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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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ne
comprenez pas ? Je ne pouvais rien faire tant que je n’avais pas d’autre
place, où que ce soit. Et peut-être ne connaissez-vous pas les lois de notre
pays. Aider de quelque manière que ce soit un jésuite est un crime passible de
la peine de mort. Lui servir de domestique, accepter son argent, le couvrir,
tout cela revient à l’aider. Et si la justice ne m’avait pas tué, c’est Jenkes
qui l’aurait fait en premier au cas où j’aurais trahi Gabriel. Gabriel… Ah !
Il a même pris le nom d’un archange. N’est-ce pas d’une incroyable
prétention ?
    — Le visage d’un ange… marmonnai-je en me rappelant les
paroles de Humphrey Pritchard. Mais si quelqu’un d’autre le dénonçait, on ne
pouvait pas vous impliquer. Tout ce que vous aviez à faire, c’était d’indiquer
la bonne piste, avec vos citations et vos symboles. »
    Je ruminai ces révélations un instant. Thomas me dévisageait
d’un regard vide et faisait grincer ses dents sans s’en rendre compte.
    « Et ce pauvre Ned ? Lui aussi avait trahi votre
père ?
    — Ned ? s’exclama Sophia, qui jusque-là avait
écouté la confession de Thomas avec une expression de plus en plus horrifiée.
Le petit Ned Lacy, le clerc ? Il l’a tué ? »
    Je confirmai avec morosité sans quitter Thomas des yeux.
Sophia enfouit son visage dans ses mains.
    « Il m’a vu avec Sophia à la bibliothèque quand tout le
monde était à la disputation, juste avant que j’aille voir Coverdale dans la
salle forte, dit Thomas en haussant les épaules. J’essayais de la convaincre de
ne pas fuir avec Jerome. »
    Il fronça les sourcils et se massa les tempes avec
nervosité.
    « Ensuite je vous ai vu lui donner de l’argent et je ne
savais plus quoi faire. S’il n’était pas revenu si tôt, il ne serait pas mort.
C’est de sa faute.
    — Et vous n’avez pas pu résister à le transformer en
martyr, lui aussi ? » m’indignai-je.
    Ma répulsion croissait face à sa froideur.
    « C’était une façon de châtier le recteur, expliqua
Thomas avec un sourire. Ne disiez-vous pas sans cesse, Sophia, que votre père
aimait davantage le livre de Foxe que sa propre famille ? Je me suis juré
de lui faire haïr ce livre. Pour vous. Tout ça, c’était pour vous. Un jour,
vous le comprendrez.
    — Assez ! s’écria Sophia d’une voix tremblante.
Assez de bavardage, tous autant que vous êtes. Il fait presque jour et ils
doivent déjà avoir lancé les gardes à ma recherche. Nous devons partir, Jerome,
dit-elle en tirant son amant par la manche. Ce qui est fait est fait, et cela
n’aura servi à rien si nous ne nous échappons pas tant que nous le
pouvons. »
    Thomas revint soudain à la vie. On aurait dit qu’un brasier
venait de s’allumer sous lui.
    « Je ne te laisserai pas courir à ta propre mort,
Sophia. Tu crois qu’il va t’emmener en France, en sécurité ? Il a donné
cinq ans de sa vie et le plus gros de son héritage à sa mission, et il
abandonnerait tout pour toi ? Non, il a soif de la gloire des martyrs,
comme les autres. Un accident en pleine mer, voilà ce qu’il a prévu pour
toi !
    — Tu as l’esprit malade, Thomas… » dit Jerome en
faisant un pas en avant, une main tendue en signe d’apaisement.
    Thomas se détourna d’un bond.
    « Je ne le laisserai pas faire ! menaça le jeune
homme d’une voix étranglée, et si tu ne tiens pas compte de mon
avertissement… »
    Il n’acheva pas sa phrase. D’un seul mouvement, il sortit le
rasoir caché sous sa cape et attaqua Jerome. Je pris le couteau de Humphrey à
ma ceinture mais le jésuite était bien entraîné ; je n’avais pas encore
fait le moindre geste qu’il avait mis Sophia derrière lui et paré le coup de
Thomas. Celui-ci perdit l’équilibre un instant, sans lâcher le rasoir, mais
Jerome en profita pour se pencher et attraper un couteau dissimulé sur le côté
de sa botte. Ils se firent face, tournant l’un autour de l’autre, tandis que
Sophia étouffait un cri et que je les regardais en cherchant un moyen d’intervenir.
Mais je n’en eus pas l’occasion car à cet instant la porte s’ouvrit et Barton
entra en trombe dans la pièce en brandissant son tisonnier. Thomas fit
volte-face à une vitesse stupéfiante et lacéra d’un geste le bras de son
assaillant, avant même que celui-ci ait pu le toucher. Barton hurla, lâcha son
arme et agrippa son bras blessé tandis que Thomas, fou de rage, se ruait sur
lui et lui

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