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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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déclarer.
    Et en effet, des tourbillons épais d’une fumée noire s’échappant sans discontinuer par la brèche du toit, annonçaient le travail lent de la combustion. Les flammes ne tarderaient pas à suivre, et alors la maison entière serait devenue un gigantesque brasier.
    C’est pourquoi, avec ce qui lui restait d’hommes valides, Guillaume Pentecôte ne bougeait pas de devant la maison incendiée. Il voulait s’assurer par lui-même qu’aucune de ses victimes n’échapperait à la catastrophe. Et il s’était résolu à ne quitter la place que lorsque la maison calcinée serait changée en un amas de décombres.

XXIV – PRÉPARATIFS DE BATAILLE
    Là-haut, au moment où l’explosion s’était produite, Beaurevers et ses compagnons avaient été renversés pêle-mêle. Cependant Beaurevers avait eu le temps de saisir François dans ses bras et de lui faire un rempart de son corps.
    Ils étaient tombés ainsi les uns sur les autres, et ils étaient demeurés ensevelis sous l’avalanche de matériaux qui s’était abattue sur eux. Étourdis par la violence du choc, ils furent un moment sans donner signe de vie.
    Ce fut Beaurevers qui revint à lui le premier. Il se dégagea facilement et attira François à lui. Il eut la joie de constater que le roi n’était pas blessé : rien, pas une écorchure. Il n’était pas évanoui, ni ses compagnons.
    D’abord Beaurevers s’était précipité à la fenêtre. La corde s’y trouvait toujours. Bouracan remontait en toute hâte, à la force des poignets, avec une agilité qu’on n’eût pas soupçonnée chez un homme de sa taille. En remontant, il montrait une face effrayante, ravagée par la douleur. Il aperçut aussitôt Beaurevers qui se penchait, et il s’arrêta. Ses traits convulsés se détendirent, un immense sourire fendit sa bouche jusqu’aux oreilles, et il soupira, ravi :
    « Mon Dieu !… »
    Au-dessous de lui, dans le jardin, Ferrière dressait vers le haut de la maison un visage presque aussi bouleversé.
    Beaurevers lui adressa un geste destiné à le rassurer. Et lui aussi, il laissa éclater sa joie. Et tout de suite il recommença sa pantomime expressive qui disait :
    « Dépêchez-vous. »
    Beaurevers lança quelques mots à Bouracan, suspendu dans le vide. Et, au lieu de continuer son ascension, le colosse se laissa glisser vivement en bas.
    Beaurevers se fit attacher solidement sous les aisselles et pendant que Trinquemaille, Corpodibale et Strapafar s’acquittaient avec soin de cette besogne dont ils comprenaient l’importance, il expliquait de son air froid, en s’adressant aux protestants :
    « Vous comprenez, messieurs, que l’événement qui vient de se produire change mes dispositions… Je descends le premier. »
    Il se trouvait ainsi attaché vers le milieu de la corde que ses trois fidèles tenaient à pleines mains. Il saisit François de ses bras puissants, et se laissait aller dans le vide. Ses trois compagnons laissèrent aller doucement la corde, et les deux officiers se joignirent spontanément à eux. En bas, Bouracan tout seul, sans effort apparent, aidait à la manœuvre en tendant la corde et en s’éloignant du mur contre lequel ils seraient venus se heurter sans cette précaution.
    Quelques secondes plus tard, ils foulaient la terre meuble du jardin.
    Bientôt tous leurs compagnons furent à leurs côtés.
    Ils se dirigeaient vers le mur qui séparait les jardins du Chemin-aux-Clercs des jardins de la rue des Marais. En route, Ferrière en profita pour expliquer son arrivée si opportune.
    On se souvient qu’il était parti de la rue Froidmantel pour aller voir Fiorinda. Il était arrivé rue des Marais au moment où la jeune fille était déjà prisonnière de la bande de Guillaume Pentecôte. Il l’ignorait naturellement et il avait frappé plusieurs fois à la porte.
    Ne recevant pas de réponse, il en avait conclu qu’elle n’était pas chez elle.
    Or, comme il mettait le pied dans la rue de la Seine, il s’était brusquement trouvé face à face avec celle qu’il cherchait. Et c’était elle qui l’avait abordé et qui, tout à trac, lui avait révélé dans quelle situation périlleuse se trouvaient ses amis.
    Alors, sans lui laisser le temps de placer un mot, elle lui avait expliqué ce qu’il avait à faire et montré le chemin par où il devait passer pour entrer en communication avec eux. Puis elle l’avait quitté en disant qu’elle avait une course de la plus grande

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