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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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rapidité de l’ouragan. Sans trêve, son bras se levait et s’abattait. Et les deux gestes étaient si vifs qu’ils semblaient n’en faire qu’un. Et chaque fois que la terrible barre de fer s’abattait, un homme tombait.
    Ferrière, François et ses quatre gardes du corps, les deux officiers, le secondaient vaillamment. Et dès maintenant ils pouvaient se considérer comme maîtres du champ de bataille.
    Les estafiers de Rospignac étaient battus. Jusque-là, c’était une simple défaite. Une défaite honorable. La défaite se changea en déroute.
    Les protestants, plus nombreux et mieux armés avaient eu vite raison du groupe que Pentecôte leur avait opposé pour les éloigner du lieu où devait se dérouler l’action principale, celle qui avait le plus d’importance à ses yeux.
    N’ayant plus personne devant eux, ils se retournèrent face à Beaurevers.
    Au moment où les protestants tombaient sur le dos du groupe de Guillaume Pentecôte, un coup de sifflet strident partit soudain de la rue de Buci. Il est évident que c’était un signal, car, aussitôt, Pentecôte répondit à ce coup de sifflet par un autre, modulé d’une manière différente.
    Immédiatement après avoir lancé son coup de sifflet, sans s’occuper de ses hommes, Guillaume Pentecôte tourna les talons et s’enfuit à toutes jambes dans la direction de la rue des Boucheries. Tous ses compagnons encore vivants firent de même, s’éparpillèrent dans toutes les directions, hormis la rue de Buci, par laquelle aucun d’eux ne passa.
    Emportés par l’ardeur de la lutte, animés peut-être d’un désir de vengeance naturel chez des gens en butte aux persécutions les plus abominables, les protestants se lancèrent à leurs trousses, résolus à ne pas faire de quartier.
    Beaurevers et ses compagnons demeurèrent seuls, maîtres du champ de bataille, à quelques pas du pilori, Montarrac et Liverdac étaient avec eux.
    « Victoire ! exulta François, victoire complète !… Et quelle bataille !… Une vraie bataille, sur ma foi !… Regardez donc, chevalier… »
    Il n’acheva pas. Ses yeux venaient de se fixer sur Beaurevers, et la vue de son vaillant garde du corps avait fait sombrer sa joie puérile, brusquement changée en inquiétude.
    Et ses compagnons, joyeux comme lui, se sentirent soudain glacés, en proie à un malaise inexplicable.
    Ah ! Il ne chantait pas victoire, lui, Beaurevers !
    Livide, hérissé, exorbité, effrayant, il apparaissait comme la figuration de la rage et du désespoir.
    Et comme son œil sanglant se tenait obstinément fixé sur la rue de Buci, ils se tournèrent tous par là, regardèrent et écoutèrent.
    Et ils entendirent ce que le brouhaha de la lutte les avait empêchés de percevoir jusque-là : le roulement de tonnerre d’une nombreuse troupe de cavaliers lancés au galop. Et ils virent cette troupe qui, par files de quatre, venait droit à eux, à toute bride.
    « Les gardes du roi ! Murmura un des deux officiers, diable !…
    – Oui, les gardes ! gronda Beaurevers, dans un accès de fureur indicible. Et voilà pourquoi tous ces sacripants se sont envolés subitement comme une bande d’oiseaux de proie effarouchés. Ils savaient, eux ! Ce coup de sifflet qui m’avait intrigué, c’était pour les avertir de l’arrivée des gardes du roi ! »
    Et, avec un éclat de rire de dément :
    « Damnation !… Les gardes à présent !… Mais quel démon d’enfer s’acharne donc ainsi après moi aujourd’hui ?… »
    Et il se rendait compte que ce dernier coup, il n’aurait pas la force de le parer. Car c’était toute une compagnie : cent hommes qui lui tombaient ainsi sur les bras, au moment où il pouvait se dire que tout était fini.
    Pardieu, il savait bien qu’un geste de François suffisait à faire rentrer ces gardes sous terre. Et c’était précisément ce qui l’enrageait en l’humiliant profondément.
    Beaurevers mettait son orgueil à sauver le comte de Louvre par ses propres moyens à lui. C’était pour cela qu’il avait surmonté tant d’obstacles, bravé tant de périls. Avant l’action, il avait pu conseiller au roi de se faire reconnaître, d’envoyer chercher du renfort. Et il avait eu d’autant plus de mérite à donner ce conseil de prudence qu’il n’était pas dans ses habitudes de se montrer prudent pour lui-même.
    Mais maintenant qu’il avait engagé la lutte et qu’il en était sorti à son avantage, se voir acculer à

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