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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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la vitrine, je vis Joanie enlever les livres présentés sur l’étal devant la boutique et Félicité hisser Henri-Christian sur cette scène improvisée. Avec un sourire rayonnant, il ouvrit grands ses petits bras puissants, salua la foule d’une courbette d’un côté et de l’autre. Puis il se pencha en avant, posa ses mains sur l’étal et, avec une grâce étonnante, souleva les pieds et fit le poirier.
    Je n’attendis pas de voir le reste du spectacle – il s’agissait principalement de pas de danse et de bonds ponctués de sauts périlleux et autres figures acrobatiques, le tout rendu charmant par sa petite stature et sa personnalité enjouée. Il avait momentanément attiré la foule à l’écart de la vitrine, ce qui était le but du jeu.
    Je me remis au travail. Grâce à la lumière vacillante du petit miroir, je voyais mieux ce que je faisais et je parvins à agripper la dent presque du premier coup. Là commençait la vraie difficulté. Elle était fêlée et pouvait fort bien se casser quand je tenterais de la tordre. Le cas échéant…
    Tout se passa bien. Il y eut un petit crac ! étouffé lorsque la racine se sépara du maxillaire puis la petite dent blanche suivit sans résister, intacte.
    La mère de la fillette, qui avait observé attentivement l’opération, eut un soupir de soulagement et se détendit légèrement. L’enfant aussi, s’enfonçant dans le fauteuil. Je vérifiai à nouveau son état. Son pouls était normal quoique sa respiration me paraisse un peu trop superficielle. Elle allait probablement dormir encore pendant…
    Il me vint une idée et je me tournai vers sa mère, déclarant avec hésitation :
    — Vous savez, je pourrais en profiter pour lui en extraire une ou deux sans lui faire mal. Regardez…
    Je m’écartai, lui fis signe de se pencher sur la bouche ouverte et lui indiquai les canines de lait.
    — Il faudrait les lui enlever tout de suite afin que celles de derrière puissent pousser normalement. Et vous voyez ces dents de devant… J’ai déjà extrait la molaire bicuspide de gauche ; si j’enlève celle de droite, les autres dents se déplaceront peut-être, comblant le vide. En outre, si vous parvenez à la persuader de pousser avec sa langue contre ses dents de devant, chaque fois qu’elle y pense…
    Ce n’était pas de l’orthodontie et présentait quelques risques d’infection mais j’étais très tentée. La pauvre petite ressemblait à une chauve-souris cannibale.
    — Hmmm… fit la mère.
    Elle examina la bouche ouverte de sa fille puis demanda :
    — Vous me donnez combien pour les autres ?
    — Combien… Quoi, vous voulez que je vous paye ?
    — Ce sont de bonnes dents saines. Il y a un arracheur de dents près du port qui m’en donnera un shilling la pièce. Et Glory aura besoin d’argent pour sa dot.
    — Sa dot ? répétai-je, interloquée.
    — Personne ne va épouser cette pauvre chose pour sa beauté, rétorqua sa mère.
    Je devais admettre qu’elle n’avait pas tort. En faisant abstraction de sa déplorable dentition, le moins qu’on pouvait dire de la pauvre enfant était qu’elle était dénuée de grâce.
    — Marsali ? appelai-je. Tu n’aurais pas quatre shillings ?
    L’or cousu dans la doublure alourdissait ma jupe mais je pouvais difficilement y avoir recours dans la situation présente.
    Marsali se détourna de la vitrine d’où elle surveillait Henri-Christian et les filles.
    — Non, je n’ai pas de monnaie.
    — J’en ai, moi, tante Claire.
    Ian posa le miroir et extirpa une poignée de pièces de son sporran , avant de fixer la mère d’un regard sévère.
    — Jamais vous n’obtiendrez plus de trois pennies par dent saine. Celles d’un enfant valent probablement moins d’un penny !
    La femme le toisa.
    — Ah ! Vous avez beau être tatoué comme un sauvage, on reconnaît bien là un Ecossais ! Six pennies la dent, espèce de pingre !
    Ian lui sourit, lui montrant ses propres dents qui, bien que n’étant pas toutes droites, étaient en parfait état.
    — Emmenez donc la petite au port et laissez ce boucher la massacrer. D’ici là, elle sera sans doute réveillée et criera comme un goret. Trois pennies.
    — Ian ! le réprimandai-je.
    — Je ne vais pas la laisser vous embobiner, ma tante ! Non seulement elle ne veut pas débourser un sou pour que vous arrachiez les dents de sa fille mais voilà maintenant qu’elle voudrait qu’on la paye pour l’honneur qu’elle nous fait !
    Enhardie par mon

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