolution sans la
Révolution ? »
    Et il en appelle à la « réconciliation », à
ensevelir les accusations dans un « éternel oubli ».
    « Je renonce à la juste vengeance que j’aurais droit de
poursuivre contre mes calomniateurs. »
    Les députés du Marais l’applaudissent.
    Ils s’éloignent des Girondins sans encore rejoindre la
Montagne. Mais le soir du 6 novembre aux Jacobins, on acclame Maximilien. On
porte des torches. On défile. On chante le Ça ira , La Marseillaise , La Carmagnole .
    Triomphe ! Mais Robespierre est épuisé, et la maladie, fatigue
et tension nerveuse suivie d’abattement, de dépression, le terrasse, jusqu’à la
fin du mois de novembre.
     
    Il ne pourra célébrer la victoire que, le 6 novembre, les
armées de Dumouriez viennent de remporter à Jemmapes, dans une attaque frontale
contre les troupes prussiennes.
    L’élan patriotique des bataillons criant « Vive la
nation ! » a bousculé les troupes du duc de Brunswick.
    Et les soldats de Dumouriez marchent vers Bruxelles, Liège, Anvers.
    C’est la panique chez les émigrés qui refluent en désordre, cependant
que les députés belges proclament la déchéance de la maison d’Autriche, et
envoient des délégués à Paris, plaider la cause de l’indépendance.
    Dumouriez est acclamé.
    On le célèbre dans les salons de Manon Roland et de Julie
Talma où l’on croise nombre d’officiers, dont ce général Alexandre de Beauhamais,
chef d’état-major de l’armée du Rhin.
    Bien plus qu’après Valmy, Jemmapes et l’occupation de la
Belgique font naître un sentiment d’euphorie et d’enthousiasme à la Convention.
    Les députés approuvent par acclamation une déclaration qui
devra être traduite dans toutes les langues :
    « La Convention nationale déclare au nom de la nation
française qu’elle accordera fraternité et secours à tous les peuples qui
voudront recouvrer leur liberté. »
     
    Mais il y a une condition nécessaire à cette liberté et au
bonheur. Tous les peuples et d’abord le français doivent la connaître.
    On la rappelle dans Les Révolutions de Paris.
    « Voulez-vous guérir les maux ? Voulez-vous enfin
prendre une marche certaine ? Voulez-vous être justes ?
    « Remontez toujours à la source !
    « Jugez Louis XVI d’après ses crimes, rendez justice en
sa personne à la nation entière outragée par lui, jugez son exécrable épouse
dont les vices et les forfaits effraient l’imagination la plus exercée à
scruter le cœur des tyrans !
    « Législateurs !
    « Apprenez aux Français que vous voulez leur bonheur !
    « Apprenez aux nations de l’Europe qu’elles ne jouiront
de ce même bonheur qu’au même prix !
    « Proscrivez selon le mode de la justice et de la
prudence humaine les restes de cette race perfide !
    « Qu’ils disparaissent tous et à jamais d’une terre
libre !
    « Brutus ne laissera dans Rome aucun allié, parent ou
ami des Tarquins ! »

36
    En ces premiers jours de novembre 1792, les journaux et la
minorité de citoyens qui les lisent ou se réunissent dans les sections s’interrogent :
    Faut-il imiter les Romains qui ont chassé le roi Tarquin, et
se contenter de proscrire loin de la République le ci-devant Louis XVI ?
    Le chasser, ou le juger ?
     
    On dit qu’il vit paisiblement dans sa prison du Temple.
    Il loge désormais dans la grande tour, et on lui a retiré –

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