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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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cas,
pourrais-je frapper à votre porte. Vous m’ouvririez le portail et refermeriez derrière
moi. »
    Il hésitait.
    « Eh ben, ça pourrait s’faire, messire. Et il faudrait
que j’reste éveillé jusqu’à votre retour ?
    — Je ne sais pas combien de temps ça prendra, mais je
pourrais me signaler à votre fenêtre en revenant.
    — On peut essayer ça si vous y tenez, dit-il avec un
manque de conviction évident. Mais vous devez m’jurer que personne à Lincoln le
saura, ou ce sera terminé pour moi.
    — Je vous le jure. Je disparaîtrai comme un voleur dans
la nuit. »
    Après l’avoir remercié, je ressortis dans la cour surplombée
par les nuages grisâtres. Toutes ces révélations m’avaient donné mal à la tête.

 
CHAPITRE 16
    Un froid glacial régnait dans la cour lorsque je parvins au
bas de l’escalier, vingt minutes avant minuit. Cependant, les gros nuages ayant
amené le déluge infernal avaient fini par se disperser et les pavés
scintillaient au clair de lune. J’avais accueilli cette pâle lueur avec
reconnaissance car elle m’avait permis, tout en arpentant ma chambre dans un
état de nervosité que j’avais rarement connu, de surveiller l’horloge depuis ma
fenêtre. Mais maintenant que j’essayais de quitter le collège en catimini, je
redoutais la lumière. Je progressai le long des bâtiments sud, puis ouest, en
essayant de rester à l’ombre et en priant pour que Cobbett soit réveillé. À
deux reprises, des bruits me firent sursauter et je me plaquai contre le mur,
mais il s’agissait seulement d’un renard ou d’une chouette faisant son manège à
l’extérieur, et je repris ma marche, le sang battant à mes tempes. Toutes les
fenêtres donnant sur la cour étaient éteintes, hormis une flamme vacillant au
dernier étage des appartements du recteur. Si Sophia n’était toujours pas
revenue, me dis-je, rien d’étonnant à ce que le pauvre homme ne parvienne pas à
trouver le sommeil. En passant devant le bâtiment ouest, je me demandai si
Gabriel Norris et Thomas Allen étaient rentrés. Aucun d’eux n’était présent au
souper et il me semblait étrange qu’ils aient tous deux disparu après la
découverte du cadavre de Ned. William Bernard manquait lui aussi à l’appel, un
fait d’autant plus remarquable qu’aucun de ses collègues ne l’avait évoqué à
table, malgré de fréquents coups d’œil à sa place inoccupée.
    Parvenu à l’entrée, je toquai doucement à la petite fenêtre
de Cobbett. J’étais ravi de voir une chandelle briller à l’intérieur et, à ma
grande surprise, la porte s’ouvrit presque immédiatement. Après avoir posé un
doigt crasseux sur sa bouche, le vieux gardien alla avec une lenteur
désespérante jusqu’au portail, une lanterne à la main, tout en surveillant
constamment la cour déserte par-dessus son épaule. Le portail s’ouvrit avec un
craquement qui ne ressemblait à rien sinon au bruit d’un vieux tronc d’arbre
penchant sous la tempête, et nous restâmes tous deux immobiles le temps de
vérifier qu’il n’y avait personne dans les bâtiments derrière nous.
    Cobbett me fit signe de garder la lanterne.
    « Tapez à la fenêtre de la rue quand vous revenez, me
rappela-t-il à voix basse. Vous faites pas d’bile, j’vous entendrai. Et
attention à vous dans les rues, messire. Soyez sur vos gardes. »
    Pour une fois, son visage était grave. J’acquiesçai donc
avec une égale solennité avant de franchir le portail et de m’engager dans le
bourbier de St Mildred Lane. Les gonds gémirent bruyamment tandis que Cobbett
refermait derrière moi, puis j’entendis tourner la clé avec une angoisse
croissante.
    Je venais de dépasser l’enceinte de Jesus College et
arrivais au croisement de St Mildred Lane et Sommer Lane lorsque je fis
volte-face, la main sur le manche du couteau, certain d’avoir distinctement
entendu des bruits de pas dans une flaque quelque part derrière moi. Je levai
la lanterne en fouillant l’obscurité du regard, mais la portée limitée du halo
lumineux rendait les ténèbres encore plus impénétrables. Je faillis crier à
quiconque se trouvait là de se montrer, néanmoins je me ravisai au dernier
moment en songeant qu’il valait mieux ne pas attirer l’attention sur moi.
    Je marchai d’un pas lourd par les rues boueuses en direction
de la porte nord de la ville, m’arrangeant pour rester le plus souvent dans les
recoins sombres, à l’abri des remparts sur ma

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