Le Peuple et le Roi
du roi, Les Actes des
apôtres, le talent de l’un de leurs journalistes, Rivarol, la violence de
leurs propos exaspèrent les « patriotes ».
« Les aristocrates ne paraissent point battus, comme
après le 14 juillet, on croit qu’il se trame encore quelque infamie », note
Madame Roland, épouse patriote d’un inspecteur général du commerce et des
manufactures, qui tient salon patriotique.
On a arrêté un fermier général, Augeard, proche de la reine,
accusé d’avoir préparé la fuite du roi, à Metz. On s’est scandalisé de son
acquittement comme de celui du général Besenval.
Dans les provinces on signale des attroupements d’« aristocrates »,
les protestations des membres des parlements, du haut clergé.
« La guerre civile est dans les cerveaux. Dieu veuille
qu’elle n’aille pas plus loin », écrit le libraire Ruault.
Et la misère et la peur de la disette accablent toujours le « bas
peuple », ces citoyens passifs qui dans les villes forment souvent
soixante pour cent de la population masculine, et qui sont exclus de la vie de
la cité, et ont le sentiment de n’être que des « machines de travail »,
ainsi que les qualifie Sieyès.
Il y a ces heurts, dans l’armée et la marine, entre les
officiers « aristocrates » et les soldats de plus en plus rétifs.
À Toulon, l’amiral d’Albert de Rioms ordonne le châtiment
des marins qui portent la cocarde tricolore, et les menace de faire tirer la
troupe contre eux. C’est l’émeute, et l’amiral sera emprisonné.
Robespierre condamne cet amiral qui a voulu « armer les
soldats contre les défenseurs de la patrie ».
Et le Conseil général de Toulon le félicite : « Continuez
bon citoyen à éclairer la nation sur ses véritables droits. Bravez l’opinion de
ces hommes vils et ignorants… »
Ainsi, en cette fin d’année 1789, des affrontements ont lieu
chaque jour.
Le 5 décembre, les bois de Vincennes et de Boulogne sont
dévastés et pillés par des paysans des villages proches de Paris qui manquent
de bois.
La répression est sévère.
Mais certains crient à l’injustice, dénoncent l’inégalité
des conditions, et Marat attise le feu, menace :
« Si les peuples ont brisé le joug de la noblesse, ils
briseront de même celui de l’opulence. Le grand point est de les éclairer, de
leur faire sentir leurs droits, de les en pénétrer et la révolution s’opérera
infailliblement sans qu’aucune puissance humaine puisse s’y opposer. »
Ces propos inquiètent les patriotes, respectueux du droit de
propriété, qui composent la majorité qui a séparé les citoyens actifs des
citoyens passifs.
Ils sont partisans de l’égalité des droits, non des fortunes.
Mais ils restent des patriotes, préoccupés des « complots aristocratiques ».
Et aux Tuileries, la reine est anxieuse. Axel Fersen chaque
fois qu’il la rencontre la met en garde sur les dangers que court la famille
royale.
Et Marie-Antoinette fait part au roi de ses craintes, de l’angoisse
qu’elle éprouve, du sentiment qu’elle a d’être ici, dans ce palais des
Tuileries, au cœur de
Paris, surveillée par le peuple comme une prisonnière.
Elle dit :
« Il faudra bien s’enfuir : on ne sait pas jusqu’où
iront les factieux ; le danger augmente de jour en jour. »
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Louis ne répond pas à Marie-Antoinette quand, déterminée
mais la voix nouée par l’émotion, elle lui parle de la nécessité de fuir ce
palais des Tuileries, qui est en effet comme une prison, et dont les « enragés
du Palais-Royal » peuvent en entraînant le peuple forcer l’entrée.
Et ce qui s’est passé à Versailles le 6 octobre montre que
cette populace ne respecte pas le caractère sacré de la famille royale.
Louis ne l’ignore pas.
Il a tremblé pour la reine et le dauphin. Il lit les
journaux, les pamphlets qui invitent à « purger » la nation, l’Assemblée,
les municipalités des « nobles et des prélats » et aussi des « plébéiens
ineptes et corrompus ». C’est Marat qui dans chaque numéro de son journal
recommande la vigilance, contre les « noirs complots qui vont former un
orage affreux ». « Déjà il gronde sur nos têtes », dit-il.
Ce Marat est devenu populaire. La municipalité de Paris l’a
poursuivi, arrêté, mais il s’est réfugié en Angleterre, et il est revenu.
Et il interpelle le roi :
« Répondez-moi, Louis XVI ! Qu’avez-vous fait pour
que le ciel
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