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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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disparu.
    Je hurlai à pleins poumons :
    — Jamie ! Je suis ici !
    Puis je retroussai mes jupes et courus vers l’amarre qui retenait le cotre au Teal . Lors de ma chute fort peu élégante, mes jupes s’étaient enroulées et la fente me permettant d’accéder au couteau attaché à ma cuisse restait introuvable. La vue de mes jambes nues déconcerta le timonier qui s’était tourné à mon cri. Il ouvrit la bouche telle une carpe hors de l’eau mais conserva suffisamment de sang-froid pour ne pas lâcher la barre. Parvenue à l’amarre, j’enfonçai mon couteau dans le nœud, tentant de faire levier pour le desserrer.
    Dieu merci, Roberts et ses hommes faisaient un tel ramdam sur le Teal qu’ils couvraient les appels du timonier et des canonniers. L’un de ces derniers, après un dernier regard désespéré vers le pont du sloop, prit sa décision et se dirigea vers moi.
    Que ne donnerais-je pas pour un pistolet ! pensai-je sombrement. Mais je n’avais qu’un couteau. Je l’extirpai du nœud à moitié défait et le plongeai de toutes mes forces dans la poitrine du canonnier. Il écarquilla les yeux. Je sentis la lame frotter contre un os et se tordre dans ma main, déchirant la chair. Il poussa un cri et tomba à la renverse, manquant de peu d’emporter mon couteau avec lui.
    — Pardon, balbutiai-je.
    Je repris ma tâche, la corde à présent tachée de sang. J’entendais des bruits dans la cale. Jamie et Ian n’étaient pas armés mais dans des quartiers aussi exigus cela ne faisait sans doute pas grande différence.
    La corde céda enfin. Je libérai la dernière glène et elle retomba lourdement contre le flanc du Teal . Le courant écartaaussitôt les deux navires, le cotre, plus petit, glissant devant le sloop plus lourd. Nous n’avancions pas vite mais l’illusion d’optique fut telle que je me raccrochai au bastingage pour ne pas perdre l’équilibre.
    Le canonnier blessé s’était relevé et revenait à la charge, titubant et très en colère. Il saignait mais pas à profusion et ne semblait en rien handicapé. Je bondis de côté pour l’éviter et, lançant un regard vers l’escalier, vis avec un soulagement incommensurable Jamie en émerger.
    Il me rejoignit en trois enjambées.
    — Mon coutelas, vite !
    Je le fixai interdite un instant, puis la mémoire me revint et, après m’être tâtée, je parvins à retrouver ma poche. Je tirai sur le manche du coutelas mais il était pris dans le tissu. Jamie l’attrapa et le libéra d’un coup sec, déchirant par la même occasion la poche et la ceinture de ma jupe. Puis il tourna les talons et replongea dans les entrailles du navire, me laissant face à un canonnier blessé, son compagnon indemne qui, ayant abandonné son poste, avançait lentement vers moi, et le timonier qui hurlait comme un hystérique que quelqu’un fasse quelque chose.
    Je déglutis et serrai le manche de mon couteau.
    — Reculez ! lançai-je.
    Compte tenu de mon essoufflement, du vent et de la cacophonie ambiante, il était peu probable qu’ils m’aient entendue, bien que cela n’eût pas changé grand-chose. Je remontai mes jupes d’une main, m’accroupis et brandis le couteau devant moi d’un air déterminé, censé leur démontrer que je savais m’en servir. Ce qui était vrai.
    Des bouffées de chaleur me parcouraient et la transpiration ruisselait de mon cuir chevelu, aussitôt séchée par le vent. Cependant, la panique s’était envolée. Je me sentais calme et détachée.
    Je n’avais qu’une pensée en tête : Vous ne me toucherez pas. L’homme que j’avais blessé était sur ses gardes mais son compagnon, ne voyant en moi qu’une femme, négligea de se protéger. Il se baissa vers moi avec un mépris agacé. Je vis le couteau partir vers le haut puis décrire une courbe latérale,sa lame se couvrant de sang en entaillant toute la largeur du front de ce cuistre.
    Poussant un cri de douleur et de stupeur, il chancela, aveuglé, les deux mains pressées contre son visage.
    J’hésitai un instant, ne sachant pas trop quoi faire. Le navire dérivait, ballotté par les vagues. Je sentis l’ourlet lesté d’or de ma jupe frotter contre les planches et la remontai à nouveau d’un geste irrité.
    Puis j’aperçus un cabillot planté dans le bastingage, une manœuvre enroulée à sa base. Je m’en approchai et, coinçant mon couteau sous les lacets de mon corset, faute d’un meilleur endroit, je l’empoignai à deux mains et le

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