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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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intervention, la femme pointa le menton et insista :
    — Six pennies !
    Attirée par l’altercation, Marsali se pencha sur la bouche ouverte de l’enfant. Puis elle informa la mère :
    — Vous ne lui trouverez pas un mari pour moins de dix livres avec une bouche pareille ! Un homme aurait peur d’être mordu en l’embrassant. Ian a raison. En fait, vous devriez payer le double pour le service qu’on vous rend.
    — En entrant, vous étiez bien d’accord pour payer, non ? renchérit Ian. Deux pennies pour lui extraire une dent. Et ma tante, par compassion pour la petite, vous fait une offre.
    — Vampires ! s’exclama la femme. C’est bien vrai ce qu’on dit à propos des Ecossais, vous récupéreriez les pièces sur les yeux d’un mort !
    De toute évidence, l’affaire n’était pas près de se régler. Je sentais Ian et Marsali se préparer pour une bonne séance de marchandage. Je repris le miroir des mains de Ian. Je n’en aurais pas besoin pour les canines et, le temps que j’en arrive à l’autre molaire, mon neveu serait peut-être de nouveau disponible.
    En fait, les canines furent un jeu d’enfant. C’étaient des dents de lait, pratiquement sans racines et prêtes à tomber. J’aurais sans doute pu les extraire avec mes doigts. Une simple torsion et elles sortirent, la gencive saignant à peine. Satisfaite, je tamponnai les trous avec un linge imbibé de whisky puis me concentrai sur la molaire bicuspide.
    En renversant la tête de l’enfant en arrière, j’y verrais assez clair pour pouvoir me passer du miroir. Je pris la main de Ian, tellement engagé dans la conversation qu’il le remarqua à peine, et la posai sur le front de la patiente pour qu’il la tienne fermement, puis j’introduisis méticuleusement ma pince dans sa bouche.
    Une ombre traversa mon champ de vision, disparut avant de revenir, l’obscurcissant totalement. Agacée, je me retournai et découvris un élégant gentleman regardant derrière la vitre, l’air intéressé.
    Je lui fis signe de se pousser. Il cligna des yeux puis comprit et s’écarta avec un petit signe d’excuse. Sans attendre d’être interrompue à nouveau, je m’accroupis, saisis la dent, effectuai une torsion puis tirai, la libérant du premier coup.
    Tout en fredonnant, je versai un peu de whisky sur le trou et pressai un morceau de coton sur la gencive pour drainer l’abcès. Je sentis soudain le petit cou se relâcher et me figeai.
    Ian le sentit aussi. Il s’interrompit au milieu d’une phrase et m’adressa un regard surpris.
    — Détache-la, lui ordonnai-je. Vite.
    Il la libéra en deux secondes. Je la soulevai par les aisselles et l’allongeai sur le sol, sa tête ballottant comme celle d’une poupée de chiffon. Sans prêter attention aux exclamations paniquées de sa mère et de Marsali, j’étirai son cou, essuyai sa bouche et, pinçant son nez entre deux doigts, collai mes lèvres contre les siennes et tentai de la ranimer.
    C’était comme de souffler dans un ballon de baudruche neuf : un blocage, une résistance puis, enfin, sa poitrine se souleva. Hélas, les cages thoraciques ne sont pas du caoutchouc ; elle n’était pas ranimée pour autant.
    Je posai les doigts sur sa gorge, cherchant la carotide. Là… En étais-je sûre ?… Oui ! Son cœur battait toujours, quoique faiblement.
    Expiration, pause, expiration, pause… Je sentis le léger courant d’une exhalation puis le petit torse se souleva et s’affaissa. J’attendis, un bourdonnement assourdissant dans mes oreilles, mais il cessa de bouger. Expiration, pause, expiration…
    Il bougea à nouveau et, cette fois, continua de se soulever et de s’affaisser de lui-même. Je me redressai sur mes talons, le souffle court et le front couvert de sueur froide.
    La mère de la fillette me dévisageait, bouche bée, ce qui me permit de remarquer que sa dentition n’était pas si mauvaise. Dieu seul savait à quoi ressemblait son mari.
    Son regard allait et venait de sa fille à moi.
    — Elle est… elle est… demanda-t-elle.
    — Elle va bien.
    Je me relevai lentement, légèrement étourdie.
    — Elle ne doit pas bouger avant que le whisky ait fini de faire ses effets. Tout devrait bien se passer mais il se pourrait qu’elle cesse de respirer à nouveau. Quelqu’un devra veiller sur elle jusqu’à ce qu’elle reprenne conscience… Marsali ?
    — Oui, je vais la coucher dans le lit d’une des filles. Ah, te voilà, Joanie… Viens m’aider à surveiller

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