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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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éloigné ; la flèche a sifflé dans l’air. Il y a eu un cri à vous glacer le sang. J’ai regardé par-dessus mon épaule. Dame Marguerite gisait de tout son long sur le sol. Je me suis précipité. Je voyais bien que le trait l’avait profondément atteinte, ici.
    Il se tapota le côté gauche.
    — Je me suis retourné et j’ai distingué une silhouette. Le Sagittaire visait sa cible. Je me suis jeté derrière le jubé. J’ai entendu la flèche s’enfoncer dans le bois puis un bruit de pas.
    Il s’interrompit.
    — Un bruit de pas, répéta-t-il. Ensuite vous êtes arrivé.
    — Oh, que Dieu ait pitié de nous !
    Ormesby s’empressa de retourner de l’autre côté du jubé. Le père Thomas, penché sur le cadavre, esquissait un signe de croix sur son front. Il lança un coup d’oeil au mire.
    — J’étais au presbytère, chuchota-t-il. Je faisais les comptes. Quand j’ai ouï la trompe, je n’ai pu y croire. J’ai couru jusqu’ici.
    Il se releva.
    — Maître Benedict, lança-t-il, vous n’avez pas de mal ?
    Le chapelain sortit de derrière le jubé. Il s’approcha du corps de l’abbesse, tomba à genoux et, le visage caché dans les mains, se mit à sangloter tel un enfant. Ormesby parcourut l’église, pria les curieux de rester près des fonts baptismaux puis examina les lieux et la porte des défunts. Il s’engagea dans le transept obscur et appuya sur le loquet. L’huis était ouvert. Il remonta la nef à grands pas. La porte de la sacristie donnant sur le cimetière était aussi ouverte.
    — Je vais chercher les saintes huiles, déclara le père Thomas. Je vais l’oindre, faire ce que je peux.
    — Que se passe-t-il céans ?
    Claypole, d’un pas décidé qui faisait virevolter sa longue robe, remonta la nef en martelant les dalles du talon. Il fit halte, regarda la dépouille de Dame Marguerite et proféra quelques mots entre ses dents. Ormesby ne sut si c’était une prière ou un juron.
    — Nous devons envoyer quérir Corbett, conseilla Ormesby. Vous...
    Il désigna Claypole.
    — ... dépêchez donc un de vos serviteurs. Que tout le monde recule et laisse les choses en état jusqu’à son arrivée.
    Le clerc déjeunait à l’office quand le messager de Claypole survint. Corbett s’essuya les mains et ordonna à Chanson de seller leurs chevaux avant de gagner en hâte sa chambre pour enfiler ses bottes, boucler son ceinturon et attraper au vol chape et gants. Il rencontra Ranulf dans le couloir.
    — Vous ne paraissez guère étonné, Sir Hugh.
    — En effet, point ne le suis.
    Corbett claqua de la langue.
    — Tout s’écroule, Ranulf. Nous connaîtrons bientôt la vérité, mais voyons d’abord quelle vilenie se prépare.
    La place du marché était noire de monde et ils durent se frayer un chemin vers St Alphege. Corbett confia les montures à Chanson. Ranulf et lui franchirent la porte des défunts. Un petit groupe les attendait devant le jubé. Corbett examina avec soin le cadavre de Dame Marguerite. La flèche était solidement fichée. Le sang, sur sa figure, était coagulé à présent, mais la terreur se lisait encore dans ses yeux vitreux. Il demanda au père Thomas de lui donner une petite nappe d’autel dont il recouvrit avec douceur le visage de l’abbesse. Il inspecta la flèche enfoncée dans le jubé avant de redescendre l’église. Ranulf le précédait pour écarter les citadins qui se pressaient, avides du macabre spectacle. Le magistrat étudia les deux portes donnant sur le cimetière ainsi que celle menant à la sacristie. Ormesby avait expliqué qu’il avait presque traversé la place quand il avait entendu les trois sonneries de trompe et qu’il s’était rué à l’église où il avait trouvé Dame Marguerite morte et Maître Benedict tapi derrière le jubé. Le chapelain, plus calme maintenant, avait néanmoins le teint blême et les yeux rougis. Il expliqua d’une voix hachée comment l’abbesse avait insisté pour quitter la sécurité de St Frideswide parce qu’elle devait de toute urgence s’entretenir avec Ormesby.
    — À quel sujet ? s’enquit Corbett.
    — Je l’ignore, Sir Hugh, répondit le physicien en baissant la voix et en regardant par-dessus son épaule dans la direction où se tenait Claypole entouré d’autres échevins. Il s’agissait des registres paroissiaux et des prétentions de Claypole.
    — Et en quoi cela pourrait-il vous concerner, Messire Ormesby ?
    Ce dernier ferma les yeux,

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