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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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événement qui s’est produit, hier, aux environs de la porte de Nesle. Et je suis accourue en toute hâte pour m’opposer de toutes mes forces à ce que vous fassiez cette insigne folie… Je viens vous dire : vous ne sortirez pas, mon fils.
    – Eh madame, s’écria François dépité, voilà du bruit pour peu de chose ! Quoi, il faudra que je me prive d’une distraction parce que quelques malandrins se sont attaqués à la bourse d’un gentilhomme attardé !
    – Vous croyez donc qu’on en voulait à votre bourse ?
    – Sans doute, madame… Ils l’ont crié assez haut. »
    Catherine fit peser sur son fils l’éclat de son regard acéré. Mais François avait de qui tenir. Elle ne vit qu’un visage fortement contrarié, mais naïvement convaincu.
    « Aveugle ! fit-elle avec force, aveugle, sourd, fou !… Vous ne voyez, n’entendez, vous ne comprenez rien !… Il s’agit bien de quelques truands, en vérité. C’est au roi qu’on en voulait… Au roi, entendez-vous, François ! Le roi qu’on a voulu méchamment, traîtreusement meurtrir.
    – Allons donc, madame, s’écria le roi toujours incrédule, en apparence du moins, votre affection, ma mère, vous fait voir des dangers qui n’existent que dans votre imagination.
    – Et moi, reprit Catherine avec plus de force, je vous dis que vous avez failli être victime d’un attentat préparé de longue main. Je vous dis que cet attentat se renouvellera aujourd’hui même peut-être, si vous vous obstinez à braver un danger qui existe, réel, terrible. Et si vous ne voulez pas en croire votre mère qui, selon vous, se laisse aveugler par son affection, interrogez Beaurevers, et vous verrez ce qu’il vous dira.
    – Beaurevers croit à un attentat ?
    – Oui. Il me l’a dit nettement. Il ne peut en être autrement, d’ailleurs. Vos plaisirs et vos caprices ne doivent pas vous faire oublier que vous êtes le roi, François. Le roi doit savoir regarder la mort en face lorsque la couronne ou le bien de ses États sont en jeu. Mais le roi se doit à ses sujets. Et le premier, le plus essentiel de ses devoirs, est de ne pas exposer son existence, si précieuse, dans des algarades du genre de celle-ci, qui compromettent la majesté royale. Croyez-moi, François, renoncez à des amusements indignes du rang suprême qui est le vôtre. »
    Et avec un tremblement dans la voix :
    « Songez aux angoisses mortelles dans lesquelles vous me faites vivre. Je n’y résisterai pas, François. Est-ce donc la mort de votre mère que vous voulez ?… »
    Ces dernières paroles qu’elle venait de prononcer avec une sourde émotion parurent produire une grande impression sur le jeune roi.
    « À Dieu ne plaise, dit-il vivement. Puisqu’il ne s’agit que de calmer vos angoisses maternelles, je m’abstiendrai, madame… durant quelque temps. »
    Il paraissait faire une grande concession. Cette concession ne suffit pas à Catherine, qui s’écria :
    « C’est définitivement et pour toujours qu’il faut renoncer à ces escapades. Jusqu’ici j’ai dû fermer les yeux sur ce sujet. Mais maintenant c’est une autre affaire. Ce qui n’était qu’une complaisance, une faiblesse maternelle excusable, deviendrait un véritable crime dont je ne chargerai pas ma conscience. Il me faut une promesse formelle que vous abandonnerez ce déguisement et que vous vous tiendrez désormais chez vous, dans votre Louvre, où, du moins, vous êtes en sûreté parmi vos gardes, vos Écossais, vos Suisses et vos gentilshommes. »
    Assombri, François se mit à marcher avec agitation en murmurant entre les dents :
    « Au Louvre où la mort me guette sournoisement !… »
    Catherine avait l’oreille aussi fine qu’elle avait l’œil perçant. Si bas qu’il eût parlé, elle entendit :
    « Que voulez-vous dire, mon fils ? dit-elle. Vous ne vous sentez pas en sûreté dans votre maison ?… Soupçonneriez-vous vos propres serviteurs ? »
    Une lueur étrange passa dans l’œil de François. Mais comme il tournait le dos à sa mère en ce moment, elle ne put le voir. Ce ne fut qu’un éclair d’ailleurs. François se retourna et d’un air très naturel :
    « Eh ! Non, madame, je ne soupçonne personne… Je ne suis pas comme vous, moi, je ne vois pas partout des complots et attentats. J’ai voulu dire simplement qu’ici je mourrai d’ennui. »
    Il paraissait sincère. Catherine le crut, ou feignit de le croire.
    « Si ce n’est que

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