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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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M. de Rospignac, avant d’être à Votre Majesté, était à M. de Guise. »
    C’était la perche qu’il lui tendait en disant ces mots. Catherine le comprit et elle la saisit vivement.
    « Ah ! ah ! fit-elle. Par ma foi, oui, j’oubliais cette chose capitale : Rospignac a appartenu aux Guises !… Ces mots-là élargissent singulièrement l’horizon… L’ambition de ces Guises est insatiable. L’aîné, François, rêve de changer sa couronne ducale en une couronne royale… Le cadet, Charles, le cardinal, vise la tiare… ni plus ni moins… À eux deux, si on les laissait faire, ils auraient tôt fait d’étendre leurs mains puissantes sur le monde chrétien et de l’étouffer à leur profit. Il y a longtemps que j’ai vu clair dans leur jeu… Et voici que maintenant ils ont placé une de leurs créatures près de moi… Par le Christ crucifié, ce Rospignac n’est pas loin… et je vais… »
    Déjà elle étendait la main vers un marteau d’argent placé à sa portée. Beaurevers l’arrêta en disant :
    « Oserai-je demander à Votre Majesté ce qu’elle va faire ?
    – Donner l’ordre d’arrêter ce Rospignac qui est un traître et un régicide.
    – Mauvais, madame, très mauvais, déclara Beaurevers dont l’œil pétillait. C’est là que nous voyons combien il est fâcheux que ce gentilhomme soit à Votre Majesté. Si vous le faites arrêter pour l’affaire d’hier, MM. de Guise crieront très haut que Rospignac n’est plus à eux, mais à vous.
    – Je vous entends, monsieur. Mais, outre que la mère du roi ne peut être suspectée, il est un adage qui dit que, dans un crime, il faut chercher avant tout celui à qui profite ce crime.
    – Précisément, madame, les Guises vous retourneront l’argument. Le roi François II est mort, c’est son frère Charles, duc d’Orléans, un enfant qui n’a pas dix ans, qui lui succède. Si crime il y a eu, à qui profite ce crime ? À la reine mère, qui devient régente… maîtresse absolue du plus beau royaume de la chrétienté… Voilà, madame, ce que les Guises et leurs partisans ne manqueront pas de crier par-dessus les toits. Et une fois débridés, tenez pour assuré qu’ils ne s’en tiendront pas là.
    – Eh ! monsieur, gronda Catherine, que pourraient-ils dire de plus ?
    – Que ce n’est pas là qu’un commencement, madame. La mort du roi approche du trône, d’un degré, le duc d’Anjou. Que le nouveau roi disparaisse à son tour, et c’est le duc d’Anjou qui lui succède. Or, votre fils Henri, à tort ou à raison, passe pour être le fils préféré de Votre Majesté… Vous avez dit, madame, que la reine mère ne peut être suspectée. Vous eussiez pu ajouter qu’elle ne doit pas être éclaboussée… Ce qui se produira immanquablement si vous faites arrêter le baron de Rospignac. »
    Ayant dit, Beaurevers se tint raide, impassible, dans une attitude irréprochable. Intérieurement, il se félicitait.
    « Par Dieu ! je savais bien que je te ferais entendre ces quatre vérités. Maintenant, rage, écume, si tu veux, je n’en ai cure. J’ai vidé mon sac. »
    Catherine se disait de son côté :
    « Impossible de dire plus clairement qu’il m’a devinée… Et je ne puis rien… Jouée ! Moi, Catherine de Médicis, j’ai été jouée par un jeune homme de vingt ans !… Et je suis obligée d’entendre, le sourire aux lèvres, les abominables accusations qu’il ose porter contre moi… mais patience, j’aurai ma revanche… L’heure sonnera où ce misérable truand qui se donne des airs de gentilhomme payera d’un coup toutes ses insolentes bravades. »
    Et, tout haut, d’air aimable :
    « Je crois qu’en effet vous avez raison. Eh bien, soit, Rospignac ne sera pas inquiété pour cette affaire. Mais je ne le veux plus à mon service. Je vais le congédier. »
    « Bon, sourit Beaurevers à part lui, tu n’en feras rien. »
    Il ne se trompait pas. Déjà Catherine rétractait :
    « Ou plutôt non, je le garde. Mais je le fais surveiller de près. Et, à la première faute, je le brise impitoyablement. »

IX – LA REINE MÈRE
    Changeant soudain de conversation, Catherine prononça de son air le plus aimable :
    « Parlons de vous, maintenant. Voyons, vous avez sauvé votre roi. Je cherche quelle récompense, digne de vous, je pourrais vous offrir. »
    Très froid, Beaurevers déclina :
    « Que votre Majesté ne se mette pas en peine de cela. Je suis déjà

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