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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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demander sur le ton de la panique.
    — Elle m’a rien confié, docteur Bruno. J’me sers juste
des yeux que Dieu m’a donnés, pas comme la plupart des autres ici. Je l’ai vue
retrouver quelqu’un à la bibliothèque samedi soir, quand tout le monde était à
la disputation. Enfin, je l’ai vue monter et un homme a suivi juste après.
    — Qui, à la fin ? » m’écriai-je, exaspéré.
    Cobbett rumina un moment sur la question.
    « Il portait une capuche. Ça pourrait être n’importe
qui. C’qui est sûr, c’est que j’l’ai pas vu passer devant la loge, donc il
était déjà dans le collège. »
    Je pris l’arête de mon nez entre le pouce et l’index et
réfléchis pour faire coïncider cette nouvelle information avec les autres.
Ainsi, Sophia faisait partie de ceux que Ned avait surpris dans la
bibliothèque. Mais qui venait-elle rencontrer alors que le collège était
pratiquement désert ?
    « Son père le sait-il ? demandai-je à Cobbett.
    — Vous plaisantez ? Il remarquerait à peine si
elle accouchait juste devant lui, et m’dame Underhill n’vaut guère mieux. Si
vous voulez mon avis, ils peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Y se comportent
tous les deux comme si le monde s’était écroulé depuis que John est mort. On
croirait qu’sa sœur compte pas. Remarquez, j’me demandais combien de temps
encore elle espérait cacher ça au reste du monde. C’est peut-être c’qui l’a
poussée à s’enfuir aujourd’hui.
    — Je ne savais pas que vous aviez dix enfants, Cobbett,
dis-je en m’arrêtant à la porte et en considérant le vieil homme avec un regain
d’estime.
    — Ben, c’est plus le cas, dit-il avec philosophie. Dieu
a cru bon d’rappeler la plupart. Il m’reste deux filles, une mariée à un
fermier sur la route d’Abingdon, l’autre est lavandière.
    — Je suis désolé, dis-je inutilement.
    — Pas b’soin d’être désolé, c’est la vie. Et puis c’est
bien le moment de jacasser ! Tiens, d’ailleurs, ça m’fait penser… J’ai
quelque chose pour vous. »
    Il ouvrit l’un des tiroirs de son comptoir et fouilla un
moment avant d’en sortir une lettre qu’il me tendit.
    Intrigué, je la tournai entre mes mains. Mon nom avait été
tracé d’une écriture élégante, que je ne connaissais pas. Je m’empressai de
l’ouvrir. Elle était rédigée en un italien parfait.
    « Il me l’a déposée ce matin, dit Cobbett, et avec tout
l’chambard à propos du pauvre docteur Coverdale et maintenant, j’ai
complètement oublié d’vous l’apporter. Je m’excuse. »
    Mon espoir retomba dès que je survolai les premières lignes.
Dans un style maniéré, son auteur me demandait de le recommander auprès de
l’ambassadeur français auquel il proposait ses services pour apprendre les
langues étrangères à ses enfants. Il souhaitait se marier bientôt et ses
maigres gages à l’université ne lui permettaient pas de prendre une épouse. Au
bas de la lettre, je ne vis que des initiales si pleines de boucles et
d’ornements qu’elles auraient pu vouloir dire n’importe quoi.
    « C’est de maître Florio ? demandai-je avec un
soupir.
    — Sûr. L’a oublié de signer ? »
    C’était donc la lettre qu’il avait furtivement mentionnée.
Florio n’avait rien à voir avec le mystérieux correspondant qui m’avait jeté
sur la piste de La Roue de Catherine. Une autre impasse, et je n’étais
pas plus avancé quant à l’identité de celui qui était au courant avant nous
tous du rapport des assassinats avec Foxe.
    « Qu’il aille au diable ! » marmonnai-je en
écrasant la lettre dans mon poing.
    Je ne savais même plus si je maudissais Florio pour son
innocence ou le messager anonyme pour le mystère dont il s’entourait.
    « Cobbett, puis-je vous demander un service ?
    — Dans la mesure d’mes moyens, messire.
    — Je dois sortir du collège tard ce soir. J’ai… une
course à faire. Seriez-vous assez aimable pour laisser le portail ouvert,
disons à onze heures et demie ? »
    Cobbett plissa le front, catastrophé.
    « J’aimerais vous aider, messire, mais le recteur m’a
donné des instructions très strictes. Avec ces morts, le portail doit rester
fermé et personne a le droit ni d’entrer ni de sortir quand il fait nuit. J’ai
pas envie d’enfreindre les règles. Si j’néglige mon devoir et qu’il y a une
autre attaque, j’risque mon poste.
    — Je comprends, le rassurai-je. Peut-être, dans ce

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