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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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quarante-cinq dont il entoura le Roi jour et
nuit pour le protéger des assassinements.
    Le soir même de cette grande chute
d’Épernon, je revis le Roi à son coucher et sous prétexte de lui prendre le
pouls, entrai en son alcôve et lui contai par le menu ce que j’avais appris de
mon père touchant le conseil secret du Roi de Navarre.
    — Si pensé-je, dit à la parfin
le Roi, l’air rêveux et songeard, que nous ne pourrons que nous ne soyons un
jour alliés, lui et moi. Désunis, nous serions détruits, l’un après l’autre.
Unis, nous détruirons.
     
     
    Mundane étant fort impatient de
regagner Paris pour remettre à my Lord Stafford une missive que Navarre lui
avait confiée pour la Reine, et moi-même me languissant grandement, après ces
trois mois écoulés, de mon Angelina et de mes beaux enfants, je demandai mon
congé au Roi, ne désirant pas délayer en Lyon tout le temps qu’Épernon et
lui-même y voulaient rester pour assister aux fêtes qui s’y donnaient en leur
honneur, le Roi étant raffolé de ces amusements, surtout quand il s’y trouvait
du théâtre, des ballets et de la poésie.
    C’est assez mal volontiers qu’Henri
m’accorda mon congé, craignant, disait-il, pour ma sûreté, y ayant dans le plat
pays, depuis le début des troubles, d’infinis brigands, lesquels embûchaient
les voyageurs, ne leur laissant que leurs mortelles dépouilles et leurs âmes.
Je représentai à Sa Majesté que nous étions quatre, fort bien garnis en
pistolets et fort rompus au jeu de l’épée, sans compter mon valet Miroul qui
lançait le cotel comme pas un fils de bonne mère en France, mais le Roi qui
avait l’âme d’un père pour ses serviteurs (encore qu’il eût mon âge) n’en
voulut rien ouïr, et quasi de force forcée me donna un sergent et trois gardes,
pour venir en renfort de ma petite troupe, sans compter une somme de cent écus
(pour pourvoir aux dépens) lesquels le grand Rabbi, en me les comptant, me
rabattit à soixante-quinze. L’étonnant, après cela, que les trésoriers du Roi
fassent de telles énormes fortunes qu’ils peuvent dans les occasions, prêter
des pécunes à Sa Majesté, lesquelles, à y regarder de près, ne sont autres que
les siennes !
    Ce sergent s’appelait Delpech et
avait vu le jour dans le Sarladais, ce qui me le rendit cher, comme bien on
pense, outre qu’il était, à la manière périgordine, aimable et serviciable, sans
autre défaut qu’un penchant à la bouteille. Mais quant à moi je me fusse bien
passé de lui, et de ses trois hommes, lesquels portant la livrée du Roi, nous
signalaient comme appartenant à Sa Majesté, ce qui ne laissait pas de me faire
regarder d’un mauvais œil par les guisards partout où nous passions, et me
donnait quelque malaise, d’autant que j’eus le sentiment une fois ou deux,
d’être suivi sur le grand chemin de Lyon à Paris, sentiment qui se confirma
quand, tournant bride, avec ma petite troupe pour affronter les suiveurs, je
les vis, eux aussi, faire demi-tour et détaler : circonstance qui me donna
fort à penser, sachant bien que les brigands s’embûchent en avant de vous, en
quelque bois ou derrière quelque pont – et non derrière, pour ce que, venant
à votre queue, ils ne peuvent ni véritablement vous surprendre, ni même vous
rattraper, leurs montures d’ordinaire ne valant pas celles des gentilshommes.
Il fallait donc que mes suiveurs fussent d’une bien autre espèce que les
caïmans des routes et eussent bien d’autres raisons de garder le nez sur notre
piste que l’appétit à nos clicailles, à nos bagues et à nos chevaux.
    J’en conçus tant d’alarme que je
débattis avec mon Giacomi si, quittant le grand chemin, où il serait toujours
loisible à nos poursuivants de nous joindre à l’étape, nous ne devions pas,
afin de brouiller le nez de nos chiens, prendre par le plus long pour rejoindre
Paris. Mais Giacomi opina au rebours, disant que sur le grand chemin, il y
avait tel et continuel branle de chars et de cavaliers qu’il serait difficile à
ces guillaumes de nous attaquer sans que nous soyons secourus, sans compter les
périls qu’une troupe aussi aguerrie que la nôtre pourrait faire courir à la
leur, laquelle, à ce que nous avions pu voir, n’avait même pas sur nous la
supériorité du nombre.
    Là-dessus, Mister Mundane, qui avait
ouï nos discours, véhémentement intervint et me pria et supplia de la façon la
plus pressante (encore que toujours

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