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Le Pré-aux-Clercs

Titel: Le Pré-aux-Clercs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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profondément remué, je dis que voilà deux braves !… Et ce qui est mieux encore, deux hommes de cœur ! »
    Les deux officiers s’inclinèrent devant lui, comme des gentilshommes qui remercient un égal d’un compliment flatteur. Puis ils se retournèrent vers Beaurevers et reprirent devant lui l’attitude raide des soldats.
    Quant à Beaurevers, il prononça d’une voix changée :
    « Messieurs, vous avez tenu beaucoup plus que vous n’aviez promis, beaucoup plus que vous ne deviez. C’est moi qui maintenant, suis devenu votre obligé. Vienne l’occasion, et j’espère vous montrer comment le chevalier de Beaurevers sait acquitter une dette du genre de celle qu’il a contractée envers vous. C’est pour vous dire que je n’ai plus d’ordres à vous donner. Et que c’est moi qui me tiendrai pour très honoré de recevoir les vôtres, si votre intention, comme je le vois, est d’administrer à cette bande de mauvais garçons que je vois là-bas la correction qu’ils ont si bien méritée. »
    Pendant cet échange de politesse, la troupe de huguenots s’était approchée en ordre de bataille. D’un côté du pilori se tenaient ces huguenots, de l’autre côté se trouvaient Guillaume Pentecôte et ses bandits.
    On pouvait se demander comment il se faisait que la bataille n’était pas encore engagée. C’est que Guillaume Pentecôte hésitait. Le truand voyait bien qu’il avait pour lui la supériorité du nombre. Mais il voyait aussi que les protestants avaient, pour la plupart, la cuirasse. Ce qui, dans un combat à l’arme blanche, constituait un avantage appréciable. Ensuite il était parfaitement fixé sur le compte de la valeur des sacripants qu’il avait entraînés à sa suite. Bons pour l’assassinat et le pillage, il savait que les deux tiers au moins de ces bandits détaleraient comme des lièvres lorsqu’il faudrait en venir aux mains avec des hommes bien équipés, bien armés, et fort résolus, comme l’étaient ceux-là.
    Il ne pouvait donc compter que sur ses hommes à lui. De ceux-là, il était sûr. Mais alors c’était lui qui se trouvait en infériorité et qui avait toutes les chances d’être battu.
    Guillaume Pentecôte avait calculé tout cela. Il est probable que, ne se sentant pas en force, il aurait décliné le combat et battu prudemment en retraite… quitte à revenir quand les damnés huguenots se seraient retirés.
    Mais justement, au moment où il allait prendre cette décision, Beaurevers et le comte de Louvre s’étaient montrés. Il n’était plus possible de tergiverser. Encore moins de se dérober. D’autant qu’il savait bien que Rospignac guettait du haut de sa lucarne et qu’il ne lui pardonnerait pas de n’avoir pas fait l’impossible pour mener à bien la mission qui lui était confiée. Et il avait aussitôt pris ses dispositions pour le combat.
    Cependant les gentilshommes huguenots éprouvaient une certaine répugnance à se battre avec ce ramassis de gens de sac et de corde.
    Un d’eux s’avança et d’un ton hautain cria :
    « Holà ! Truands, déguerpissez, si vous ne voulez être étrillés d’importance. »
    Une formidable bordée d’injures accueillit cette sommation. Et aussitôt après les cris de mort :
    « À mort les parpaillots ! Au feu les hérétiques ! Tue ! Tue ! Sus aux parpaillots ! »
    C’était le meilleur moyen d’exaspérer les protestants. Ils répondirent par un autre cri :
    « Mort aux papistes ! »
    Et la bataille commença sans désemparer.
    Ce que Guillaume Pentecôte avait prévu se produisit aussitôt : la bande de détrousseurs qui s’étaient joints à lui se voyant en présence de forces imposantes et bien organisées, se volatilisa comme par enchantement. Il ne resta peut-être pas dix de ces chenapans en tout. D’ailleurs, Pentecôte ne s’occupa pas d’eux. Il avait décidé de ne compter que sur ses hommes.
    Tout de suite ce fut la mêlée. Les protestants, qui manœuvraient comme des soldats, s’étaient immédiatement divisés en trois groupes. Chacun de ces trois groupes fonça, pénétra dans la bande hurlante comme trois coins de fer s’enfoncent dans le bois en le disjoignant et le brisant.
    La manœuvre fut d’autant plus facile que Guillaume Pentecôte avait, lui, divisé sa troupe en deux groupes. Le premier de ces groupes devait tenir tête au gros des assaillants. Et celui-ci céda instantanément, recula, dans la direction des rues de Buci et des

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