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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Claypole ont rempli leurs besaces. Puis nous nous sommes précipités dans le souterrain, une longue galerie menant au port. Quand nous l’avons atteint, l’endroit était en partie investi. Scrope a tué deux éclaireurs ennemis et nous a crié de le suivre sur la grève. Je n’oublierai jamais ce rivage : des cadavres dansaient sur les vagues le long des radeaux et des ballots. Nous avons trouvé une chaloupe qui s’était détachée d’un navire. Nous y sommes montés et Scrope a insisté pour que nous partions. Il a ignoré mes prières : je voulais retourner sur nos pas. Il a dit que le donjon du Temple ne survivrait point à la plus récente attaque. Dans un sens, il avait raison. Nous avons ramé jusqu’en pleine mer et avons été recueillis par une galère vénitienne. La forteresse du Temple est tombée pendant le dernier assaut. Tous ceux qui s’y trouvaient ont été passés au fil de l’épée.
    Il s’interrompit.
    — Nous avons fini par regagner l’Angleterre et avons suivi des chemins séparés. N’ayant pas de véritable vocation pour entrer chez les Templiers, je me suis donc rendu à Blackfriars, chez les Dominicains. Scrope a continué à prospérer comme les cèdres du Liban, ajouta-t-il avec rancoeur. Il y a environ dix-huit mois, il m’a écrit une lettre cordiale. Il a aussi demandé à mes supérieurs s’ils m’autorisaient à devenir son confesseur, son directeur spirituel.
    Gratian eut un rire amer.
    — Scrope était un puissant seigneur, riche et influent. Mes supérieurs ont accepté, bien sûr.
    — Et vous, qu’en pensiez-vous ?
    — J’étais intrigué. Je voulais découvrir ce qui s’était passé. Quand je suis arrivé, Scrope évoquait souvent notre fuite, ses regrets, les fautes qu’il avait commises. Il faisait aussi allusion à certains secrets sans jamais en parler plus avant. Je me suis interrogé : se sentait-il coupable parce qu’il avait volé le trésor et fui Acre ?
    Il esquissa un rapide signe de croix.
    — Non, je pense qu’il s’agissait d’autre chose ; le meurtre de son cousin, par exemple. Dans l’ensemble, il se montrait agréable avec moi. Il jouait les grands seigneurs, le fils dévoué de l’Église. Il m’a amadoué pour que j’accepte le rôle qu’il m’avait attribué. Son monde m’est vite devenu familier : sa fidèle soeur, à lui toute dévouée, la loyauté sans réserve de Claypole, et la froide indifférence existant entre lui et son épouse. Le père Thomas me manifestait une certaine cordialité, mais se méfiait aussi beaucoup du seigneur du manoir. Ce n’est que récemment, soupira Gratian, que j’ai compris la véritable raison de son invitation.
    — C’est-à-dire ?
    — Il voulait me tenir à l’oeil. Il voulait découvrir si je savais quoi que ce soit sur ce qui était vraiment arrivé à Acre, si j’avais vu ou entendu quelque chose de fâcheux.
    — Était-ce le cas ?
    — Non.
    Gratian eut un geste d’impuissance.
    — Tuer ce sergent était de fait un crime. J’étais impliqué et sa mort pèse toujours lourdement sur ma conscience. Un jour j’y ai fait référence devant Scrope. Je n’ai jamais recommencé : son ire ne connut pas de bornes.
    — Et les Templiers ?
    — Eux aussi avaient des soupçons sur les événements d’Acre, mais pas de preuve. Ils désiraient avant tout récupérer leur trésor, surtout le Sanguis Christi. Quand ils ont appris que j’étais nommé confesseur de Scrope, ils m’ont dépêché des messagers. Ils ont invoqué le passé ; ils ont fait des allusions. Ils m’ont prié de les aider. Je me suis souvenu du sergent, de ma propre culpabilité et, à titre d’expiation, j’ai accepté. C’était la moindre des choses. J’ai envoyé à Lord Oliver les messages portant sur les moulins du Temple qui broient très lentement, mais il ne cédait toujours pas. Pour finir, le Temple a expédié des hommes à Mistleham. Déguisés en mendiants, ils se sont logés dans un galetas au Rayon de miel. Je les rencontrais parfois lors de la distribution des pains de Marie. Nous échangions des missives. Nous avions prévu que lorsque Lord Scope m’aurait remis le Sanguis Christi, j’irais à Londres, les templiers organiseraient une fausse embuscade, une attaque sur la route, déroberaient le joyau et s’enfuiraient. Je jouerais les victimes innocentes. Mais c’est alors que vous êtes arrivé et que Lord Scrope a été assassiné. Les templiers étaient

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