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Le Prisonnier de Trafalgar

Le Prisonnier de Trafalgar

Titel: Le Prisonnier de Trafalgar Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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qu’on appelait Lorna. Hazembat comprit vite que c’était la bonne amie de Duncan.  
    L’accueil à la cuisine fut cordial. Seul, Duncan se montrait réservé. Sans doute voyait-il en Hazembat un rival possible. Percevant sa jalousie, ce dernier s’appliqua à afficher envers Lorna une courtoisie presque distante. Ce n’était guère dans son tempérament, mais il dut assez bien réussir à donner le change, car Duncan s’adoucit au bout de quelques heures et se révéla aussi accueillant que les autres. En Ecosse, il n’existait manifestement pas, comme en Angleterre, de préjugé contre les Froggies. Au contraire, sa qualité de Français semblait lui valoir un supplément de sympathie auprès des hommes et de prestige auprès des femmes. Il eut même la satisfaction, dans la soirée, de dérober un baiser à Lorna. Il sentit qu’il ne lui aurait pas fallu beaucoup insister pour que les choses aillent plus loin, mais il jugea mal avisé de s’engager si tôt dans une aventure qui pourrait lui faire un ennemi mortel.  
    Le lendemain, il descendit avec Malcolm au port de Leith pour arranger le passage de Sir John jusqu’au Rock. A ce qu’il comprit, la traversée durait trois heures par bon vent et la marée étant favorable, plus de cinq dans le cas contraire. Il ne lui fallut qu’un coup d’œil pour se rendre compte que les conditions seraient bonnes. Une jolie brise de sud-ouest semblait vouloir se maintenir et la pointe de marée serait vers huit heures le lendemain matin.  
    — Puisque l’île est si près de la côte, pourquoi ne traverse-t-on pas en face ? demanda-t-il.  
    — On le fait quelquefois. Il y a une petite barque de pêche à Bass Rock, mais Sir John a horreur des voyages en voiture et la route de North Berwick à Edimbourg est très mauvaise.  
    Malcolm le conduisit dans le port encombré jusqu’à un petit cotre gréé d’une brigantine et d’un tapecul. Le patron était un homme maigre et taciturne, coiffé d’un bonnet rouge et vert surmonté d’un pompon. Hazembat ne saisit pas grand-chose de sa conversation avec Malcolm, car elle se déroula en un dialecte où il ne reconnaissait que de rares mots ressemblant à de l’anglais. Mais il comprit tout de même que le patron de la barque avait un chargement urgent à transporter de l’autre côté du Firth et que le détour par Bass Rock lui ferait perdre un temps précieux. L’argument était visiblement destiné à faire monter les enchères et il y eut encore une longue et âpre discussion sur le prix du voyage.  
    — Le vieux Mac Tavish est un skipper de première, mon, dit Malcolm sur le chemin du retour, mais, si bon marin qu’il soit, c’est le plus fieffé grippe-sous d’ici à Inverness. Depuis vingt ans qu’il transporte régulièrement Sir John à Bass Rock, il faut chaque fois que je marchande jusqu’au dernier farthing.  
    — Pourquoi n’utilise-t-on pas le yacht qui est dans l’île ?  
    — J’espère bien qu’on l’utilisera, maintenant que tu es là, mon ! Il est trop gros et trop compliqué pour être manœuvré par les frères Murdoch qui sont de simples pêcheurs. Pour les bras, ça va, mais, depuis que le vieux Macpherson est mort, il n’y a plus personne pour commander la manœuvre.  
    — C’est un gros bateau ?  
    — Je crois qu’on appelle ça un skaffie. Il y a de la place à bord !  
    — Il est plus gros que le bateau de Mac Tavish ? Malcolm réfléchit.  
    — Oh, il a bien dix pieds de plus, peut-être douze.  
    — Et les mâts, il en a combien ?  
    — Deux, je crois.  
    — Et les voiles ?…  
    —  Hark ye, mon, je vois qu’il te tarde de connaître ce bateau. Tu as la folie des gens de mer. Mais il faudra que tu attendes à demain, car, bien que j’aie été marin, je n’y connais plus grand-chose. Tout ce que je sais, c’est que Sir Hew l’a fait baptiser la Jenny. Auparavant, il s’appelait le Bruce.  
    Hazembat réprima son impatience, mais le seul fait d’avoir approché l’eau salée sur le port de Leith avait éveillé en lui un violent désir de la mer. A part les rapides traversées du port de Portsmouth, cela faisait près de deux ans maintenant qu’il n’avait pas senti sous ses pieds le bercement des vagues, ni sur son visage la caresse du vent.  
    Il fut le premier levé le lendemain matin et il avala en se brûlant l’assiettée de porridge que lui servit Mrs Kerr. La consistance rappelait un peu la bouillie

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