Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
Vom Netzwerk:
place parce que, sous la croix qui se dressait vers le milieu de cette place, face à la Seine, il venait d’apercevoir Trinquemaille et Corpodibale ensemble. Les deux compagnons lui montrèrent de la main la rue de la Tannerie {5} .
    Il s’engagea donc dans cette rue et ne tarda pas à voir Rospignac qui, le nez dans le manteau, marchait sans trop se presser.
    Dès lors, il n’avait plus qu’à suivre le baron. Ce qu’il fit.
    Rospignac traversa la Cité, prit la grande rue Saint-Jacques, tourna à droite dans la rue des Mathurins et vint finalement s’arrêter devant un hôtel de belle apparence, où il entra, non sans s’être assuré que personne ne le suivait.
    Cet hôtel, c’était l’hôtel de Cluny, demeure habituelle du cardinal de Lorraine.
    Beaurevers passa devant cet hôtel sans s’arrêter et poursuivit son chemin vers la grande rue de la Harpe. Il avait l’air très occupé. De fait, il se disait en marchant :
    « Rospignac se rend aux ordres de Son Éminence… Ceci c’est un point acquis. Oui, mais à quelle besogne louche le cardinal peut-il employer ce misérable ?… Voilà ce qu’il importe essentiellement de savoir. Tudiable ! je donnerais de grand cœur deux doigts de la main pour pouvoir pénétrer là-dedans et entendre ce qui va se dire… Malheureusement, ceci est une entreprise irréalisable… Et pourtant, il faut absolument que je sache… il y va du salut du petit roi… car c’est lui qui est visé, cela aussi ne souffre aucun doute… Voyons, quand je me rongerai les sangs, à quoi cela m’avancerait-il ?… Rospignac est là, c’est la preuve certaine de ce que je soupçonnais sans en être bien sûr, à savoir qu’il est demeuré, malgré les apparences, l’homme de MM. de Guise. C’est déjà quelque chose d’avoir appris cela… mais c’est insuffisant.
    « Il faut en prendre son parti : je suivrai Rospignac partout où il lui plaira de me conduire, fût-ce au diable… Qui sait si quelque indice, insignifiant en apparence, ne viendra pas me mettre sur la voie ? »
    Ayant pris cette décision, Beaurevers ramena soigneusement le pan du manteau sur le visage et vint se blottir dans une encoignure, au coin de la rue de Sorbonne, résolu à attendre là, coûte que coûte, la sortie de celui qu’il suivait pas à pas depuis de longues heures.
    Ce n’était certainement pas la première fois que Rospignac pénétrait dans la vaste et somptueuse demeure des abbés de Cluny. En effet, il évoluait là-dedans comme quelqu’un qui connaît parfaitement la disposition des lieux. Et ce fut par un chemin détourné, à travers des couloirs étroits et sombres où il ne rencontra personne, qu’il parvint à une antichambre.
    Il devait être attendu, car il fut introduit presque aussitôt dans un vaste cabinet.
    Charles de Guise, cardinal de Lorraine, pouvait avoir trente-cinq ans. C’était ce que l’on est convenu d’appeler un bel homme.
    Assis devant une grande table encombrée de paperasses, le cardinal travaillait fiévreusement aux affaires du royaume.
    En voyant Rospignac qui s’inclinait profondément devant lui, le cardinal interrompit aussitôt sa besogne, et avec une vivacité qui indiquait l’importance qu’il attachait à cette question :
    « Eh bien, Rospignac ?
    « Eh bien, monseigneur, j’ai vu ce matin mon très noble cousin, le vidame de Saint-Germain… »
    Il prit un temps, comme un comédien qui ménage un effet, et il acheva :
    « Je crois, monseigneur, que vous pouvez considérer l’affaire comme faite. »
    L’effet attendu ne manqua pas de se produire : le cardinal eut un profond soupir de soulagement et son visage s’éclaira. D’ailleurs, il manifesta ouvertement sa satisfaction :
    « Voilà une heureuse nouvelle ! Il était de la plus haute importance pour nous de nous attacher M. le vidame de Saint-Germain, duc de Ferrière… Cette négociation, si rondement menée à bonne fin, vous fait le plus grand honneur, Rospignac… Et il vous en sera tenu grand compte quand l’heure – prochaine, je l’espère – sera venue de régler nos dettes.
    – Vous exagérez mes mérites, monseigneur, fit Rospignac avec une fausse modestie. Le succès est dû à votre superbe générosité : il était impossible que le vidame ne fût pas ébloui par les conditions vraiment magnifiques que vous lui faisiez.
    – M. le vidame de Saint-Germain, j’imagine, a dû vous charger de nous dire quelque chose de

Weitere Kostenlose Bücher