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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Miroul.
    — Monsieur, dit Mérigot,
l’envisageant de son œil sottard, je ne l’eusse fait pour si peu.
    — Pourquoi toi, dis-je, plutôt
qu’un autre ?
    — Pour ce que je sais
arquebuser, ayant été garde française. Toutefois, j’ai de prime refusé.
    — Pourquoi cela ?
    — Je suis larron. Je ne tiens
pas boutique de sang.
    — Et qu’est donc cela qui
t’aura décidé ? Le cheval ?
    — On le prêtait seulement. Une
fois hors Paris et ayant gagné Saint-Cloud, je le devais attacher à un anneau
derrière l’église de ce village dans laquelle le gautier m’eût compté les écus.
    — Ou bien plutôt un coup de
stylet pour s’assurer de ton silence.
    — Ho ! Ho ! dit
Mérigot, l’œil fort écarquillé. Cela ne se peut ! Le gautier m’a dit être
le majordome d’une grande maison, et d’ailleurs que son maître me saurait tirer
de geôle, si par malheur on m’y fourrait. Pour moi, je me suis apensé qu’il
appartenait à Guise, vu qu’il m’a dit qu’il vous fallait dépêcher, pour ce que
vous étiez à Navarre, suppôt d’enfer.
    — Ha ! dis-je. Voilà qui
est beau ! Et c’est cela qui t’aura résolu au sang ?
    J’ouvris alors de ma main senestre
mon pourpoint et lui montrant la médaille de Marie que je porte à ce jour
encore contre ma poitrine, ma mère me l’ayant donnée en son agonie, je lui
dis :
    — Mérigot, on t’a trompé. Je
suis comme toi bon catholique. Le gautier est un mien cousin avec qui je suis
en procès d’héritage et qui tâche de le gagner en me faisant occire.
    À quoi Mérigot fut béant, et à ce
que je vis, me crut comme Évangile, étant de cette espèce musculeuse qui n’a
même pas de cervelle assez pour cuire un œuf.
    — Ce gautier que tu dis, quelle
espèce de mine montre-t-il ? N’est-il pas plutôt…
    — Petit, dit Mérigot, la face
maigre, l’œil noir, une cicatrice à la lèvre du dessous.
    — C’est lui ! dis-je.
C’est mon cousin tout craché ! De reste, j’avais reconnu son cheval !
Mérigot, n’est-ce pas pitié que de cauteleux coquins poussent d’honnêtes
mauvais garçons de Seine à se faire assassins sous le prétexte et manteau de la
religion ?
    — C’est traîtrise ! dit
Mérigot en serrant les poings, lesquels étaient assurément gros assez pour
peser sur les avirons quand le vent refusait sur Seine.
    — Miroul, dis-je, cours me
chercher au logis papier et écritoire.
    — Mon gentilhomme, dit Mérigot,
qu’allez-vous faire de moi ?
    — De prime mettre noir sur
blanc ta déposition pour que tu ne sois pas tourmenté. De suite, nous
aviserons.
    Miroul revenu, je dis en oc à
Giacomi, lequel oc il avait appris en Mespech pendant son long séjour :
    — Eh bien que faisons-nous de
ce drolissou ?
    — S’il était de la maison du
Magnifique et de ses frères, dit Miroul, robant son tour de parole au maestro, il y aurait de l’agrément à le leur tuer, pour tirer d’eux quelque sang en
réparation de celui qu’ils nous ont voulu verser. Mais le maraud n’étant qu’un
mauvais garçon de rivière…
    — J’opine qu’on le devrait
remettre ès main du prévôt, dit Giacomi. Loi est loi. Sans Alizon, Pierre en la
minute que je parle, serait mort.

— J’opine le rebours, dit Miroul.
Si le Magnifique le tire des mains du prévôt, comme il a fait déjà pour
d’autres pendards, le voilà son homme à jamais, et un homme d’autant dangereux
qu’il est le plus grand sottard de la création. Non, Moussu : libre ou
mort. Voilà mon arrêt.
    — Je m’en vais y rêver, dis-je
en français. Et je commençai à écrire en ces termes la déposition de
Mérigot :
    « Moi, Mérigot Nicolas,
batelier et garçon de Seine, du côté de deçà, non marié, hantant communément le
quai au Foin, déclare, testifie et sur mon salut jure comme vrais, sincères et
véritables les faits ci-après…»
    Suivit le récit de son soudoiement,
et attentement contre moi, et la description du gautier soudoyeur (mais sans
référence aucune à mon supposé cousinage) déposition que je terminai ainsi.
    « À la suite de laquelle
susdite confession, le chevalier de Siorac, reconnaissant qu’on m’avait mené à
cette entreprise par fallace et tromperie, voulut bien me pardonner
l’attentement contre sa vie, et attendu que par bonne heure le sang n’avait pas
été versé, ne voulut pas, étant bon catholique, que le mien le soit non plus,
et me rendit à la liberté, recommandant

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