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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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voyants, sous les railleries et les quolibets d’une bande de fêtards qui tentaient de convaincre quatre vagabonds aveugles de se battre pour un gobelet de vin et un croustillant morceau de porc juteux. Les apprentis et les commis suivaient leurs maîtres chez les orfèvres pour mettre en sécurité leurs gains de la journée, sans qu’aucun se rende compte que la mort rôdait à Mistleham et cherchait avec vigilance une proie à sa convenance.
    Robert de Scott, capitaine de l’escorte de Lord Scrope, fut le premier à périr. Plein de ressentiment à l’encontre de Corbett, il était entré à la taverne du Rayon de miel, puis à celle du Portail des deux, qui se trouvait aussi sur la place du marché. Il y avait noyé son chagrin dans de la mauvaise bière, et avait acheté les faveurs d’une goton qui l’avait distrait dans le galetas malpropre à l’étage. Il sortit en titubant du Portail des deux à l’instant même où trois retentissantes sonneries de la trompe de chasse annonçaient la reprise de la vengeance sanglante à Mistleham. Robert était si ivre qu’il ne put que rester là, hébété, pendant que tout le monde s’enfuyait. Vacillant, il essaya de se déplacer juste quand le bout ferré de la flèche, longue de trois pieds, se ficha dans son coeur. Le coup, mortel, le fit tomber à la renverse, tressaillant et s’étouffant dans son sang. Le chaos s’empara du marché. Les marchands s’enfuirent ou cherchèrent protection sous leurs étals. Les femmes empoignèrent leurs enfants et coururent en criant vers les recoins, les porches, les ruelles. Deux hommes courageux se précipitèrent pour aider Robert de Scott, mais il était mort. Ils ne purent que traîner son cadavre dans la grand-salle du Portail des deux et fermer la porte derrière eux. Quelques instants passèrent. Les gens osèrent jeter un coup d’oeil hors de leurs cachettes. La lumière baissait et l’air fraîchissait avec la tombée du soir. William Le Vavasour, autre écuyer de Scrope, fut le prochain à mourir. Estimant que le danger était passé, il se risqua hors de la venelle où il s’était réfugié et aperçut d’autres hommes de Lord Oliver qui, désireux de trouver la chaleur et le réconfort d’une taverne, émergeaient de leur repaire. Vavasour s’avança le premier et fut frappé à la gorge. La barbelure de fer lui transperça peau, muscles et os. Mutward, le second valet, était parvenu à l’huis de la taverne et avait la main sur le loquet quand le trait s’enfonça dans son dos et lui traversa la poitrine, le clouant comme une mouche contre le bois.
    Les villageois étaient encore à l’abri dans leurs caches quand Corbett et Ranulf, en compagnie de Scrope et du reste de son escorte, débouchèrent à grand bruit sur la place. Les soldats de Lord Oliver avaient apporté de grands écus de forme ovale provenant de l’armurerie du manoir. Le magistrat et ses compagnons mirent pied à terre et se dissimulèrent derrière les boucliers. Les écuyers se déployèrent en cercle autour d’eux pour les protéger. Corbett regarda par-dessus le bord du mur d’écus et vit une dépouille, qui flottait presque dans une mare de sang, et, affreux spectacle, le corps de la dernière victime encore plaqué contre la porte du cabaret. Il ordonna aux hommes qui formaient le mur de boucliers de tenir bon, et à Chanson et aux autres de calmer les chevaux. Scrope, fou de rage, jetait des regards furibonds à l’entour. Il aperçut Claypole qui lui faisait des signes frénétiques à une fenêtre.
    — Combien ? beugla Scrope.
    Claypole leva la main et tendit trois doigts.
    Vavasour et Mutward, annonça l’un des hommes de Scrope qui avait la vue plus perçante que les autres.
    La voix de Claypole résonna à travers la place.
    — Robert de Scott aussi a péri.
    Lord Oliver proféra un chapelet de jurons. Corbett les ignora. Il observa l’entrée du Portail des deux, puis la place du marché. Il admirait l’adresse du tueur. Il était aisé à un maître archer de se déplacer et de se dissimuler en ces lieux. Il examina les porches vides, les bouches sombres des rues et des venelles ; l’assassin pouvait se tapir n’importe où, y compris dans les maisons hautes de trois ou quatre étages, avec leurs galetas, leurs fenêtres étroites, leurs corniches et leurs toits. Néanmoins le magistrat avait l’impression que le Sagittaire ne frapperait pas de nouveau. Il s’était écoulé un certain temps.

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