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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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votre bru… Donc, le M. Fraser propriétaire de cette boutique est le fils de votre époux ?
    — Oui, répondis-je machinalement.
    Intérieurement, je me morigénai : Ne sois pas idiote ! C’est un patronyme courant. Il n’a probablement rien à voir avec ta famille. Et pourtant… ce lien anglo-français… Je savais que la famille de mon père était venue de France au cours du XVIII e siècle mais j’ignorais tout des détails. Je l’observai avec fascination, cherchant un trait familier, une vague ressemblance avec le peu dont je me souvenais de mes parents, de l’un de mes oncles.
    Il avait comme moi la peau pâle mais c’était le cas de la plupart des membres des classes supérieures, chacun prenant grand soin de ne pas exposer son visage au soleil. Ses yeux étaient beaucoup plus sombres que les miens ; très beaux et d’une forme différente, plus ronds. Ses sourcils… Oncle Lamb avait-il eu les mêmes, fournis près de la racine du nez et s’étirant en une arche gracieuse ?
    Absorbée par mes pensées, je n’entendis pas ce qu’il me disait.
    — Je vous demande pardon ?
    Il indiqua la porte par laquelle les enfants avaient disparu.
    — Ce petit garçon, je l’ai entendu crier « Hop là ». C’est ce que disent les artistes de rue français. Sa famille a-t-elle quelques liens avec la France ?
    Une alarme retentit dans ma tête, quoiqu’un peu tard. Je m’efforçai d’adopter une expression poliment curieuse.
    — Non. Il a dû l’entendre dans la rue. Une petite troupe d’acrobates français a traversé les Carolines l’année dernière.
    — Ah, voici sans doute qui explique cela.
    Il se pencha en avant, le regard concentré.
    — Et vous-même, vous les avez vus ?
    — Non, mon mari et moi… n’habitons pas ici.
    J’avais été sur le point de lui révéler où nous vivions mais j’ignorais ce qu’il savait sur l’histoire de Fergus. Il se redressa sur son siège et pinça les lèvres, l’air déçu.
    — Dommage. J’ai pensé que le monsieur que je recherche appartenait peut-être à cette troupe. De toute manière, même si vous les aviez vus, vous ne connaîtriez sans doute pas leurs noms.
    — Vous cherchez quelqu’un ? Un Français ?
    Je pris mon bol de dents arrachées et entrepris de les trier avec une nonchalance feinte.
    — Un certain M. Claudel. Il est né à Paris… dans un bordel.
    Il ajouta ce dernier détail en semblant s’excuser d’utiliser un terme aussi indélicat en ma présence.
    — Il aurait la quarantaine aujourd’hui. Quarante et un ou quarante-deux ans.
    Je tendis l’oreille, guettant les pas de Marsali dans l’escalier.
    — Paris, répétai-je. Qu’est-ce qui vous fait penser qu’il se trouve en Caroline du Nord ?
    — A vrai dire, rien n’est moins sûr. Je sais qu’il y a environ trente ans, il a été sorti du bordel par un Ecossais qui m’a été décrit comme possédant un physique frappant, très grand avec des cheveux d’un roux flamboyant. Le reste n’est plus que conjectures…
    Il esquissa un sourire ironique.
    — Selon les sources, ce Fraser était un marchand de vins et spiritueux, un jacobite, un loyaliste, un traître, un espion, un aristocrate, un agriculteur, un importateur… ou un contrebandier, les deux termes étant interchangeables… avec des relations allant du couvent à la cour royale.
    C’était un portrait très exact de Jamie mais je comprenais qu’il ne l’ait pas beaucoup aidé à le retrouver. D’un autre côté… Beauchamp était arrivé jusqu’ici.
    — J’ai bien découvert un marchand de vins s’appelant Michael Murray qui, quand je lui ai décrit Fraser, m’a dit qu’il ressemblait fortement à son oncle, James Fraser. Ce dernier avait émigré en Amérique dix ans plus tôt.
    Les yeux sombres me dévisageaient à présent avec gravité.
    — Toutefois, quand je l’ai interrogé sur cet enfant, Claudel, M. Murray m’a répondu qu’il ne savait strictement rien à ce sujet. En des termes assez véhéments.
    — Vraiment ?
    Je saisis une grosse molaire fortement cariée et l’examinai de près. Bon sang ! Je ne connaissais Michael que de nom. C’était l’un des grands frères de Ian. Il était né après mon départ et, à mon retour à Lallybroch, était déjà parti en France apprendre le métier de marchand de vins auprès de Jared Fraser, un cousin âgé et sans enfants de Jamie. Michael, qui avait grandi à Lallybroch avec Fergus, connaissait son vrai nom. Apparemment, il

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