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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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garder un secret, moi !… Non,il n’y a là aucune trahison. Nostradamus connaît la vérité de la façon la plus simple du monde. C’est lui qui, avant son départ, a donné au roi le conseil de se créer une double personnalité et de vivre le plus qu’il pourrait hors du Louvre, loin des affaires…
    – Voilà qui est étrange, murmura Catherine rêveuse. Et j’ignorais cela, moi !… Eh bien, monsieur, pour une fois, Nostradamus a été bien mal inspiré en donnant cet extraordinaire et – l’événement le prouve – très dangereux conseil à mon fils.
    – Nostradamus fait toujours bien ce qu’il fait, dit Beaurevers avec une inébranlable confiance.
    – Soit… Revenons au fait. Je disais : nous sommes quatre qui possédons le secret du roi. Si, comme vous l’affirmez, il y a eu attentat, c’est parmi ces quatre-là qu’il faut chercher le coupable… Voyez à quoi nous aboutissons : parmi ces quatre se trouve la mère du roi. »
    En disant ces mots, elle accentuait encore la laideur de son attitude, et elle rivait sur lui son regard mortellement froid, qui semblait le défier. Et Beaurevers se disait à part lui : « Oui, tu voudrais bien que je te dise clairement que je te soupçonne… Évidemment ce serait mieux… Mais je ne serai pas si bête de me faire ainsi ton jeu… Diable ! c’est que tu aurais vite fait de me faire saisir et jeter dans quelque cul de basse-fosse… Ce n’est pas cela qui m’arrête : je sais, pardieu, que j’en sortirais… Mais tu profiterais bien un peu de mon impuissance pour faire tuer le petit roi qui te gêne… C’est ce qui ne sera pas, mort diable !… J’ai juré à Nostradamus de lui faire trouver, à son retour, le roi vivant… Et je tiendrai mon serment… Cependant, tu ne perdras rien, tu entendras quand même la vérité… Mais je te la dirai de telle sorte que tu n’auras pas prise sur moi. À renard, renard et demi. C’est le moment ou jamais de tenir la promesse que j’ai faite au roi. »
    Et tout haut, avec un air de naïveté si bien joué qu’elle s’y laissa prendre :
    « Eh ! Madame, il ne s’agit pas de ces quatre-là qui, en effet, ne peuvent être suspectés. La vérité est que le roi a été reconnu, malgré son déguisement. »
    Pour Catherine, ces paroles constituaient une reculade. Une reculade de Beaurevers, c’était un succès pour elle, un succès dont elle avait lieu d’être satisfaite. Instantanément elle adoucit la raideur de son attitude.
    « Ah ! Sotte que je suis ! fit-elle avec vivacité, comment cette idée ne m’est-elle pas venue ? C’est si simple, en vérité !… Il est vrai que je suis si troublée !… Ce n’est cependant pas le moment de perdre la tête !… Voyons, monsieur de Beaurevers, éclaircissons cette affaire-là ensemble, voulez-vous ?
    – J’ai eu l’honneur de dire à Votre Majesté que je ne suis venu que pour cela.
    – Bien. Dites-moi un peu ce qui vous fait supposer que le roi, malgré son déguisement, a été reconnu.
    – Ce n’est pas une supposition, madame, c’est une certitude. J’ai vu rôder autour du comte de Louvre un homme dont les agissements m’ont paru suspects au plus haut point. Je jurerais volontiers que c’est lui qui a préparé le guet-apens dans lequel le roi a failli laisser sa vie.
    – Et moi j’en suis sûre aussi. On ne se trompe pas quand on possède le coup d’œil infaillible qui est le vôtre. Le nom de cet homme, chevalier… Car je suis sûre que vous le connaissez.
    – Je le connais, en effet… C’est le baron de Rospignac. »
    Le coup frappa Catherine en pleine poitrine. Il était à la fois si rude et si imprévu qu’elle en demeura un instant suffoquée. Elle se ressaisit vite et, foudroyant Beaurevers :
    « Vraiment, monsieur, vous jouez de malheur dans vos suppositions. M. de Rospignac est un gentilhomme à moi… L’ignoreriez-vous, par hasard, vous qui savez tant de choses ?
    – Je sais, en effet, que M. de Rospignac appartient à Votre Majesté. Et c’est même très fâcheux.
    – En quoi, monsieur ? » fit Catherine d’un air de souveraine hauteur.
    Très calme, très froid, Beaurevers promit :
    « C’est ce que j’aurai l’honneur d’expliquer à Votre Majesté dans un instant. Mais d’abord, madame, permettez-moi de vous dire une chose que vous ignorez, ou que vous oubliez, peut-être.
    – Laquelle ? demanda Catherine qui se tenait sur ses gardes.
    – C’est que

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