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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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démontée où flambaient deux navires.  
    — Vous êtes un héros, ici, mon fils, dit Don Miguel.  
    — Pourtant, quand j’ai traversé le village, personne ne m’a adressé la parole. C’est la même chose au Ferrol et c’était la même chose à Corcubion. J’ai l’impression qu’on n’aime pas les Français.  
    — Ne soyez pas surpris, mon fils, que notre peuple catholique nourrisse quelques préventions envers une nation hérétique qui a assassiné le Roi Très Chrétien.  
    — Mais il en était déjà ainsi quand je suis venu il y a six ans !  
    Un mince sourire tordit la bouche du curé.  
    — C’est peut-être votre Bonaparte qui inquiète, mon fils. Nos paysans galiciens ne sont guère instruits de politique, grâce au ciel ! mais ils ont trop de vénération pour sa Majesté Catholique, le roi Charles   IV, pour ne pas regretter l’influence qu’a auprès de lui son favori Manuel de Godoy, duc d’Alcudia, qui n’est qu’un chenapan corrompu à la solde de Bonaparte.  
    Hazembat ne retourna pas à Cedeira, bien que Jantet y fît de fréquentes visites, partant tôt et rentrant le lendemain. Sans doute avait-il trouvé auprès d’Irma, privée d’homme, une consolation à ses chagrins solitaires. Hazembat ne lui posa pas de questions. Ces amours fugaces étaient le lot des marins. Il espérait seulement que Jantet ne souffrirait pas trop lorsqu’il faudrait partir, comme lui-même avait souffert en quittant Belle.  
    Un matin de février, il rencontra un des Basques avec lesquels, jadis, il avait fait la route de Saint-Jacques-de-Compostelle à Bilbao. Il demanda des nouvelles de Navarrot, son ancien camarade de navigation sur la Garonne. Il eut du mal à retrouver son nom basque.  
    — Inaki ? répondit l’autre. Il est sur l’ Algésiras en rade de Cadix. Tu n’as guère de chances de le rencontrer, car nos navires ne mettent pas souvent le nez dehors.  
    — Pourtant, vous n’êtes pas en guerre contre les Anglais ?  
    — Ça ne tardera pas, mais je ne sais pas si nous serons capables de nous battre. Les Anglais sont les plus forts. Ton Bonaparte n’arrivera pas à traverser la Manche.  
    Le 8 mars, une escadre française força l’entrée du Ferrol après une courte bataille avec les Anglais. Hazembat alla aussitôt aux nouvelles. Les navires avaient souffert de la tempête plus encore que du combat. On débarquait des blessés et des malades. Au passage, Hazembat arrêta un matelot.  
    — D’où venez-vous ?  
    — De Saint-Domingue.  
    — Comment est-ce, là-bas ?  
    — C’est l’enfer. Rochambeau s’est rendu aux Anglais. Nous avons échappé de justesse.  
    Le soir, Hazembat rapporta ces propos à Pigache. L’enseigne avait parlé avec des officiers de l’escadre.  
    — En ce qui concerne Rochambeau, dit-il, c’est malheureusement exact, mais ce n’est qu’un revers passager. De grandes choses se préparent. Latouche-Tréville a gagné Toulon d’où il commandera les opérations le moment venu. L’amiral Bedout qui commande l’escadre va réparer et avitailler au Ferrol. Quant à nous, nous allons nous embarquer sur la frégate Pomone et gagner la Manche où se concentre une formidable armée d’invasion.  
    L’embarquement eut lieu trois jours plus tard. Il ne restait plus de l’équipage de la Bayonnaise qu’une trentaine d’hommes, les autres ayant été embarqués sur différents navires de l’escadre pour combler les vides.  
    L’équipage de la Pomone n’étant pas lui-même à effectif complet, il y eut de l’emploi pour tout le monde. Hazembat fut envoyé à la timonerie.  
    Il connaissait bien la route que suivait la frégate, serrant la côte au plus près. C’est ainsi que, le quatrième jour, il aperçut au loin le cap Machichaco et se demanda si Don Gorka vivait toujours dans son ermitage, tout en haut de la falaise.  
    Au large d’Oléron, ils furent repérés et poursuivis par une frégate anglaise embusquée à la pointe de Chassiron, mais la frégate française de surveillance déboucha du pertuis d’Antioche et, devant deux adversaires, l’Anglais préféra prendre le large.  
    Devant Brest, la Pomone fut prise à parti par un vaisseau de ligne et dut fuir le long de la côte d’Ouessant, utilisant la tactique jadis employée par le Hotspur contre l’ Argonaute. Cela consistait à quasiment se frotter contre les récifs pour empêcher l’ennemi de passer par tribord jusqu’à

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