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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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en battant pavillon britannique ils ne nous tireront peut-être pas dessus mais l’accueil à terre risque d’être chaud.
    Jamie avait entrouvert un œil et examinait Smith d’un air méditatif.
    — Vous ne semblez guère apprécier les loyalistes, monsieur Smith. Autrement, rien n’aurait été plus simple que de me conseiller d’accoster à Newport, me jetant ainsi dans la gueule du loup. Je n’y aurais vu que du feu.
    Smith tripota un de ses anneaux.
    — En effet, capitaine. Cela dit, je ne suis pas séparatiste non plus. C’est juste que je n’ai pas envie d’être coulé à nouveau. Je crois que, sur ce plan-là, j’ai déjà donné.
    — Donc, New Haven ce sera, conclut Jamie.
    Malgré mon malaise, je ressentis une petite pointe d’excitation. Allais-je pour finir rencontrer Hannah Arnold ? Ou, plus troublant encore, le colonel Arnold en personne ? Il devait bien rendre visite à sa famille de temps à autre.
    Il s’ensuivit de longues discussions techniques, à grand renfort de cris échangés entre le pont et les hommes perchés dans les gréements. Jamie savait se servir d’un sextant et d’un astrolabe (il y en avait un à bord) mais ignorait comment appliquer les résultats de ses calculs à la navigation. Les hommes du Teal étaient tous plus ou moins d’accord pour manœuvrer les voiles et nous accompagner où bon nous semblerait, dans la mesure où leur seule autre option était d’être arrêtés, jugés et exécutés pour piraterie involontaire, mais aucun d’eux n’était capable de diriger un navire.
    Il nous restait la solution d’interroger les captifs dans la cale, de découvrir si l’un d’eux savait piloter un vaisseau puis de lui proposer soit de l’or soit des coups ; ou encore de faire ducabotage, ce qui était plus lent et plus dangereux car nous pouvions fort bien rencontrer des bancs de sable ou des vaisseaux de guerre britanniques. C’était également incertain du fait qu’aucun des hommes du Teal n’avait jamais vu le port de New Haven.
    N’ayant rien d’utile à apporter à cette discussion, je m’approchai du bastingage, contemplant le soleil couchant tout en me demandant quels étaient les risques de nous échouer en avançant droit devant dans la nuit.
    L’idée faisait froid dans le dos mais le vent était plus froid encore. Lors de mon départ précipité du Teal , je ne portais qu’une petite veste légère et, sans ma grosse jupe de laine, la bise marine s’infiltrait sous mes vêtements, aussi mordante qu’une lame. Cette image malheureuse me rappela le canonnier mort et, rassemblant mon courage, je lançai un regard par-dessus mon épaule vers la tache de sang. Au même instant, je perçus un mouvement près de la barre et j’ouvris la bouche pour crier. Aucun son n’en sortit mais Jamie, qui me regardait à ce moment-là, lut l’expression d’horreur sur mon visage. Il pivota sur ses talons et, sans l’ombre d’une hésitation, se jeta sur Guinea Dick qui venait de sortir un couteau de nulle part et s’apprêtait à le planter dans le dos négligemment tourné de Ian.
    Ce dernier fit volte-face en entendant le bruit et, constatant ce qui se passait, lança son pistolet entre les mains de M. Smith ahuri et plongea dans l’enchevêtrement de corps qui roulaient sous la barre abandonnée, celle-ci oscillant d’un côté et de l’autre. Ayant perdu son cap, le navire ralentit, ses voiles mollirent et il se mit à gîter de manière alarmante.
    J’avançai de deux pas sur le pont incliné et cueillis le pistolet dans les mains de M. Smith qui me regarda en clignant des yeux.
    — Ce n’est pas que je ne vous fais pas confiance, m’excusai-je. Mais je ne peux pas prendre de risques.
    Je vérifiai le pistolet ; il était armé et amorcé. C’était un miracle que le coup ne soit pas parti tout seul. Je le pointai vers la mêlée, attendant de voir qui en émergerait le premier.
    Le regard de M. Smith allait des hommes en train de se battre à moi, puis il recula lentement en levant les mains.
    — Je… euh… Si vous avez besoin de moi, je serai là-haut, dans les gréements.
    L’issue du combat était jouée d’avance mais M. Dick s’était acquitté honorablement de son devoir de marin britannique. Ian se releva lentement en pestant, pressant son avant-bras contre sa chemise. Il avait une marque rouge irrégulière près du poignet.
    — Ce sale traître m’a mordu ! s’indigna-t-il. Espèce de mécréant cannibale !
    Il

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