Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
j’apercevais le couloir. Il semblait avoir été envahi par une délégation de femmes ; je ne voyais qu’une mer de bonnets blancs flottant dans la pénombre tel un banc de méduses.
    L’un des bonnets se souleva brièvement.
    — Monsieur Fraser ? Je… je m’appelle Abigail Bell. Mes filles…
    Elle se tourna et je distinguai deux visages pâles et tendus.
    — Lillian et Miriam.
    Les deux autres bonnets (elles n’étaient que trois, finalement) s’inclinèrent chacun à son tour.
    — Puis-je vous parler un instant ?
    Jamie s’effaça pour les laisser entrer et m’adressa un regard perplexe tandis qu’il refermait la porte derrière lui.
    — Mon épouse, me présenta-t-il.
    Je me levai et échangeai quelques courtoisies. La chambre ne contenant qu’un lit et un tabouret, nous restâmes debout, échangeant des saluts et des sourires gênés.
    Mme Bell était petite et corpulente mais avait dû être un jour aussi jolie que ses filles. Ses joues autrefois rondes s’étaient affaissées comme si elle avait perdu du poids brusquement et ses traits étaient creusés par le souci. Ses filles paraissaient inquiètes elles aussi ; l’une d’elles tordait un coin de son tablier et l’autre lançait des regards à Jamie par en dessous comme si elle craignait une réaction violente de sa part.
    — Je vous demande pardon, monsieur, de m’imposer de cette manière si cavalière.
    Les lèvres de Mme Bell tremblaient. Elle dut s’interrompre un instant avant de pouvoir reprendre :
    — J’ai… j’ai entendu dire que vous cherchiez un navire en partance pour l’Ecosse.
    Jamie acquiesça, méfiant. Il se demandait visiblement comment cette femme avait appris la nouvelle. Il avait prédit que tout le monde en ville serait au courant au bout de deux jours. Il ne s’était pas trompé. Il demanda :
    — Vous connaissez quelqu’un qui envisage de faire le voyage ?
    — Non, pas exactement. C’est… en fait… Il s’agit de mon mari.
    Sa voix se brisa et elle plaqua une main sur sa bouche. Une de ses filles la prit doucement par le bras et la tira à l’écart ; puis elle se redressa et fit face au redoutable M. Fraser.
    — Mon père se trouve en Ecosse, monsieur. Ma mère souhaiterait que vous le retrouviez et l’aidiez à rentrer chez nous.
    — Ah, fit Jamie. Et votre père est… ?
    — Oh, pardon ! M. Richard Bell, de Wilmington.
    Elle esquissa une révérence.
    — Il est… il était…
    — Il est ! rectifia sa sœur avec insistance.
    La première lui jeta un regard torve puis reprit :
    — Mon père était marchand à Wilmington. Il possédait des affaires dans de nombreux secteurs et, à travers celles-ci… il était en contact avec divers officiers britanniques qui s’adressaient à lui pour leur approvisionnement. Mais il ne s’agissait que de transactions purement commerciales !
    Mme Bell, qui avait repris contenance, vint se placer au côté de sa fille.
    — Hélas, en des temps aussi troublés, le commerce se mêle à la politique. Ils ont dit… les ennemis de mon mari… ils ont dit qu’il était loyaliste.
    — Parce qu’il l’était !
    La seconde fille, aussi blonde que sa sœur était brune, ne tremblait pas. Elle toisa Jamie, le menton haut et le regard brillant.
    — Mon père était fidèle à son roi ! Personnellement, je ne vois rien là qui mérite des excuses ! Et je ne pense pas qu’il soit honnête de prétendre le contraire uniquement pour s’attirer les bonnes grâces d’un homme qui a violé tous les serments que…
    — Oh, Miriam ! s’exclama sa sœur, exaspérée. Tu ne pouvais donc pas te taire rien qu’un instant ? Tu as tout gâché !
    — Absolument pas, rétorqua Miriam. De toute façon, ça n’aurait jamais marché ! Pourquoi un homme tel que lui…
    — Si, ça aurait marché ! M. Forbes a dit…
    — Oh, qu’il aille au diable, ton M. Forbes. Qu’est-ce qu’il en sait, d’abord ?
    Mme Bell se mit à gémir doucement dans son tablier.
    Jamie leva les mains pour les faire taire.
    — Pourquoi votre père est-il allé en Ecosse ?
    Prise par surprise, Miriam Bell lui répondit malgré elle :
    — Il n’est pas parti en Ecosse de son plein gré. Il a été enlevé dans la rue et jeté sur le pont d’un navire en partance pour Southampton.
    Tout en me faufilant à travers la forêt de jupons en direction de la porte, je demandai :
    — Enlevé par qui ? Et pourquoi ?
    Je sortis la tête dans le couloir et fis signe au garçon qui cirait des

Weitere Kostenlose Bücher