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Le poursuivant d'amour

Le poursuivant d'amour

Titel: Le poursuivant d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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malade… Que va-t-il me demander ou me reprocher ?
    – Vous le saurez bientôt. Mes vœux vous accompagnent.
    *
    –  Entrez, messire, entrez !… Alors, cette armure de fer est-elle à votre convenance ?
    Il était enditté (475) . Qui s’en était chargé ? Son père ou Boucicaut ?
    – Elle me convient, monseigneur. Messire Jean le Meingre m’a dit qu’elle était anglaise…
    – Elle l’est !… Bertrand Guesclin l’a extraite pour moi de je ne sais quel charroi qu’il venait d’escarmoucher. Vous couvre-t-elle parfaitement ?
    – Les épaulières sont étroites, monseigneur, mais je vais aller voir un armurier de Paris. Il la gironnera 160 dès demain en quelques coups de marteau.
    – Demain, chevalier, vous serez loin de Paris.
    « Holà ! » s’inquiéta Tristan. « Où veut-il m’envoyer ? »
    Sur un signe du régent, il prit place entre les accoudoirs d’un faudesteuil de bois rude comme tous les meubles de cette pièce austère où le fils aîné de Jean II venait de l’accueillir avec une froideur dont il se remettait mal.
    – Vous irez reporter l’armure à l’armerie, Castelreng. Mais ne vous inquiétez pas : elle reste vôtre et j’en ai préparé quittance sur le conseil de Boucicaut qui vous a recommandé à mon attention.
    Le prince Charles prit un carré de parchemin scellé, posé sur la table, entre un encrier d’or et un plumier d’ébène empli de pennes d’oie coupées court, de façon qu’elles pussent entrer dedans, et l’on eût dit, à les voir ainsi agglutinées, un oiselet couché dans son cercueil.
    – Confiez cet acte d’attribution à qui vous voudrez. Quand vous reviendrez – ce que j’espère vivement – mes gens ou ceux de mon père vous restitueront cette armure… Et maintenant, oyez ce que j’ai à vous dire…
    Pendant que Tristan glissait la donation dans l’escarcelle accrochée à sa ceinture, le prince Charles fit quelques pas. Il avait besoin de se mouvoir pour donner plus d’aisance à sa parole. Il dit, la joue appuyée un instant contre le dormant de la fenêtre ouverte, le regard tourné vers le donjon où le labeur avait repris :
    – Vous le savez sans doute, chevalier : mon père partira en août pour Avignon afin d’y disputer de choses importantes…
    Et tout en remarchant, le front bas, le menton dans sa senestre, cependant que sa dextre énorme pendait sous le poids des humeurs malsaines dont elle était, au su de tous, envahie :
    – Si le Saint-Père y consent, l’emprunt que le roi sollicitera…
    Nouvel arrêt ; le régent parut défier son hôte du regard :
    – Vous voyez que je vous entretiens de nos desseins comme si vous apparteniez au conseil…
    – J’en suis fort honoré, monseigneur…
    – Si le pape y consent, nous fournirons à Édouard, auprès duquel mon père a engagé sa parole royale, de quoi prendre patience…
    Des arrhes. Ayant son content d’or pour quelques semaines, le roi d’Angleterre se montrerait disposé à reculer la seconde échéance d’une rançon monstrueuse qui au-delà du roi, de son fils et de la Cour, tourmentait les Français, des nobles aux vilains. N’obtenant rien, Édouard III inviterait son royal prisonnier à respecter le traité de Brétigny-lez-Chartres, et pour ne pas se parjurer, Jean II serait contraint de revoir l’Angleterre.
    – Mon père n’est pas malheureux sur la Grande Ile.
    Le prince, en soupirant, usait d’une litote : Jean II avait été traité par ses vainqueurs avec des égards sans pareils. Et seul le prince de Galles lui manifestait une haine constante.
    – Édouard de Woodstock nous méprise… Et c’est à son sujet que vous êtes céans.
    « Où veut-il en venir ? » s’interrogea Tristan.
    – Vous souvenez-vous de la victoire de nos nefs et de nos hommes, en mars, il y a deux ans ?
    Tristan répondit de la tête. Comment ne s’en serait-il pas souvenu ? Une petite victoire aux conséquences funèbres. C’était à se demander si elle valait la peine que le prince, à l’évoquer, se fut rengorgé comme il venait de le faire.
    – Le mérite m’en revient, puisque mon père était là-bas.
    Le régent s’accorda un sursis : à coup sûr, il se délectait encore du bon tour que, par guerriers et vaisseaux interposés, il avait joué aux Goddons.
    – J’ai su prouver que la fine fleur de nos armées pouvait fouler le sol de l’Angleterre.
    Au début du printemps 1360, il était parvenu à réunir

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