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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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récompensé, au-delà de mes mérites, par une parole que le roi a bien voulu me dire.
    – C’est beaucoup, en effet ! Cependant un témoignage plus positif de notre gratitude ne ferait pas mal, il me semble. Que diriez-vous, par exemple, de la capitainerie générale du Louvre ?…
    – Le roi veut bien me nommer son chevalier. Je ne vois pas de titre plus honorable que celui-là.
    – Aussi désintéressé que brave et dévoué, fit Catherine, sans insister davantage. Décidément, vous êtes la perle des chevaliers. »
    Il n’y avait pas la moindre raillerie dans sa voix. Peut-être Beaurevers avait-il l’ouïe particulièrement sensible. Peut-être commençait-il à s’impatienter. Toujours est-il qu’il crut percevoir cette raillerie, lui. Et ce fut avec une certaine raideur qu’il releva :
    « Je ne sais si je suis la perle des chevaliers, comme vous le dites, madame, mais je sais que j’ai l’habitude de tenir ce que je promets. Mon père m’a recommandé avant son départ, de veiller sur le roi. Je lui ai engagé ma parole qu’il le trouverait vivant à son retour…
    – M. de Notre Dame vous a fait promettre cela ? interrompit Catherine sur un ton qui attestait qu’elle ignorait ce détail important à ses yeux.
    – Oui, madame… Et c’est surtout pour apprendre cela à Votre Majesté que je suis ici. C’est aussi afin de lui dire ceci, que je crois de nature à calmer ses inquiétudes maternelles : tant que je serai vivant, on ne touchera pas au roi. »
    Il s’était laissé emporter. L’ironie éclatait flagrante dans la manière dont il parlait de ses inquiétudes maternelles. Et sa promesse de veiller sur le roi ressemblait à une menace à peine voilée. Catherine le comprit ainsi, car elle pensa :
    « C’est la guerre !… Eh bien, soit, je ramasse le gant !… Et nous verrons qui de nous l’emportera. »
    Cependant elle ne sourcilla pas. Et ce fut de son même air aimable qu’elle dit :
    « Voilà une assurance qui me rassure plus que tout. Je crois que sous la garde d’une épée aussi vaillante que la vôtre, mon fils n’a, en effet, plus rien à redouter. Cependant, on dit qu’il ne faut pas tenter le diable ; peut-être le mieux serait-il d’obtenir du roi qu’il renonce à ses escapades dangereuses… C’est ce que je vais m’efforcer de lui faire entendre. »
    Elle se leva et, plus aimable, plus souriante que jamais :
    « Je vous remercie, monsieur, de la hâte que vous avez mise à venir calmer mes inquiétudes maternelles. Je compte sur votre infatigable dévouement comme vous pouvez compter sur mon aide, qui dans l’accomplissement de votre mission si particulièrement grave, ne vous fera jamais défaut. Allez, chevalier, et souvenez-vous qu’en ce qui vous concerne personnellement, vous me trouverez toujours dans les mêmes bienveillantes dispositions. »
    Sur de telles paroles il n’y avait qu’à s’incliner et à remercier. C’est ce que fit Beaurevers, qui sortit. En se dirigeant vers l’appartement du roi, il se disait moitié satisfait, moitié mécontent :
    « Je n’ai pas eu le langage net et franc que j’eusse désiré. Mais, au bout du compte, elle m’a fort bien compris. Tout est donc mieux, car, du caractère que je lui connais, il est à peu près certain que M me  Catherine va porter tout son effort contre moi, tout d’abord… Ce qui fait qu’elle laissera quelque répit au petit roi qui, pendant ce temps, n’aura rien à redouter d’elle. C’est un résultat appréciable dont j’ai sujet à me déclarer satisfait. »
    Pendant ce temps, par un autre chemin, Catherine arrivait dans la petite chambre à coucher du roi, au moment où celui-ci y pénétrait sous le déguisement complet qui faisait de lui le comte de Louvre.
    En la voyant, le roi ne put réprimer un geste de contrariété quelle ne parut pas voir. Cette contrariété fit place à un commencement d’inquiétude dès qu’il eut remarqué l’air grave de sa mère et l’émotion contenue qu’elle laissait paraître sur sa physionomie ordinairement fermée.
    « Vous sortez, François ? S’enquit Catherine qui fouillait avec une attention sérieuse les moindres détails du déguisement de son fils.
    – Oui, madame, répondit négligemment François en bouclant soigneusement la longue et forte rapière qu’il venait de prendre.
    – M. de Beaurevers me quitte à l’instant… Vous comprenez qu’il m’a fait part de l’étrange

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