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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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âgé, Jean le Bon s’emploierait à l’occire.
    – S’il m’advient de le rencontrer, je lui demanderai raison…
    – C’est la bonne chance que je vous souhaite. Mais hâtez-vous d’essayer cette écorce de fer !… Le temps dure et je dois aller au Louvre. Aide-le, écuyer !
    – C’est ce que j’allais faire, messire.
    Tristan reçut des mains de Paindorge le bassinet dont le mézail était garni sur son pourtour d’une lisière de cuivre doré soulignant le menton et les joues. Il s’en coiffa. Une fois le visage clos, il se sentit à l’aise : l’air passait sans difficulté par les trous de la ventaille et du buccal. Il voyait aussi bien entre les paupières de fer qu’entre celles de la défense de tête qu’il avait portée à Brignais.
    – Bien, dit-il en relevant la visière. Applique-moi, Paindorge, la cuirasse et les tassettes, puisqu’elles sont demeurées après.
    Elles convenaient. Il plia un bras :
    – Approche ce brassard… Le canon d’arrière-bras semble parfait… Viens près de la fenêtre… Ah ! C’est ce que je pensais : le canon d’avant-bras est un peu long… L’épaisseur du petit doigt… Regarde : la cubitière est parfaite. Nous irons voir un armurier de la Porte-Saint-Martin…
    Les jambières convenaient aussi : les cuissots, d’une seule pièce, étaient solides, les genouillères bombées sans excès et leurs oreillons façonnés en cœur. La poulaine était absente des solerets. Tristan s’en trouva heureux : il détestait l’engouement des chevaliers pour les souliers pointus qu’on disait semblables à ceux qui se portaient en Pologne.
    – À vous deux, dit Boucicaut, vous pourrez bien emmener toutes ces pièces.
    – Certes, dit Paindorge. Mais, messire, vous m’aviez promis…
    – C’est vrai ; écuyer… Prends donc cette brigantine parée de velours violet… Un évêque a dû la porter à Crécy… Tu coudras sur ton cœur les armes de Castelreng et le tour sera joué !… Allez essayer lentement votre habit de fer, l’ami… Et puis, si vous voulez mon avis, allez taper à la porte de la librairie que le roi ne quittera pas de la journée… Chalemart lui a fait présent d’un livre sur les tournois. Il va s’en repaître…
    – J’irai regracier le roi et vous suis reconnaissant du conseil.
    – À nous revoir ! dit Boucicaut.
    Il les laissa passer devant, chargés des fers qu’ils s’étaient partagés. Ils l’entendirent manier la clé dans la serrure tandis qu’ils passaient le petit pont-levis.
    – Veillez bien, les gars, recommanda le maréchal aux gardes.
    Tristan et Paindorge « traversèrent la cour du donjon en grande partie désemplie. Si la plupart des manœuvriers s’en étaient allés avaler leurs provisions et vider leurs chopines hors de la petite enceinte, quelques tailleurs façonnaient toujours la pierre. Ils virent sans guère d’intérêt passer parmi eux Paindorge, les éléments de cuirasse coincés entre ses bras et ses flancs, et tenant dans chaque main une jambière complète. Derrière, coiffé du bassinet dont il avait relevé le mézail, Tristan suivait, chargé du reste de l’armure et de la brigantine.
    – Il vous manque simplement le jupon de mailles, messire, dit l’écuyer.
    – Je sais… Je connais quelqu’un qui eût été heureux de me le faire.
    – Tiercelet ?
    – Oui… Et vois-tu, c’était un manant, un moins que rien pour des gens de mon espèce. Et je pense à lui comme on pense à un frère… Nullement un frère d’armes, mais un frère ainsné.
    – Par le temps qui court, messire, dit Paindorge, voilà un gaillard qui a une bonne chance… Vous le retrouverez, vous verrez… Et elle également. Vous la rencontrerez quand nous irons en Avignon…
    – C’est ce que je me répète… Si je pouvais quitter le roi maintenant, je vous dirais à tous : «  Allons-y ! Nous partons ! » Or, cela m’est impossible.
    – Évidemment, messire. Attendons le mois d’août.
    – Attendons, dit Tristan, morose. Dieu qui m’a tant lâché ne peut m’abandonner encore… Allons, viens !… Si cela continue, je vais te tirer des larmes !

IV
     
     
     
    –  Messire Paindorge, voulez-vous me passer la miche de froment ?… La faim tenaille le pauvre soudoyer que je suis.
    Callœt affectait une bonne humeur constante, apparemment inaltérable, mais nul ne s’y trompait : l’avènement de son compère à un rang qu’il trouvait indu le

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