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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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d’entre eux ?
    — Pas que je sache, geignit Underhill en s’autorisant
un coup d’œil au cadavre étendu par terre. Il n’avait pas de famille et c’était
un élève très appliqué. Je n’arrive pas à comprendre qui pouvait lui vouloir du
mal.
    — Je crois que Ned a vu ou entendu quelque chose,
dis-je d’un air sombre. Avez-vous prévenu les constables ou l’officier de garde
de la disparition de Sophia ?
    — Non. Il ne fait pas encore nuit, j’espérais qu’elle
reviendrait avant le souper, ou au moins avant la tombée du jour. Ma femme
s’est alitée. Évidemment, elle est convaincue que Sophia est morte ou qu’elle
agonise quelque part. Elle n’est pas encore au courant pour Ned. J’essaie de
garder les idées claires, mais ce n’est pas chose facile. »
    Il inspira profondément, comme pour démontrer la lutte qu’il
menait contre ses émotions.
    « Si elle n’est pas revenue demain matin, je ferai tout
ce qui est en mon pouvoir pour vous aider à la retrouver », promis-je
solennellement.
    Le recteur allait me répondre mais je levai la main pour
l’en empêcher. J’avais entendu un léger bruit de l’autre côté de la porte, sur
le palier. Ce n’était peut-être qu’un chevron qui craquait mais j’étais si
tendu que je l’interprétai comme un bruit de pas. Nous attendîmes quelques
instants en retenant notre souffle, mais on n’entendit plus que le
vrombissement frénétique d’un insecte contre une vitre.
    « Je dois descendre au réfectoire annoncer cette
dernière tragédie à tout le monde », déclara Underhill.
    Il récupéra le livre d’heures qui se trouvait toujours entre
mes mains et le rangea dans son pourpoint. Puis il me fit sortir et se pencha
pour fermer la chapelle à clé.
    « Je crois que nous n’avons pas le choix, il faut faire
venir les constables puisque l’assassin est parmi nous. Mais si l’on vous
interroge, docteur Bruno, ajouta-t-il dans un souffle, il serait sans doute
plus prudent de garder Foxe entre nous. »
    Je hochai la tête et le regardai descendre l’escalier, les
épaules voûtées, ployant sous un poids dont je suspectais qu’il ne se libérait
jamais.
     
    Tournant le dos à la porte grande ouverte de sa loge,
Cobbett était occupé à ranger les clés dans le petit placard fixé au mur. Une
forte odeur de vomissure régnait encore dans la pièce. Il regarda par-dessus
son épaule en m’entendant entrer.
    « Un autre mort, à c’qu’on dit, grommela-t-il. Et dans
la chapelle, cette fois. On m’a commandé d’fermer les portails à clé
maint’nant. C’était un bon gars, ce Ned, dur à la tâche. Qui f’rait une chose
pareille ? J’commence à m’demander si c’est pas l’œuvre du Diable, en fin
de compte.
    — Sophia Underhill, dis-je en fermant la porte.
L’avez-vous vue quitter le collège ce matin, Cobbett ?
    — Oui, répondit-il en se remettant à sa besogne. Elle a
profité du remue-ménage pour s’échapper, juste après que maître Sythurst est
revenu de la tour. Quand sa mère est arrivée quelques minutes plus tard, j’lui
ai dit que M lle  Sophia était partie d’vant.
    — Et depuis, vous ne l’avez pas vue repasser ?
    — Non. Elle est pas revenue ?
    — Elle est absente depuis le début de la journée. Vous
a-t-elle dit où elle allait ?
    — Non. Mais elle a pas dû aller loin.
    — Bien sûr, à cause du temps.
    — Non, à cause de sa condition. »
    Il se laissa pesamment tomber dans son fauteuil derrière le
comptoir en appuyant ses propos d’un regard lourd de sens. J’avais l’impression
que le temps avait ralenti, que peut-être même il s’était gelé.
    « Quelle condition ? Est-elle malade ? »
    Ma naïveté l’amusait.
    « Allons, docteur Bruno, vous n’avez pas été cloîtré si
longtemps.
    — Vous voulez dire qu’elle… Non. »
    Je secouai la tête. Ce n’était sans doute qu’une rumeur
malveillante colportée par les domestiques.
    « Ma femme en a eu dix, messire. Vous croyez pas que
j’sais reconnaître les signes ? Un bon trois mois déjà, j’dirais, la
pauvre fille. »
    La tête me tournait devant la portée de cette révélation. Si
Sophia était effectivement enceinte, la peur qu’elle m’avait avouée prenait une
dimension insoupçonnée. Mais alors, qui craignait-elle ? Son père ou le
père de son enfant ? D’où venait le danger ?
    « Mais qui ? Vous a-t-elle confié de qui est
l’enfant ? m’entendis-je

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