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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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    — Va savoir, bougonna Jamie. Nous avons décampé le plus vite possible dès que j’ai pu organiser les hommes. Ils sont peut-être à nos trousses mais, la dernière fois que j’ai regardé, je n’ai rien vu.
    Je me sentais plus ferme sur mes jambes en dépit de la douleur lancinante dans ma gorge et mes tempes. Mes coudes et mes épaules étaient contusionnés et j’avais l’impression d’avoir une barre dans le bas du dos, là où j’étais tombée contre le bastingage.
    Jamie indiqua le prisonnier d’un signe de tête.
    — Nous avons enfermé la plupart des membres d’équipage dans la cale sauf celui-ci. J’ai pensé que tu voudrais peut-être d’abord lui jeter un coup d’œil.
    Devant mon air perplexe, il précisa :
    — Médicalement parlant. Cela dit, je ne pense pas qu’il soit grièvement blessé.
    M’étant approchée du hamac, je constatai qu’il s’agissait du timonier qui avait essayé de m’étrangler. Il avait une grosse bosse sur le front et le début d’un œil au beurre noir mais, pour autant que je pouvais le voir dans la pénombre, ses pupilles n’étaient pas dilatées et – en tenant compte du chiffon enfoncé dans sa bouche – sa respiration semblait régulière. Il n’avait sans doute rien de bien méchant. C’était difficile à dire, la seule lumière provenait d’un petit carreau de verre dans le pont au-dessus de nous. Il me sembla toutefois que ce que j’avais pris pour un air assassin était en fait un regard désespéré. Je demandai poliment :
    — Vous avez besoin de faire pipi ?
    L’homme et Jamie émirent un son quasi identique sauf que dans le premier cas il s’agissait d’un gémissement d’assentiment et dans le second d’un grognement exaspéré.
    Jamie retint le bras que je tendais vers le prisonnier.
    — Pour l’amour de Dieu, Sassenach ! Je m’en occupe, monte sur le pont.
    Son ton éreinté laissait clairement entendre qu’il était à deux doigts de craquer et qu’il était préférable de ne pas discuter. Je m’éclipsai donc, grimpant lentement le petit escalier en entendant derrière moi force jurons gaéliques que je m’abstins de traduire.
    Dehors, le vent violent s’engouffra sous mes jupons et faillit m’emporter. Je m’accrochai à une manœuvre et tins bon, laissant l’air frais me nettoyer la tête jusqu’à ce que je me sente suffisamment stable pour me diriger vers la poupe. Là, je trouvai Ian, assis sur un tonneau, un pistolet chargé posé négligemment sur un genou, discutant le bout de gras avec l’homme à la barre.
    — Tante Claire ! Vous vous sentez mieux ?
    Il sauta de son tonneau pour me laisser la place.
    — Ça peut aller, répondis-je en m’asseyant.
    Je ne pensais pas m’être déchiré de ligaments dans le genou mais il flageolait un peu. J’inclinai poliment la tête vers l’homme à la barre. C’était un Noir au visage couvert de tatouages, le reste de son corps disparaissant sous la tenue crasseuse habituelle des marins.
    — Claire Fraser, me présentai-je.
    — Guinea Dick, me répondit-il avec un grand sourire dévoilant des dents limées. A vot’ service, m’dame !
    Je le regardai interloquée un instant puis glissai à Ian :
    — Je vois que Sa Majesté prend ses marins là où elle peut les trouver.
    — Vous ne croyez pas si bien dire. M. Dick ici présent a été enrôlé de force sur un navire pirate, qui l’avait volé à un négrier, qui lui-même l’avait enlevé dans un dépôt d’esclaves sur la côte guinéenne. Je ne suis pas sûr qu’il ait considéré l’hospitalité de Sa Majesté comme une amélioration de son sort mais il déclare ne voir aucune objection à nous accompagner.
    Je lui demandai dans mon gaélique approximatif :
    — Tu places ta confiance en lui ?
    Ian me jeta un regard offusqué.
    — Bien sûr que non ! Et vous m’obligeriez en évitant de vous en approcher, épouse du frère de ma mère. Il affirme ne pas manger de chair humaine mais cela ne signifie pas qu’il soit inoffensif.
    — Ah ! fis-je.
    Revenant à l’anglais, je demandai :
    — Qu’est-il arrivé à…
    Avant que j’aie pu achever ma question, un bruit sourd sur le pont derrière moi me fit sursauter. John Smith – l’homme aux cinq boucles d’oreilles – venait de sauter des gréements. Il sourit en me voyant bien que ses traits soient tirés.
    — Tout va bien jusqu’à présent, déclara-t-il à Ian.
    Il esquissa un salut militaire dans ma direction.
    — Vous allez

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