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Le Pont des soupirs

Titel: Le Pont des soupirs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le seigneur Dandolo, sera heureux que j’aie exercé à votre égard les lois de l’hospitalité. »
    Roland fit un signe d’acquiescement, entra et s’assit.
    « Belle maison ! reprit Roland. Et entourée d’un jardin, ce qui est rare à Venise…
    – Très rare, monsieur. Il n’y a guère que deux ou trois jardins dans la ville, et celui-ci est le plus beau.
    – Pourquoi ne le soignez-vous pas mieux, en ce cas ?…
    – Tels sont les ordres de mon maître, ou plutôt ceux de sa fille, la signora Altieri… Elle a voulu que tout demeurât dans l’état du jour où elle a quitté la maison pour aller habiter celle du capitaine général qu’elle a épousé. Elle vient parfois s’assurer que je n’ai touché à rien, ni dans le jardin ni dans la maison ! »
    Les poings de Roland se crispèrent. Un râle déchira sa gorge.
    « Comment ! cette noble dame ne veut même pas que vous touchiez à la maison ?
    – Non, monsieur. Les moindres objets doivent rester à la même place où ils étaient jadis… quand elle était heureuse.
    – Tout ce que vous me dites est fort ennuyeux pour moi, car mon intention était de louer cette maison…
    – Non seulement vous pouvez la louer, mais encore, l’acheter, s’écria le vieux Philippe.
    – Ah ! ah !… Voilà qui ne se concilie guère avec ce que vous me disiez des ordres que vous avez reçus…
    – Monsieur, la maison appartient au seigneur Dandolo, et je suis bien obligé d’exécuter sa pensée. Or, autant sa fille, la signora Altieri, paraît désireuse de ne rien changer à la maison, autant le seigneur Dandolo est désireux de s’en défaire. Il s’est passé entre le père et la fille des choses qui les font penser de différente manière sur cette maison…
    – Eh bien, reprit alors Roland, tout ce que vous venez de m’apprendre m’intéresse au plus haut point. Cette maison, qui m’était en somme assez indifférente, m’apparaît maintenant comme une chose respectable… Oui, malgré moi, je prends parti pour la signora… comment avez-vous dit ?…
    – La signora Léonore Altieri…
    – Justement. Eh bien, il me déplairait que cette maison fût démolie contre son gré. Vous direz donc à votre maître que vous avez trouvé un acquéreur qui achète la maison et le jardin, tels qu’ils sont, c’est-à-dire avec tous les meubles que peut contenir la maison. Et d’autre part, vous direz à la signora que je ne toucherai à rien. C’est un caprice, mais il me plaît de me passer ce caprice. Donc, je laisserai tout en l’état. Vous ajouterez que je compte habiter Venise une quinzaine de jours à peine, et que je m’en irai alors, peut-être pour ne plus jamais revenir. Elle sera donc libre de venir ici toutes les fois que cela lui fera plaisir, sans risque d’être dérangée. Enfin, je vous dirai à vous que si vous voulez continuer à être le gardien de la maison, vous y resterez aux mêmes conditions avec cette seule différence que je doublerai vos gages. Le marché vous convient-il ?
    – Ah ! monseigneur ! s’écria le vieillard, s’il m’avait fallu quitter cette maison, j’en serai mort !
    – Vous acceptez donc ?
    – Si j’accepte, Jésus Maria !… Mais quant aux gages, ceux que j’ai maintenant me suffisent…
    – Nous verrons. C’est bien, vous êtes un brave homme. Maintenant, je ne mets à tout cela qu’une seule condition… c’est que la vente me soit faite le plus tôt possible…
    – Dès aujourd’hui !… Il n’y a aucun empêchement. Ce soir, je puis vous remettre les clefs.
    – Bien ! ce soir, je serai donc ici avec l’argent. Combien ?…
    – Le seigneur Dandolo m’a dit de demander dix mille écus… mais…
    – Ce soir, je serai ici avec les dix mille écus. Faites préparer l’acte qui me rendra propriétaire.
    – Il est tout prêt, et il n’y a que votre nom à y mettre.
    – Ah oui, j’oubliais de vous dire mon nom. Le voici », dit Roland, en écrivant un mot sur un papier qu’il remit au vieillard.
    Quand il fut parti, Philippe s’empressa de lire le papier :
    « Jean di Lorenzo, de Mantoue. »
    Roland regagna le quai et sauta dans une gondole en disant :
    « Au Grand Canal. »
    Devant le palais d’Imperia, il fit arrêter son embarcation. Quelques instants plus tard, il pénétrait dans le palais et disait au valet qui gardait l’antichambre :
    « Veuillez dire à la signora Imperia qu’un étranger désire la saluer.
    – La

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