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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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hommes se montraient ! Ces deux hommes se hissaient dans une gondole… Et la gondole, vigoureusement poussée par l’un d’eux, s’enfuyait dans la tempête !
    Dandolo jeta un cri d’épouvante, murmura un nom et tomba à la renverse, évanoui.

    *
    * *

    Lorsqu’il revint à lui, Dandolo se vit entouré de quelques-uns de ses serviteurs qui l’avaient porté sur un lit.
    « Ne vous inquiétez pas, dit-il. C’est un simple vertige. Qu’on me laisse seul. »
    Les domestiques se hâtèrent d’obéir. Dandolo s’assit à une table, mit sa tête dans ses deux mains et murmura :
    « Que dois-je faire ?… à lui !… Que va-t-il faire !… »
    Dandolo avait reconnu Roland.
    S’il ne l’arrêtait pas, il se sentait perdu…
    Un serviteur qui entra soudain l’arracha à cette angoisse.
    « Monseigneur, dit cet homme, Son Excellence le capitaine général Altieri est là qui demande à être introduit. »
    Dandolo fit un geste. Quelques instants plus tard, Altieri était devant lui.
    « Je viens vous apprendre une nouvelle importante, dit Altieri. La voici : Roland Candiano vient de s’évader. »
    Dandolo mit toute sa science à feindre une violente surprise.
    « Evadé ! Vous êtes fou ! On ne s’évade pas des prisons de Venise.
    – Cela est pourtant ! fit Altieri de cette voix sombre qui lui était habituelle. On devait ce matin exécuter le bandit Scalabrino. Ils se sont évadés ensemble. On a constaté que Roland Candiano avait creusé une mine allant de son cachot à celui de Scalabrino. Ils se sont concertés sans doute ; en arrivant sur le Pont des Soupirs, le chef des gardes s’est aperçu que l’homme que l’on conduisait à l’échafaud n’était pas Scalabrino. En effet, c’était Roland ! Ce qui s’est passé alors est effrayant. Scalabrino est apparu soudain portant sur la tête une dalle que deux hommes ordinaires eussent eu de la peine à soulever. Avec cette dalle, profitant de la stupeur des gardes et de la terreur que leur causait la foudre tombée sur le pont, il a défoncé la fenêtre du dernier soupir. Roland est libre !… Qu’allez-vous faire ? »
    Dandolo tressaillit violemment.
    Encore cette question qui se posait devant lui !…
    Un homme était là qui la lui posait ouvertement. Quel homme ?… Altieri !… Le mari de Léonore !… Le maître de sa fille… de la fiancée de Roland Candiano !…
    « La nouvelle est si stupéfiante que, venant d’un autre que vous, elle me semblerait absurde.
    – Oui, fit Altieri d’une voix sombre. Il y a quelque chose d’absurde dans tout cela. Cela m’apprendra à jouer la générosité. Il fallait, pendant que nous tenions Roland Candiano… »
    Un geste violent acheva la pensée d’Altieri.
    « Enfin ! reprit-il. Le mal est fait. Il s’agit de le réparer. Et cela vous regarde. Faites fouiller Venise. Qu’on ferme le Lido. Qu’on surveille toute embarcation qui s’éloignera. Enfin prenez les mesures nécessaires. Car, ajouta-t-il, si je ne me trompe, c’est un duel à mort qui commence entre nous et Roland Candiano. Agissez, monsieur le Grand Inquisiteur, et agissez vite ! »
    Sur ces mots, Altieri se leva, demeura quelques instants plongé dans ses réflexions, puis, il prit congé de Dandolo.
    Celui-ci passa une heure à refréner les sentiments qui soulevaient sa pensée comme la tempête du dehors soulevait les vagues. Puis, étant arrivé à se composer un visage et un maintien, il passa dans son cabinet de travail et ordonna qu’on envoyât chercher le chef de là police.
    « Il est là », lui dit son secrétaire.
    Le chef de la police fut introduit.
    « Monsieur, lui dit le Grand Inquisiteur, vous savez ce qui se passe ?
    – Oui, monseigneur, deux prisonniers se sont évadés.
    – Racontez-moi la chose en détail. »
    Et tandis que le policier faisait un récit de l’évasion, le Grand Inquisiteur songeait :
    « Il faut que ce soit moi qui le fasse arrêter !… Oh ! ces deux têtes que j’ai vues émergeant de l’eau ! Le temps s’écoule… Qui sait s’ils ne sont pas hors de Venise !… »
    Le silence qui régnait autour de lui l’étonna soudain.
    « Monseigneur veut-il me donner carte blanche ? dit tout à coup le policier.
    – Oui, à condition toutefois que vous me fassiez prévenir d’heure en heure de ce qui se passera. Les faits sont graves. »
    Le chef de la police s’élança, persuadé qu’il tenait sa fortune.
    Les trois journées

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