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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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force d’avoir entendu parler portugais, Hazembat comprenait mieux son patois galicien.  
    Elle regardait Nat curieusement, comme si elle essayait de retrouver un souvenir. Hazembat comprit qu’elle s’inquiétait de Jantet.  
    — Il est en France, dit-il. Il s’est marié.  
    Une rapide lueur de tristesse passa dans les yeux délavés, puis elle mit sa main devant sa bouche, comme prise de peur.  
    —  Francia ! Vos franceses, dit-elle et elle fit signe de couper la gorge.  
    — Non, dit Hazembat, nous sommes américains, tu comprends ? américains !  
    —  Americanos, si !  
    —  Où sont les Anglais ? Elle fit de grands gestes.  
    —  Ingleses, Franceses, guérilleros… vâo, vêm… rou-bam, matam…  
    Hazembat se tourna vers Nat.  
    — Elle dit qu’il passe des Anglais, des Français, des guérilleros espagnols et qu’ils font des ravages. Je lui ai dit que nous étions américains.  
    Avec un léger sourire, Nat haussa les sourcils.  
    — Je suis très honoré de t’avoir pour compatriote. Nous partagerons la même corde de chanvre si la Navy nous met la main dessus. La disparition de la Jenny ne tardera pas à être signalée à la flotte. Demande-lui s’il vient des navires anglais. C’est le danger que nous avons a redouter par-dessus tout.  
    A la question, Irma répondit négativement.  
    — Si elle peut nous abriter, dit Hazembat, nous pourrons reprendre la mer demain soir. Avec un bon vent, il ne nous faudra pas plus de quarante-huit heures pour atteindre la côte française.  
    Irma accepta d’enthousiasme. La présence des deux hommes semblait la rassurer plutôt que l’inquiéter. A la nuit tombante, le garçon vint partager la feijada devant l’Atre. C’était le seul enfant survivant d’Irma. Il s’appelait Manœl, comme son père, et faisait déjà la pêche pour son compte.  
    Peu à peu, dans l’intarissable flot de paroles d’Irma, Hazembat recueillait quelques informations. Il n’y avait pratiquement plus d’hommes au village. Ils avaient été enrôlés par la Junta dans l’armée royale de Galice ou avaient suivi Don Mi guel qui commandait une bande de guérilleros dans les montagnes du Léon. Irma parlait de lui avec une sorte de terreur, comme d’un chef cruel et sanguinaire.  
    La nuit fut calme. Aidés du jeune Manœl, Hazembat et Nat profitèrent de l’obscurité pour avitailler la Jenny en eau. Sur le conseil de Manœl, ils ramenèrent leurs sacs à terre par crainte des voleurs.  
    Hazembat dormait encore sur la litière de varech quand Nat le réveilla.  
    — Viens voir. Je crois que nous avons de la visite. Dans l’aube naissante, le village était silencieux et calme, mais sur les pentes avoisinantes s’élevaient une dizaine de petites fumées bleues. Elles se joignaient pour former une nappe légère qui stagnait au-dessus de la baie. La première idée qui vint aux deux hommes fut une réaction de marins.  
    — Calme plat, dit Hazembat. Pas question de lever l’ancre.  
    Nat observait les fumées.  
    — Des feux de bivouac. Ils ont dû arriver pendant la nuit.  
    — Ce sont sans doute des soldats. Si c’étaient des guérilleros, ils n’auraient pas campé hors du village.  
    Comme pour confirmer la remarque, un clairon retentit et des formes confuses s’agitèrent près des feux. Irma s’était levée et regardait du pas de la porte.  
    —  Estes sâo o Ejercito Real de Galicia, dit-elle. Menos mal.  
    Dans la lumière grandissante, on distinguait maintenant des uniformes qui avaient dû être blancs, mais qui se confondaient maintenant avec le gris-brun de la roche.  
    — Ce sont des troupes régulières espagnoles, dit Hazembat. Il y aura peut-être moyen de discuter avec eux.  
    Les deux soldats qui se présentèrent un quart d’heure plus tard avaient plus l’air de brigands que de militaires. Seules, leurs guêtres maculées, leurs culottes pisseuses et la croix de Saint-Jacques rouge cousue sur ce qui restait de leurs vestes d’uniforme les identifiaient comme des membres de l’armée de Galice. D’un geste qui trahissait une longue habitude, Irma alla sur le pas de la porte leur donner quelques poignées de haricots et un chou vert. Ils protestèrent en patois galicien contre la modicité de la contribution. Poussant Irma de côté, ils pénétrèrent dans la maison. C’est alors qu’ils découvrirent Hazembat et son compagnon.  
    —  Quienes sois ? demanda le plus

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