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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’arrêta une deuxième fois chez un herboriste. Il y fit laver la balafre produite par le coup de Beaurevers et qui sans doute l’incommodait plus que de raison. Il sortit de là avec un bandeau sur la joue.
    Il n’y eut pas d’autre arrêt et Beaurevers put constater qu’il ne s’était pas trompé en voyant que Rospignac s’engageait sur le quai des Augustins. Comme il savait à quoi s’en tenir, il n’alla pas plus loin, se contentant de suivre Rospignac des yeux. Il fut rejoint par ses quatre compagnons, qui n’avaient pas cessé un instant de suivre son sillage et qui, sur un signe de lui, précipitèrent l’allure pour le rattraper.
    Comme dans la matinée, Rospignac vint frapper d’une façon particulière à la porte de derrière de l’hôtel de Saint-Germain, et, comme le matin, la porte s’entrebâilla aussitôt, tirée par le vidame en personne. En suite de quoi elle se referma vivement et sans bruit.
    Alors, Beaurevers, qui, de loin, surveillait cette porte, s’approcha flanqué de ses quatre fidèles. Le quai était désert à souhait. Les cinq hommes vinrent s’arrêter, non pas devant la porte par où Rospignac venait d’entrer, mais devant celle de l’hôtel de Ferrière.
    Le mur était très élevé, nous l’avons dit. Mais à trois pas de la porte se voyait une borne, une sorte de montoir. Ce fut devant ce montoir que Beaurevers, qui avait son plan dressé d’avance, conduisit Bouracan, à qui il dit, sans plus d’explication :
    « Monte là-dessus, et tiens-toi, solidement. »
    Le colosse obéit sans faire la moindre observation et se cala fortement sur le montoir, le dos au mur. Trinquemaille prêta son dos à Beaurevers qui, d’un bond souple et léger, se trouva porté sur les épaules de Bouracan.
    Mais il eut beau se hausser sur la pointe des pieds, il ne put atteindre la crête du mur.
    Alors Trinquemaille qui, ainsi que ses camarades, suivait attentivement la manœuvre, dit quelques mots à Bouracan. Le colosse enserra les chevilles de Beaurevers dans ses énormes poings et le souleva doucement à bout de bras.
    Quelques secondes plus tard, le chevalier se laissait tomber dans le jardin du vicomte de Ferrière.
    D’un bond, il fut sur la porte la plus rapprochée, une des trois portes qui établissaient la communication entre la demeure du père et celle du fils. Comme il l’espérait, les verrous n’étaient pas poussés.
    Il passa sans difficulté aucune dans le jardin du vidame.
    Il arriva juste à point pour voir Rospignac franchir les degrés d’un perron, en compagnie d’un vieillard de haute taille, d’apparence très vigoureuse encore, et qui, sous un opulent costume de velours violet, avait un air de majesté calme et sereine qui imposait le respect le plus profond. Ce vieillard était le père du vicomte de Ferrière.
    Beaurevers se glissa sans bruit et parvint au pied du perron sans que le moindre crissement de gravier trahît sa présence. Le temps était chaud ; une porte d’un rez-de-chaussée surélevé était grande ouverte. Par cette porte ouverte, le chevalier vit le vidame assis dans son fauteuil seigneurial, surmonté de ses armoiries. Rospignac se tenait respectueusement debout devant lui.
    D’une voix grave, très douce, le vidame parle :
    « Qu’est-ce que cela, Rospignac ? Quand je vous vis ce matin, vous n’aviez pas, ce me semble, ce bandeau sur le visage. Vous vous êtes donc battu depuis ? Vous avez été blessé ?
    – On échange des horions…, on en donne… on en reçoit quelques-uns aussi… Ne vous inquiétez pas pour si peu, monseigneur. »
    Sans percevoir l’ironie amère qui perçait sourdement dans ces paroles, le vidame, de sa même voix grave, avec sa politesse un peu distante, autorisa :
    « Je vous permets de vous asseoir, monsieur mon cousin. J’ai éloigné mes gens, dit-il ; le vicomte est hors de chez lui, nul ne viendra nous troubler ; nul ne peut nous entendre. Parlez donc, Rospignac. Je vous écoute avec la plus grande attention. »
    Et Rospignac parla. Il parla même assez longtemps, car l’entretien fut long. Ce qui fut dit, ce qui fut décidé, nous ne tarderons pas à le savoir sans doute. Pour l’instant, contentons-nous de savoir que Beaurevers ne perdit pas une seule des paroles qui furent échangées là.
    Lorsqu’il vit que l’entretien était terminé, il sortit de sa cachette.
    Une fois dehors, Beaurevers commença par s’éloigner vivement de l’hôtel. Il ne tenait pas,

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