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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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C’était une coque d’assez grande taille tirée au sec et couchée sur le flanc. De loin, elle rappelait un peu les couraus de la Garonne, en été, quand on réparait les bordages et qu’on calfatait.  
    Le cotre mouilla à une demi-encablure de la grève. La barque de pêche accosta presque aussitôt. Sir John, Mrs Kerr et Lorna furent du premier voyage, Hazembat et Duncan du second avec les bagages.  
    Duncan présenta les deux hommes qui souquaient sur les avirons :  
    — Angus et Robert Murdoch, les terreurs du hareng et de la sardine !  
    Les deux frères se ressemblaient. Ils avaient entre vingt et vingt-cinq ans. Angus paraissait être l’aîné. Ses cheveux étaient plus roux et plus drus que ceux de son frère.  
    Au moment où Hazembat mettait le pied sur les galets, une fillette accourut sur le sentier en pente, retroussant sa robe longue sur des jambes minces, et se jeta dans les bras de Sir John.  
    —  Uncle John ! tu nous as bien manqué !  
    Le vieil homme lui planta un baiser sur chaque joue.  
    — C’est toi qui m’as manqué, Jenny. J’espère que tu as été sage. Comment est le jardin ?  
    — Il est prêt pour le printemps, oncle John. J’ai aidé Williams à tailler les rosiers et à repiquer les anémones.  
    — Et les études ? Peut-être ferais-je mieux de demander à Miss Rowan ?  
    Il se tourna vers une jeune femme brune qui était arrivée à la suite de Jenny. Elle portait une robe sévère de taffetas gris pâle et ses cheveux étaient tirés en deux bandeaux de part et d’autre d’un visage agréable.  
    — Bienvenue à Bass Rock, Sir John, dit-elle en faisant la révérence. Jenny est une bonne élève, mais elle néglige un peu son français.  
    — Eh bien ! répondit Sir John, elle aura l’occasion de s’exercer. Hazembat, qui est ici, est un marin français.  
    Jenny tourna vivement la tête vers Hazembat, puis courut jusque devant lui et lui fit une révérence comique.  
    — Bondjour, mongsur !  
    — Bonjour, mademoiselle, répondit Hazembat en français.  
    — Comment vous… appelez, mongsur ?  
    — Bernard Hazembat, pour vous servir, mademoiselle.  
    — Hazembat ? I’ ll call you Hazy ! Oncle John, Miss Rowan, nous l’appellerons Hazy, n’est-ce pas ?  
    Hazembat s’aperçut alors qu’elle devait être plus âgée qu’il ne pensait, probablement treize ans. Menue, mais bien campée, le regard droit et brillant, c’était déjà une petite bonne femme. Soudain, avec un coup au cœur, il se rendit compte qu’elle lui rappelait Pouriquète jeune. Elle ne lui ressemblait pourtant pas : ses cheveux étaient d’or pâle et ses yeux pervenche. Mais elle avait la même grâce impertinente, la même vitalité délicate que Pouriquète lorsqu’il l’avait quittée la première fois, lors de son embarquement sur la Belle de Lormont, quatorze ans plus tôt.  
    Suivi de sa maisonnée, Sir John prit le chemin de la résidence. Elle était aménagée dans les ruines de l’ancienne forteresse, du côté sud-est, protégée des vents d’ouest par un repli de terrain. Ce n’était pas très vaste, mais clair et confortable. Du côté le plus ensoleillé s’étendait un petit jardin d’agrément et un potager de bonne taille. La cuisine, où Mrs Kerr s’installa immédiatement, était voûtée et devait avoir servi autrefois de dépôt de matériel. Elle séparait le quartier des maîtres des communs où Hazembat se vit attribuer une cellule dont la fenêtre s’ouvrait sur la mer libre. Lorna vint apporter des draps et des couvertures pour son lit. Il en profita pour lui dérober un nouveau baiser, mais elle s’échappa aussitôt avec une mimique effrayée, faisant comprendre que Duncan n’était pas loin. Il arriva en effet, portant une chaise et un coffre qu’il déposa dans un coin.  
    — C’est pour les vêtements que je te ferai passer plus tard. En attendant, tu peux aller jeter un coup d’œil sur ta coque de noix.  
    Hazembat ne se le fit pas dire deux fois. Il traversa la cuisine en trombe, franchit le jardin en courant et dévala le sentier menant à la grève. Les frères Murdoch semblaient l’attendre.  
    Ensemble, ils allèrent jusqu’au yacht. C’était une sorte de brigantin en miniature. De poupe en proue, il devait faire une cinquantaine de pieds. A l’estime, Hazembat jugea que la jauge devait être de cent cinquante à deux cents tonneaux. Il y avait deux mâts, pour le

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