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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pénible. Je n’ai fait que la suivre là où il lui a plu de me mener.
    – Laissons donc le passé enseveli sous les voiles de l’oubli, dit-elle, et parlons du présent. Savez-vous que c’est très mal à Nostradamus de séparer ainsi deux amoureux…
    « Car, on m’a dit que c’est Nostradamus qui a emmené votre fiancée avec lui dans le Midi, je ne sais où.
    – C’est vrai, madame. Mon père a jugé cette séparation momentanée nécessaire. Il avait d’excellentes raisons qu’il m’a fait connaître, d’ailleurs. Mais rassurez-vous, madame, mon père, qui est toute bonté, s’est arrangé de manière à m’adoucir les rigueurs de l’absence.
    – Comment cela ?
    – En venant me visiter chaque jour… En faisant en sorte que celle que j’aime m’apparaisse et me parle chaque jour.
    – Je pense que vous voulez dire qu’ils vous écrivent ! s’effara Catherine.
    – Non, madame, répéta Beaurevers avec force. Je dis bien ce que je dis : mon père et ma fiancée m’apparaissent. Ils me parlent… et je leur réponds. »
    Catherine sentit la terreur superstitieuse s’infiltrer en elle.
    « Mais c’est impossible ! s’écria-t-elle. Votre père et votre fiancée sont à plus de deux cents lieues de vous !
    –  J’ai déjà eu l’honneur de dire à Votre Majesté que rien n’est impossible à Nostradamus », affirma froidement Beaurevers.
    Catherine esquissa à la dérobée un signe de croix avec le pouce et murmura :
    « Magie !… Sortilège !… »
    Beaurevers ajouta d’un air détaché, mais en la regardant en face :
    « Je les vois et les entends… En sorte que si, d’aventure, on voulait se servir d’eux pour m’attirer dans quelque traquenard, le piège serait éventé d’avance. »
    C’était un avertissement que Catherine comprit. Mais elle abandonna précipitamment le mystère, préférant aborder la réalité qui, si redoutable qu’elle fût, lui paraissait sans doute moins effrayante.
    « Dites-moi ce qui vous amène, dit-elle à brûle-pourpoint. Et n’oubliez pas, monsieur de Beaurevers, que ma faveur vous est acquise.
    – Votre Majesté me comble, fit Beaurevers en s’inclinant. Mais je ne viens pas solliciter.
    – Tant pis, tant pis !… J’eusse été charmée de vous être agréable.
    – Madame, j’ai pensé qu’il était de mon devoir de vous aviser au plus vite d’un événement grave qui s’est produit hier, à la tombée de la nuit. »
    Il prit un temps. Catherine attendit, impassible. Beaurevers acheva :
    « M. le comte de Louvre (il insista sur ces mots) a été assailli aux environs de la porte de Nesle et il s’en est fallu de peu qu’il ne fût tué. »
    Instantanément Catherine fut debout. Et, bouleversée, la voix étranglée par l’émotion :
    « Mon fils !… Le roi !… On a osé !… Et je suis là, bien tranquille, ignorant… »
    Elle fit un mouvement pour s’élancer hors de l’oratoire. Beaurevers l’arrêta en disant :
    « Que Votre Majesté se rassure… Le roi n’a rien… pas la plus petite blessure.
    – En êtes-vous bien sûr ?
    – Tout à fait, madame. J’étais là… C’est moi qui l’ai arraché aux coups de ceux qui le voulaient meurtrir. »
    À bout de forces, Catherine se laissa tomber dans son fauteuil, joignit ses mains pâles dans une crispation nerveuse, ferma les yeux. Ainsi, la tête penchée, elle semblait prier ou méditer. Elle ne priait pas. Simplement elle se disait :
    « Rospignac n’a pas trahi, comme je l’ai cru un instant… La chose serait faite maintenant, sans l’infernal Beaurevers… C’est cela qu’il est venu me dire ; j’avais bien deviné. Cet homme est plus dangereux encore que je ne pensais… Il détient des secrets qui lui ont permis de lire dans mon jeu. J’eusse préféré l’avoir avec moi… Il se dresse contre moi… tant pis pour lui. C’est désormais une lutte sans merci, entre nous… Il est fort. Il a toutes les audaces… Mais je suis patiente… et c’est moi qui le briserai. »
    Impassible, Beaurevers attendait qu’elle fût remise et qu’elle reprît l’entretien.
    « Chevalier, dit-elle enfin, nous reviendrons tout à l’heure sur le signalé service que vous avez rendu à moi et à ma maison.
    – Votre Majesté ne me doit rien. Le roi m’avait sauvé la vie. J’ai sauvé la sienne, hier. Nous sommes quittes.
    – C’est votre sentiment, fit Catherine avec un gracieux sourire, ce n’est pas le

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