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Le porteur de mort

Le porteur de mort

Titel: Le porteur de mort Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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frère Gratian devait leur remettre en temps voulu.
    — Mais Lord Scrope n’avait-il pas annoncé que frère Gratian en personne le porterait à Londres ?
    — Oh, je suis certain qu’il l’aurait fait, commenta Corbett, narquois, et qu’en chemin il aurait été dépouillé par les beaux gaillards qui sont là-haut. Il serait retourné à Londres, l’air innocent, et le roi aurait dû accepter ses dires. Bon, Ranulf, demande à Chanson d’amener nos montures, il serait temps de rentrer au manoir. Je commence à m’interroger. Mais je veux d’abord questionner Maître Claypole et frère Gratian.
    — Les templiers ne vous inquiètent pas ?
    Corbett secoua la tête.
    — Ce sont des soldats, claquemurés dans ce petit galetas, obligés de porter des haillons puants et de manger de la nourriture rance. Le Temple les a envoyés ici pour chercher quelque chose de précis. Ils ont échoué ; c’est la raison pour laquelle ils m’ont accosté sur le chemin. Ils étaient prêts à tout. Ils sont venus dans l’espoir que Gratian leur remettrait le Sanguis Christi. Apprendre que Lord Scrope avait été assassiné et que le joyau avait disparu a dû éveiller leur curiosité. D’où leur attaque. Je suis sûr que leur Grand Maître, à Londres, sera fort mécontent quand ils se présenteront devant lui, même s’ils ne peuvent être que très heureux d’abandonner ce logement fétide.
    — Mais ils vous ont bravé, vous, l’émissaire royal.
    — Je te l’ai dit : ils étaient prêts à tout. Que pouvons-nous faire, Ranulf ? Les arrêter ? Ils se réclameront aussi du privilège de clergie. Non, à partir du moment où ils auront vidé les lieux au crépuscule, ce n’est plus mon affaire. Scrope est mort ; frère Gratian ne lui enverra plus de menaces. Notre ami le dominicain a bien des comptes à rendre.
    Ils enfourchèrent leurs montures et se trouvaient au milieu de la place quand Corbett s’entendit appeler. Pennywort accourut en faisant de grands gestes de la main.
    — Sir Hugh ! Sir Hugh !
    Le magistrat retint son cheval.
    Pennywort, haletant, saisit les rênes.
    — Un message de Dame Marguerite, apporté à Mistleham par une converse que Lady Hawisa a renvoyée au couvent. Dame Marguerite vous fait savoir que le Sagittaire s’est rendu à St Frideswide. Elle vous prie d’y venir, ne serait-ce que pour la réconforter. Lady Hawisa m’a envoyé vous quérir pour vous y conduire. Sir Hugh ?
    Ce dernier ferma les yeux et soupira.
    — Très bien.
    Pennywort courait devant eux tel un lévrier. Ils traversèrent la place en passant entre les maisons serrées qui les dominaient de leur masse et empruntèrent le chemin sinueux menant à St Frideswide à travers les champs blancs de gel. De temps en temps, Pennywort revenait sur ses pas pour leur préciser la direction. Après une courte chevauchée, ils tournèrent dans une étroite sente bordée, de chaque côté, par d’épais boqueteaux. Leur guide leur annonça qu’ils étaient à présent dans le domaine du couvent, terres que Lord Scrope avait allouées à St Frideswide tant que sa soeur y serait abbesse. Au détour d’un sentier, ils aperçurent le haut mur d’enceinte en pierre grise, au-dessus duquel s’élevaient les toits rouges de St Frideswide. Une soeur laie leur ouvrit la grille de la poterne et les introduisit dans l’enceinte du couvent. Corbett fut surpris par sa magnificence. Il possédait des granges, des appentis, des écuries, des hôtelleries, des logements, un réfectoire, une infirmerie, des offices et des cuisines, et, trônant au milieu, une imposante église au clocher élancé. Ils la dépassèrent pour gagner la cour des écuries où flottaient des odeurs multiples venant des étuves, des cuisines, des jardins et des réserves d’épices. Nonnes et soeurs laies, vêtues de noir ou de gris, vaquaient, d’un petit pas pressé, à leurs affaires. Une cloche tinta et, obsédante, la musique d’une flûte résonnait dans le couvent.
    Ils laissèrent leurs chevaux à l’écurie et pénétrèrent dans le parloir où une religieuse à l’air fort majestueux les accueillit à voix sonore et se présenta sous le nom de Dame Édith, la prieure. Elle parlait si fort que le magistrat se demanda si elle n’était pas à moitié sourde. Il lança un coup d’oeil sévère à Ranulf et à Chanson pour qu’ils s’abstiennent de rire. Ils emboîtèrent le pas à la prieure à travers le paisible cloître pour

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