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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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roulement des tambours de guerre. Je n’oublierai jamais le son de ces tambours, ce roulement sourd annonciateur de mort, noyé de temps en temps sous le sifflement des catapultes. Le ciel s’embrasa. Lentement mais sûrement, les murailles furent percées et sapées. Les Sarrasins se rapprochèrent. Des vagues de derviches en robe blanche lancèrent des attaques-surprises.
    — Frère Gratian, l’interrompit Corbett, avez-vous vu la fresque de St Alphege, celle exécutée par les Frères du Libre Esprit ?
    — Bien entendu. Elle n’évoque pas la chute de Babylone, mais celle d’Acre. Les assaillants sont les Sarrasins, les défenseurs des hommes de Scrope. Lord Oliver l’a reconnu sans hésiter.
    — Qu’a-t-il dit ?
    — Rien, il a simplement juré à voix basse et a promis de se venger.
    — Était-ce pour cela qu’il s’en est pris aux Frères du Libre Esprit ?
    — Certes. Il voyait en eux un vrai danger.
    — La fresque recèle-t-elle un message crypté ?
    — Non. Je l’ai examinée avec grand soin, mais n’y ai rien décelé de nouveau.
    Frère Gratian porta les doigts à ses lèvres.
    — Les hommes de Scrope qui se battaient, Scrope en fuite, son cousin mort ou mourant à l’infirmerie. La référence à Judas pouvait passer pour une insulte adressée à Lord Oliver, bien que je n’aie pas considéré qu’il y avait là trahison, et la croix qui monte en flèche est sans nul doute une allusion au Sanguis Christi.
    — Lord Scrope y a-t-il vu quelque chose en plus ?
    — Je vous ai déjà dit, Sir Hugh, que c’était un homme secret. Si c’est le cas, il ne m’en a pas touché mot.
    — Comment les Frères du Libre Esprit étaient-ils renseignés sur Acre ?
    — L’histoire du siège est notoire, Sir Hugh, surtout à Mistleham.
    — Mais pourquoi voulaient-ils tant la dépeindre ? En quoi cela les concernait-il ?
    — Ce n’était peut-être qu’une façon de se railler de Scrope.
    — Y avait-il un rapport quelconque entre les Frères du Libre Esprit et les hommes qui se sont battus à Acre ?
    Le dominicain se pencha en avant et expliqua d’une voix rauque :
    — N’oubliez pas qu’une compagnie de Mistleham est allée à Acre sous les ordres de Lord Scrope ; aucun, si ce n’est Claypole, n’est revenu et cela inclut le frère du père Thomas. Les gens, bien entendu, voulaient savoir ce qui s’était passé ; ils étaient courroucés et indignés. Il se peut que les Frères du Libre Esprit se soient inspirés d’eux, mais le contenu secret de la fresque et la raison pour laquelle ils l’ont peinte dépassent mon entendement.
    — Lord Scrope, intervint Ranulf sans ménagement, s’en est aussi pris aux Frères du Libre Esprit parce qu’ils s’armaient. En avez-vous eu quelque preuve ?
    Le dominicain s’empourpra et détourna le regard.
    — Mon frère, de grâce...
    — Eh bien, chuchota-t-il, j’ai été soldat. Je peux reconnaître une pierre à aiguiser. J’en ai effectivement vu une sur la stèle devant l’église abandonnée. J’ai pris peur. Les Frères du Libre Esprit se comportaient comme s’ils ne croyaient ni en la violence ni aux armes, aussi ai-je prévenu Lord Scrope. Ses soupçons n’en ont été que plus grands.
    — Et la crypte dans l’église des damnés ?
    — Lord Oliver l’a fouillée sans rien y trouver.
    — Le Riche ? s’enquit Corbett. Vous l’avez bien entendu en confession ?
    — En quelque sorte, Sir Hugh. Je ne comprends pas du tout ce qui est arrivé. C’était l’affaire de Scrope et Claypole. Quand je lui ai rendu visite dans le cachot de l’échevinage, il avait perdu l’esprit.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Il pouvait à peine se relever ; il était saoul, ivre de vin ou d’un opiat.
    — Qu’a-t-il avoué ?
    — Rien, il s’est contenté de bafouiller quelques mots, en se plaignant d’avoir été trahi et en remarquant que la situation pouvait encore bien tourner.
    Frère Gratian haussa les épaules.
    — Comment pouvais-je absoudre un tel homme ? Il n’était pas digne de recevoir le pardon. Je suis parti, et le lendemain matin on l’a pendu.
    — Qu’en est-il des accusations contre les Frères du Libre Esprit ?
    — Oh !
    Le dominicain frotta son visage anguleux.
    — ... elles étaient en partie vraies. Ils étaient luxurieux et de moeurs légères, mais, que Dieu me pardonne, j’ai contribué à attiser les flammes de la suspicion et les rumeurs contre eux.

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