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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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voix
forte :
    — Bonnes gens, je suis officier
du Roi, comme vous l’avez vu à la vesprée aux livrées de mes gardes. Et au nom
du Roi je vous ordonne et commande de vous retirer chacun en sa chacunière et
de vous refourrer quiètement au lit, sans présumer plus outre !
    Et comme malgré cela il y en eut
encore parmi ces guillaumes d’assez audacieux pour pousser plus avant dans leur
irrasatiable appétit à voir, je pointai vers eux mon épée et huchai à oreilles
étourdies :
    — Comedebœuf ! Je ferai un
fantôme de celui qui osera avancer !
    Cela fut assez pour disperser ces
lièvres qui s’allèrent remparer chacun en son gîte, laissant place et passage à
Miroul que je vis au fond du couloir voler à mon secours, l’épée au poing et
qui fut tant aise de me voir sain et gaillard que c’est à peine s’il battit un
cil en voyant Mundane expiré dans son sang.
    — Ha Moussu ! cria-t-il
sans pouvoir dire autre chose que « ha Moussu ! » deux ou trois
fois à la queue.
    — Miroul, dis-je le coupant,
retourne à l’écurie sur l’instant et réveille ces balourds, s’ils dorment
encore, et fais bonne garde. Et dis-moi, ajoutai-je, ayant peu de doutes sur
les auteurs de cette meurtrerie, les porcelins gautiers d’hier soir n’ont-ils
pas de longtemps sonné le boute-selle ?
    — Oui-dà !
    — Et n’eusses-tu pas dû m’en
aviser ?
    — Mais Moussu, c’est qu’ils le
firent deux heures à peine la repue achevée, et en toute paix et quiétude,
comme de bons sujets du Roi, sans piaffer ni menacer, mais avec nous trois,
bien le rebours, fort civils.
    — Ha mon Miroul, dis-je, que
n’es-tu venu, pourtant, m’en avertir ! D’ores en avant, si quelqu’un des chalands
de cette auberge se présente avant l’aube pour seller sa monture, accours céans
et me le dis !
    À quoi mon Miroul départit, la crête
basse, et fort marri d’avoir failli, et d’en être blâmé, ayant le point
d’honneur fort sensible, quoique valet.
    Son département me laissant la place
avec Giacomi, je pris la chandelle des mains du maestro et, me baissant pour
éclairer le dessous du lit, j’y vis comme bien je l’apensais, Marianne blottie,
nue, muette et apparemment quasi morte d’effroi. Je lui commandai de saillir de
son trou et s’en étant tirée, elle fit mine de pâmer, quand elle vit Mundane
inanimé : faiblesse qui pourtant allait mal avec la résolution de sa face.
Quoi voyant, je lui dis d’un ton grave et froidureux de se vêtir. Ce qu’elle
fit avec plus de calme que je n’en eusse attendu d’une garce témoin d’un tel
carnage, mais l’observant, et me donnant peine pour me défaire de la trop
grande amour que m’inspirent les garces à l’accoutumée, et de la voir comme
quelqu’un avec qui je devais croiser le fer, et non point comme la brune et
frisquette mignote qu’elle était, mince et souple comme une lame, et cependant
fort joliment contournée et rondie partout où il fallait et la face fort belle,
en outre, l’œil de jais, vif, parlant, le cheveu admirable et une bouche à ne
regarder qu’elle, dès qu’elle parlait :
    — Marianne, lui dis-je,
m’efforçant à quelque dureté, si j’étais maintenant pour te remettre au prévôt
de la ville, il est sûr que tu serais mise de prime à la question, et ensuite
pendue pour avoir été au moins connivente à cette meurtrerie, ayant été trouvée
par moi sous le lit d’un homme assassiné.
    — Connivente, Monsieur,
cria-t-elle perdant quelque couleur, mais non point ses esprits. Assurément, je
ne le suis point ! Sans cela serais-je restée dans la place au lieu de
fuir avec ces mécréants ?
    — Lesquels ont peut-être trouvé
expédient de t’abandonner, le coup fait.
    — Nenni, cria-t-elle,
nenni ! Je le jure sur mon salut, m’entende la Benoîte Vierge et le diable
me crame tout de gob, si je mens ! Je n’avais jamais vu ces méchants avant
la repue d’hier, et bien sottarde je fus d’avoir pris les cinq écus de ce
vaunéant pour paillarder avec le goddam et ouvrir le contrevent une fois qu’il
serait ensommeillé, le vilain renard m’ayant dit qu’il lui voulait seulement
jouer gausserie et chatonie, lui faisant accroire qu’il était mon mari, raison
pour quoi il tenait à table son chapeau sur le nez.
    — Et tu le crus,
coquefredouille ?
    — Le moyen de ne le point
croire, ses écus me remplissant les mains ! Encore que je fusse étonnée
assez qu’il me dît de

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