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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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mien. Nous reviendrons là-dessus, vous dis-je… Vous connaissez le roi, chevalier : très jeune, il a la folie insouciante de son âge. Brave, d’ailleurs, un vrai Valois, pour tout dire, il est certain qu’il ne pense déjà plus à ce qui est arrivé, hier. Mais, par le sacré sang du Christ, je ne veux pas qu’on me tue mon fils, moi ! C’est donc à moi de veiller sur lui. C’est à moi de faire ce qu’il négligera de faire, lui. Et, pour commencer, il faut tirer cette affaire-là au clair. Veuillez donc me dire comment les choses se sont passées et ce qu’il y a eu au juste.
    – D’autant plus volontiers, madame, que c’est en partie pour cela que me suis permis de solliciter de vous une audience particulière à une heure aussi matinale. »
    Et Beaurevers commença aussitôt le récit de l’agression à laquelle le comte de Louvre avait failli succomber. Mais dès les premiers mots, il se trouva arrêté par cette pensée qui lui vint tout à coup :
    « Diable, si je le nomme le vicomte de Ferrière, c’est sa condamnation à mort que je prononce… Catherine ne lui pardonnera pas d’avoir aidé à faire échouer son entreprise… Diable, diable !… Oui, mais Catherine sera informée, avant longtemps. Si je ne le nomme pas, j’aurai donc l’air d’avoir voulu garder pour moi tout le mérite. Heu ! Voilà qui ne saurait me convenir. Mais au fait, puisqu’elle saura quand même, autant vaut prendre les devants… D’ailleurs, si besoin est, je réparerai le mal que j’aurai causé. »
    Cette réflexion que fit Beaurevers commença, par ces mots :
    « Il convient de dire, avant tout, qu’avant moi un brave et digne gentilhomme s’était élancé au secours du comte de Louvre. Sans ce gentilhomme, je serais arrivé trop tard.
    – Le nom de ce brave ?
    – Le vicomte de Ferrière, madame.
    – Le fils du vidame de Saint-Germain ?
    – Je crois que oui, madame.
    – Le vicomte de Ferrière a-t-il pénétré la véritable personnalité du comte de Louvre ?
    – Je puis affirmer à Votre Majesté qu’il ne l’a pas soupçonnée un seul instant. Le vicomte est un vrai chevalier. Il a vu un homme aux prises avec plusieurs. Il est venu à la rescousse. Il eût fait de même si l’homme avait été un bourgeois ou un manant. C’est une nature généreuse, madame.
    – Nous nous occuperons du vicomte de Ferrière, assura Catherine avec un sourire et une intonation sinistres. Continuez, monsieur. »
    Beaurevers continua son récit qui, d’ailleurs, fut bref. Quand il eut terminé, Catherine en tira la conclusion :
    « De ce que vous venez de dire, il ressort que le comte de Louvre a eu affaire à une bande de détrousseurs. Ce n’est pas un attentat dirigé contre le roi. C’est un accident. »
    Elle signifiait péremptoirement sa volonté formelle de croire à un accident. Elle la signifiait sur un ton qui était de nature à écarter toute idée de discussion. Peut-être espérait-elle ainsi mettre Beaurevers dans l’impossibilité de dire ce qu’il était venu dire. Beaurevers parla quand même :
    « Ce n’est pas à la reine que je m’adresse, dit-il avec calme ; c’est à la mère. La mère du roi – du roi dont la vie est menacée… Et sûr d’être compris et approuvé, je lui dis : Prenez garde, madame, vous commettez une erreur qui peut avoir d’irréparables conséquences, en croyant à un accident. Nous sommes en présence d’un attentat qui se renouvellera si nous n’y prenons garde. »
    Furieuse d’être contrainte à une discussion qu’elle voulait éviter, Catherine se fit glaciale, et avec une lenteur calculée :
    « Prenez garde à votre tour, monsieur. Ce que vous dites est plus terrible peut-être que l’erreur que je commets, selon vous… car enfin… nous ne sommes que trois qui connaissons la véritable personnalité du comte de Louvre : moi, Griffon, le valet de chambre de confiance du roi, et vous. »
    Beaurevers rectifia froidement :
    « Votre Majesté se trompe encore : nous sommes quatre.
    – Quatre ! s’étonna Catherine. Qui est ce quatrième que j’ignore ?
    – C’est mon père : Nostradamus.
    – Nostradamus !… Comment Nostradamus connaît-il ce redoutable secret ? » s’écria Catherine.
    Et, soupçonneuse :
    « Est-ce vous qui le lui avez révélé ?
    – Ah ! madame, protesta Beaurevers avec un sourire dédaigneux, vous ne le pensez pas… Vous n’ignorez pas pourtant que je sais

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