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Le Prince Que Voilà

Le Prince Que Voilà

Titel: Le Prince Que Voilà Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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nez droit et la lèvre bien dessinée. Quant
à son tétin, son torse étant si étroit et si court, on était étonné de lui en
voir tant, et si ferme, et si laiteux. Pour sa face, je m’aperçus, à la
regarder deux fois, que je n’avais pu la voir pâlir, étant si pimplochée, et
que le sentiment que j’en avais eu m’était venu de ses narines, qui aux mots de
« sorcière » et de « magie » s’étaient pincées, et
l’étaient depuis lors demeurées.
    — Madame, dis-je enfin, je ne
quiers rien d’autre qu’un entretien particulier avec le signor Venetianelli
dans ce petit cabinet que voilà. Y êtes-vous consentante ?
    — Le seigneur Venetianelli, dit
la cavalletta, en serrant les lèvres, n’est pas marmot à la
mamelle ; il jase avec qui lui plaît.
    — Signor, dis-je, êtes-vous
consentant à cet entretien ?
    — Oui, Monsieur, dit le
Venetianelli d’une voix sourde, après avoir jeté en vain un œil éperdu à la cavalletta, laquelle, la paupière baissée, mâchellait furieusement un mouchoir de dentelle.

— Madame, dis-je, je quiers de
vous de prendre place là sur cette escabelle et de n’en branler mie tout le
temps de cet entretien et sans dire mot ni miette. Montseris, dis-je en oc à
celui de mes compagnons de chambre qui se trouvait de moi le plus proche,
veille à ne rien accepter de la drola, ni morcel ni vin, et ceci vaut
pour tous.
    Quoi disant je rengainai ma dague,
pris un bougeoir sur la table de chevet, l’allumai au chandelier et saisissant
le Venetianelli par le bras, le poussai dans le petit cabinet que j’ai dit,
duquel je refermai l’huis sur nous.
    — Signor, allez-vous
m’occire ? dit le Venetianelli que je vis à la faible lueur de la bougie
tremblant de la tête aux pieds.
    À quoi je ris et l’envisageai plus
curieusement que je n’avais fait jusque-là, mon œil dévorant la seule cavalletta pour ce que je n’avais jamais vu sa pareille. Et à dire le vrai, le
Venetianelli n’avait de soi rien d’étrange, étant un très joli petit signor
dont seule la petitesse était émerveillable, ayant une bonne tête de moins que
la cavalletta et de sa complexion mol et peureux, alors qu’elle était si
vaillante et altière.
    — Signor, dis-je, mon état
n’est pas d’occire, mais de protéger le Roi et ses loyaux sujets des
assassinements, voire même des maléfiques et distantes meurtreries par poupées
envoûtées et autres damnables pratiques. Serais-je pour vous arrêter sur
l’heure, ainsi que la cavalletta, même le cardinal de Guise ne saurait
vous sauver du fagot.
    — Mais je ne suis pas
connivent ! dit le Venetianelli, les lèvres tremblantes et la sueur lui
coulant sur les joues.
    — Qui vous croira ? dis-je
en l’envisageant œil à œil, et qui ne me croira pas, si j’asserte qu’étant le
mari de la cavalletta, vous ne pouvez qu’être partie à ses
sorcelleries ?
    À quoi Venetianelli s’accoisa et
comme je m’accoisai aussi sans rien en mon visage qui sentît la menace, son œil
se désapeura peu à peu et commença à luire d’une certaine italienne finesse,
encore que douteuse et trémulente.
    — Monsieur, dit-il, sa bouche
étant si rêche que je pouvais voir à la lueur de la bougie la salive quasiment
sécher en filaments d’une lèvre à l’autre. Y a-t-il un moyen par où je pourrais
rhabiller ces infortunées apparences ?
    — Il y en un, signor. J’écoute
quand et quand des récits oraux d’un guillaume qui, étant un familier des
Lorrains, assiste à leurs repues, oyant ce qui s’y dit, ce guillaume étant de
vous insoupçonnable et déconnu. Un second conte de votre bouche confié à mon
oreille, étant étranger au premier, mais se peut le corroborant, me serait
précieux.
    — Précieux comment,
signor ? dit Venetianelli, reprenant vent et haleine et la mine infiniment
soulagée.
    — Précieux assez pour que je
laisse s’ensommeiller une poupée dans son berceau.
    — Ha, Monsieur ! Cela ne
contentera pas la cavalletta, dit Venetianelli, elle voudra ravoir son
bien et le détruire.
    — Signor, dis-je avec un
sourire, je ne suis pas homme à peiner la signora, laquelle pourra giocare
con sua bambola [81] dès que mon maître sera départi de Blois, et vos contes m’ayant, comme je
crois, satisfait. Signor, allons-nous accommoder ?
    — Chi tace acconsente [82] , dit Venetianelli. Dites-moi où vous
encontrer et ma bouche y sera, sans que ma conscience le sache, n’aimant

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