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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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t’aller.  
    C’était une tenue de marin. Hazembat l’enfila rapidement avant de quitter la boutique et de se diriger vers la mairie. La première personne qu’il vit fut Jude en grande conversation avec un petit bonhomme à la moustache noire, portant une ceinture tricolore.  
    L’ancien électeur du Tiers-Etat était devenu un personnage imposant. Ses cheveux noirs avaient blanchi et, sur son gilet avantageux, il portait une chaîne en or. Sa voix de basse-taille avait toujours la même rondeur autoritaire. Il considéra Hazembat sous des sourcils broussailleux.  
    — Je te connais, mon garçon, dit-il.  
    — Je suis le fils Hazembat.  
    — Je pensais que tu avais été tué à la guerre !  
    — J’ai été fait prisonnier à Trafalgar.  
    — Tu es arrivé avec les Anglais ?  
    — Juste avant eux. Ils sont arrivés ?  
    — Ils sont en train de s’installer dans les vignes et sur le port. Il y a sept mille hommes. Nous discutions avec Georges Amé, l’adjoint au maire, des billets de logement pour leurs officiers. Leur général, le duc de Heresford, s’installera chez moi. Il faut trouver de la place chez l’habitant pour quatre colonels, et des maisons convenables.  
    — Chez Maître Lafargue ? suggéra Amé.  
    — C’est un jacobin ! Pourquoi pas chez François Labat qui est bonapartiste à tous crins ? Non, monsieur le maire, ces gens-là sont trop compromis… Mais, dis-moi, Hazembat, où loges-tu ? A la Maison du Port ?  
    — Non, je pense loger chez Dubernet.  
    — La maison est grande ! On y mettra un colonel et un autre à la Maison du Port. Avertis-les.  
    En quittant les deux hommes, Hazembat fit le tour par la place Maubec où les troupes défilaient. Il y avait encore peu de monde pour les regarder, mais on entendait quelques acclamations.  
    Le régiment qui passait au moment où il arriva n’était pas anglais, mais portugais. Les gens s’étonnaient en voyant les petits hommes trapus au teint basané et au poil sombre.  
    —  Mes ne pareishen pas ingleses aquestes ! Ne son pas blondins corne los autes !  
    Traînés par des attelages de mules, deux canons roulèrent à grand bruit en direction de la Garonne. Hazembat les suivit. Une compagnie prenait position sur le port des Chais. La marée était basse et les graviers découverts. Quelques soldats anglais s’avancèrent sur le banc où, en 1789, avait échoué l’assaut des Macariens saisis par la Grande Peur. Aussitôt, en face, des soldats français s’avancèrent aussi sur les graviers et commencèrent à couvrir les Anglais d’injures. Les gens s’attroupaient malgré les efforts des soldats pour les maintenir à distance. Un coup de feu partit du côté anglais et alla ricocher dans le courant, à mi-rivière. Quelques instants plus tard, les Français ripostèrent et une balle miaula aux oreilles d’Hazembat. Prudemment, il se replia vers les entrepôts où déjà arrivaient des attelages de mules menés par des goujats portugais. Il remarqua aussi un certain nombre de civils qui, passant par l’ancien verger des Capucins, commençaient à faire main basse sur les denrées accumulées.  
    Il passa à la Maison du Port faire la commission de Jude, puis il retourna rue Saint-Gervais. Des soldats anglais étaient déjà là, transportant des caisses dans la maison.  
    — Il paraît que nous allons loger un colonel, lui dit Janote.  
    — Je sais, Jude me l’a dit.  
    Quand le colonel arriva, avant même qu’il fût descendu de cheval, Hazembat eut la surprise de reconnaître Sir John Dalrymple. Il s’avança vers lui. L’officier le considéra un instant, les sourcils levés.  
    — Ainsi, tu as réussi à t’évader, sailor ? Hew en a fait une maladie quand tu as emmené la Jenny. Sais-tu que tu as été recherché comme pirate par la Navy ? Mais rassure-toi, maintenant que tu es rentré chez toi, les lois de la guerre te protègent.  
    Le soir, le colonel invita Hazembat à sa table et insista pour que Pouriquète, en tant que maîtresse de maison, s’assît avec eux. Janote refusa, occupée qu’elle était à la cuisine. Le repas fut succulent.  
    — Depuis cet après-midi, dit Janote, on retrouve de tout. Les gens avaient caché leurs provisions et les négociants ouvrent leurs réserves. Il y a même du sucre !  
    Regardant Pouriquète, le colonel Dalrymple leva son verre de barsac mordoré.  
    — Si c’est elle la bonne amie que tu avais

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