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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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vous, j’ai le droit de savoir si elles courent un danger.
    — Ce sont des filles. Elles sont nées dans le danger et il les accompagnera toute leur vie, quelles que soient leurs conditions.
    Les phalanges de ses doigts, crispés sur la bourse, étaient blanches. Ian était légèrement impressionné par sa franchise,d’autant qu’elle semblait avoir vraiment besoin de cet argent. En dépit de l’amertume de la dame, cette petite joute ne lui déplaisait pas.
    — Vous pensez peut-être que la vie est moins dangereuse pour un homme ? Qu’est-il arrivé à votre souteneur ?
    Elle pâlit d’un coup et des étincelles brillèrent au fond de ses yeux. Elle répondit dans un murmure féroce :
    — C’était mon frère. Les Fils de la liberté l’ont enduit de goudron et de plumes et l’ont laissé mourir sur le pas de ma porte. A présent, monsieur, avez-vous d’autres questions concernant notre affaire ou en avons-nous terminé ?
    Avant qu’il ait trouvé quoi répondre, une porte s’ouvrit et une jeune femme entra. Il ressentit un choc viscéral en l’apercevant et sa vision devint floue. Puis la pièce se stabilisa autour de lui et il parvint à inspirer à nouveau.
    Ce n’était pas Emily. La jeune femme, dont le regard intrigué passait de lui aux deux sauvageonnes drapées dans les rideaux, était métisse, petite et gracieuse, avec des longs cheveux de jais lui tombant librement dans le dos, comme Emily. Elle avait ses larges pommettes et son petit menton délicat et rond mais ce n’était pas Emily.
    Dieu soit loué, pensa-t-il. Parallèlement, il ressentit un grand vide. En la voyant, il avait eu l’impression qu’un boulet de canon lui avait traversé le ventre, laissant un grand trou en son milieu.
    Mme Sylvie donna quelques instructions à la jeune Indienne dont les sourcils noirs se haussèrent un instant. Puis elle sourit aux fillettes et les invita à la suivre dans la cuisine pour leur donner à manger.
    Les filles se dépêtrèrent rapidement des rideaux. Le petit déjeuner était déjà loin et il n’avait rien eu d’autre à leur donner qu’un peu de drammach et de la viande d’ours séchée aussi dure que de la semelle.
    Elles suivirent la jeune fille vers la porte sans broncher. Sur le seuil, Hermione se retourna, remonta ses culottes trop grandes, le dévisagea férocement et pointa un long doigt osseux vers lui d’un air accusateur.
    — Si jamais qu’on devient un jour des putains, espèce de salaud, je te retrouverai, je te couperai les couilles et je te les enfoncerai dans le cul.
    Il prit congé le plus dignement possible. Et les éclats de rire de Mme Sylvie le poursuivirent jusque dans la rue.

18
    L’arracheuse de dents
    New Bern, colonie de Caroline du Nord, avril 1777
    Je détestais arracher des dents. C’était horriblement difficile. Même dans le meilleur des cas – une personne robuste avec une grande bouche et un tempérament placide, dont la dent gâtée se trouvait sur le devant et logée dans la mâchoire supérieure (donc plus facile d’accès et avec une racine moins profonde) –, l’intervention restait compliquée, glissante et délicate. Outre l’aspect parfaitement déplaisant de la tâche, son issue probable me laissait inévitablement un sentiment de déprime.
    Au-delà de la douleur provoquée par un abcès dentaire, celui-ci risquait de propager des bactéries dans le sang, provoquant une septicémie, voire la mort. Il fallait donc intervenir mais extraire une dent sans pouvoir la remplacer revenait à altérer non seulement l’aspect du patient mais également la fonction et la structure de sa bouche. L’absence d’une dent faisait se déplacer les autres, modifiant la denture et rendant la mastication plus laborieuse. Cela pouvait affecter la nutrition du patient, sa santé générale et ses perspectives d’une vie longue et heureuse.
    Je changeai à nouveau de position afin de mieux voir la dent qui me préoccupait tout en me disant, avec une pointe de cynisme, que l’extraction de plusieurs dents n’endommagerait pas outre mesure la dentition de la malheureuse fillette que j’étais en train de soigner.
    Elle n’avait guère plus de huit ou neuf ans, avec une bouche étroite et les mâchoires prognathes. Ses canines de lait n’étaient pas tombées à temps et les dents définitives avaient poussé par-derrière, lui donnant l’allure sinistre d’un roquet affublé d’une double rangée de crocs. Cette situation était encore

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