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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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même, monseigneur.
    – Eh bien, prononça le cardinal avec un air de souverain mépris, je vous réponds que ce misérable truand ne se mêlera plus désormais de ce qui ne le regarde pas. »
    Il allongea la main vers un marteau d’ivoire et frappa sur un timbre. À l’huissier de service qui se présenta aussitôt, il commanda :
    « Qu’on fasse venir le capitaine de Malicorne. »
    Ayant donné cet ordre, il fit un signe à Rospignac qui ramena le pan de son manteau sur le visage et alla se dissimuler dans une embrasure.
    Le capitaine de Malicorne entra. C’était un colosse, c’était une brute. Voilà son portrait en deux mots {6} .
    « Capitaine, fit le cardinal d’un ton bref, connaissez-vous un certain Beaurevers ?
    – Rude compagnon… Je connais, monseigneur.
    – Cet homme me gêne… Il faut que dans quarante-huit heures il ait cessé de me gêner.
    – Rude besogne… On la fera.
    – Allez, Malicorne ! »
    Malicorne pivota sur les talons et sortit.
    Dès qu’il eut disparu, Rospignac revint prendre sa place devant le cardinal qui lui dit :
    « Maintenant, Rospignac, Malicorne nous débarrassera de Beaurevers. Tenez ceci pour assuré.
    – Il ne s’agit pas de Beaurevers, déclara froidement Rospignac. Il s’agit en même temps du comte de Louvre. Je crois, monseigneur, que l’idée qui m’est venue est de nature à nous débarrasser à tout jamais de ces deux personnages. La mise à exécution de cette idée n’assurera pas que la disparition de Beaurevers… elle assure en même temps – et je crois que ceci vous intéresse particulièrement – l’ouverture de la succession au trône.
    – Expliquez-vous, Rospignac… Et si ce que vous dites est vrai… votre fortune est faite. »
    Rospignac, très maître de lui, contourna la table, s’approcha du cardinal de Lorraine jusqu’à le toucher, et dans un souffle se mit à lui parler à l’oreille. Et à mesure qu’il parlait, le visage du cardinal s’animait d’une joie délirante qui finit par déborder.
    « Sang Dieu ! s’écria-t-il en frappant du poing sur la table, voilà une idée magnifique, ou je ne m’y connais pas !…
    – Ainsi, monseigneur, vous m’approuverez, bien que le moyen soit scabreux ?
    – Des deux mains, exulta le cardinal, et tenez… »
    Il allongea la main et prit deux parchemins sur lesquels il traça quelques mots d’une écriture fine et élégante, et les tendant à Rospignac :
    « Voici, dit-il, un bon de vingt mille livres sur notre caisse. Ce bon est payable à présentation. Vous pouvez le faire toucher séance tenante s’il vous plaît. Voici un autre bon de deux cent mille livres. Si l’affaire réussit, vous me présenterez ce bon, je le daterai et les deux cent mille livres vous seront acquises. Il est bien entendu que ceci ne change rien à nos conventions, qui subsistent dans toute leur intégralité. »
    Rospignac s’empara des deux bons et s’inclinant :
    « Vous êtes, monseigneur, d’une munificence vraiment royale. »
    Et, se redressant, avec une autorité que le cardinal n’eût certes pas tolérée en toute autre circonstance :
    « Il me faut les pouvoirs nécessaires pour disposer des forces civiles et militaires. »
    Sans faire la moindre objection, le cardinal saisit deux parchemins revêtus des sceaux et signatures nécessaires et écrivit de sa propre main :
    Ordre à M. de Nantouillet, prévôt royal, d’obéir au porteur des présentes en tout ce qu’il lui plaira d’ordonner en notre nom.
    C’était signé, Charles, cardinal de Lorraine.
    Le deuxième ordre, qui s’adressait à « M. le prince de la Roche-sur-Yon, gouverneur de Paris », était en tous points semblable. Sauf qu’il était signé : François de Guise.
    Rospignac prit les deux ordres, les lut attentivement et les serra dans son pourpoint, puis il sortit à demi fou de joie.

XIV – ROSPIGNAC SE RELÈVE
    Ce fut un vrai soulagement pour Beaurevers de voir reparaître Rospignac. La faction lui avait paru terriblement longue et fastidieuse. Il laissa le baron prendre une certaine avance et il se mit encore une fois à ses trousses.
    Rospignac s’arrêta en route, une première fois chez un armurier où il fit emplette d’une épée et d’une dague. On se souvient que son épée s’était brisée au cours de son duel avec Beaurevers. Quant à son poignard, il avait dédaigné de le ramasser dans le ruisseau où son adversaire l’avait envoyé rouler. Il

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